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Full text of "Beauvais: Sa cathédrale, ses principaux monuments"

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HAR 



VARD UNIVERSITY 




LIBRARV OF THE 

SCHOOL OF ARCHITECTURE 



FROM THE AUGtISTUS REVERS FUSO 



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BEAUVAIS 



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Goos 



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LAbbé L. PIHAN. 



BEAUVAIS 



SA CATHEDRALE 



SES PRINCIPAUX MONUMENTS 




"BE AU VAIS 
H. TRÉZEL, lib rai rc-idi leur, 19 et 71^ rue Saint-Pierre, 



1885. 



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SCHÔOï, OF AHCHtlECTURE 
hAHVM^D UwiVÊRSITr 



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AVIS AU LECTEUR. 



'BEAU VAIS est une ville de ly^Sao âmes, modes- 
tement resserrée entre deux coUines^ dans la vallée 
[♦ du Tkérain^ au-dessous du confluent de cette rivière 
avec r Ave Ion j de manière à être facilement entou- 
rée par les eaux qui se ramiflent à F intérieur et 
font tourner un moulin au cœur mèjne de la cité. 
Ses anciennes fortifications ont été remplacées au 
commencement du siècle par des boulevards bordés , 
en grande partie, d'un canaL 

Le visiteur, s'il dispose de quelques moments de 
loisirs j veut-il embrasser cette ville d'un seul coup 
*i*mil? En quittant la gare, il devra longer la 
voie ferrée jusqu'au passage à niveau de la Porte 
de Paris (au sud), traverser le chemin de fer et 
la rivière, laisser le temple protestant à gauche et 
suivre pendant environ 5o mètres la rue du Fau- 



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BEAU VAIS, 



m 

i 



bourg-Saint- Jacques jusqu'à celle du Réservoir. 
L'avenue d'un jardin public invite à gravir le coteau 
jusqu'au sommet, d'où le beau panorama de Beau- 
vais se déroule sous les regards. On remarque sur- 
tout la hardiesse de cette cathédrale se dressant de 
toute sa hauteur au-dessus des maisons qui rampent 
à ses pieds. Quel effet ne devait-elle pas produire 
avant la chute (en iSjS). de sa flèche gigantesque ! 

De ce superbe point de vue le voyageur s'orientera 
facilement. En descendant y et avant de quitter le 
faubourg pour n'y pas revenir y il voudra visiter la 
gracieuse église neuve de Saint-Jacques (nous en 
parlons à la fin de cet opuscule) ^ sur la route de 
Paris, un peu au-delà de /'Ecole normale laïque 
d'instituteurs (1884). Puis il reviendra vers l'église 
Saint-Etienne, gagnera la place Jeanne-Hachette 
et arrivera enfin à la place Saint-Pierre oii sont 
réunis la Cathédrale, la Basse-Œuvre, le Palais 
de Justice, c'est^à-^dire les, monuments les plus in- 
téressants de la ville. Nous ne saurions asse\ l'ob- 
server, il est absolument impossible d'en examiner 
les détails sans le secours d'une bonne jumelle. 

On nous a demandé un petit vade-mecum qu'on 
puisse avoir à la main en traversant les rues^ en paS" 



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AU LECTEUR. 



sant au pied des édifices et spécialement en visitant 
la belle cathédrale qui sera toujours Vorgueil de 
la cité et l'une des gloires de notre art national. 

Le voici aussi restreint et aussi clair que nous 
avons pu le rédiger^ à l'aide de multiples études 
sur la localité (i). G est un cicérone s* offrant aux 
touristes pour leur causer de tout ce qui se pres- 
sente chemin faisant, Oest une courte description 
historique et archéologique des monuments reli- 
gieux et civils. Ce sera également^ nous le souhai- 
tons du moins, un de ces souvenirs de voyage que le 
visiteur étranger aime à conserver^ après l'avoir 
lui-même enrichi de nombreuses additions et de 
notes curieuses. 



U P. 



(î) Voir spécialement /*Hîatoirc de la Cathédrale de Beau- 
vais, par M. Desjardins (1865), — La description des vitraux- 
et des tapisseries de la Cathédrale, par M. le Chanoine Barraud, 
dans hs Mémoires de la Société Académique de ÎUise ( 1850 

Le précis statistique rédigé en 1851 par M, Graves, dans 
i'AtiDuaire du département de VOÏs^de 1855. 

Le Dictionnaire topo graphique de Victor Tretnblajr (iBj^sy 

//Itinéraire de la France^ par Ad. Joanne (1869). 

La Notice sur TEglise Saint-Etienne de Beauvais, par Sta- 
nislas de Saint-Germairt (1843), etc. 



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DIVISIOI^ DE L'OUVRAGE. 



Saint-Pierre (La Cathé- 
drale). 
Bassb-Œuvre. 

Palais de Justice* 
Mltsée. 

pRÉFECTtTFE. 

Grand Séminaire. 
Théâtre et Casernes. 
Crèches. 

HÔTEL-DlEtr. 



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î 



Hospice des Pauvres. 
Collège communal. 
Couvent du Sacré-Coeur. 
HÔTEL-DE- Ville. 
Place Jeanne-Hachette. 
Eglise Saint-Etienne. 
Manufacture de Tapis- 
series. 
Chapelle des Frères. 
ËOLisR Saint-Jacques. 
Maisons particulières. 



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Abside de la Cathédrale St-Piebre 



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LA CATHÉDRALE. 




E chœur de Saint-Pierre de 
Beauvâis est un monument gi- 
gantesque élevé au xin* siècle 
par des hommes remplis de cet 
enthousiasme que donne une 
foi brûlante. Sa hauteur^ plus 
considérable que celle d'aucune autre cathédrale 
de France, la hardiesse et le goût qui ont présidé 
à la disposition des parties^ la pureté et le choix 
de ses ornements Tont rendu justement célèbre, 
Partout, avant de citer la nef d'Amiens, le portail 
de Reims et les clochers de Chartres, on nomme 
le chœur de Beau val s^ et de tous les points de 



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!0 BEAUTAIS, 



l'Europe on accourt pour contempler sa majes- 
tueuse beauté; admirer sa masse colossale et en 
étudier les détails. 



HISTORIQUE DE SA CONSTRUCTION. 



ers 99 1, Hervée, quarantième évèque de Beau- 
vais, jeta les fondements d'une cathédrale dédiée 
à saint Pierre. Son successeur, Roger de Cham- 
pagne, Je premier évêque qui fut comte de Beau- 
vais, la continua. Cet édifice étant devenu la proie 
des flammes en i i8o et laiS, à deux reprises dif- 
férentes, révèque Milon de Nanteuil, avec le se- 
cours du Chapitre, dut entreprendre de rèédifier 
une autre cathédrale. L'abside et le chœur propre- 
ment dit, commencés en 1247, furent terminés le 
3 1 octobre 1 272. On prétend que le dessin du cheyet 
fut donné par Eudes de Montreuil, architecte de 
saint Louis. Malheureusement une catastrophe 
terrible suivit bientôt ce triomphe de Tart, L'écar- ( ) 
tement trop considérable et Télévation extraor- 
dinaire des piliers déterminèrent la chute d'une 
partie de la grande voûte le 29 novembre 1284, à 
Theure du couvre-feu. Le dommage fut tel que 



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CATHEDRALE. 1 I 



pendant 40 années on célébra Toffice divin dans 1 
la Basse-Œuvre. 

En 1337, révoque Jean de Marigny et son Cha- 
pitre, voulant achever le chœur de cette vaste 
basilique, choisirent comme architecte Enguer-* 
rand le Riche et agréèrent ses plans. La longueur 
totale du vaisseau est de plus de 75 pieds sur une 
largeur de 52 et une hauteur de 140; cet espace 
avait été divisé en trois travées seulement. Jamais 
pareilles proportions d'arcades et de fenêtres ne 
s'étaient vues. On commença par doubler le 
nombre des travées, en établissant au point cen- 
tral des trois premières, de chaque côté, de nou- 
veaux piliers qu'il est aisé de distinguer des piles 
primitives. A ces trois arcades, vastes et auda- 
cieuses, s'ajoutèrent trois baies étroites qui ont 
toutes les vraisemblances de la timidité. Cette pré- 
caution indispensable enleva au chœur une partie 
de la légèreté apparente résultant de son extrême 
élévation; elle détruisit la proportionnalité de 
la portée des arcB&srqiiî, pour Télégance de la 
perspective, doit décroître et décroissait, en effet, 
de bas en haut. 

Les travaux, conduits avec ardeur, furent inter- 
rompus par les guerres intestines qui désolèrent 
la France pendant plus d'un siècle et par l'occupa- 
tion des armées anglaises. La construction ne fut 



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kiffv. 



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\ 



t* BEAU VAIS. 



reprise que le 21 mai de l'an i5oo, sous l'épiscopat 
de Villiers de l'Isle-Adam. Il posa la première 
pierre des transepts en grande pompe. — Notons- 
le en passant, la cathédrale est bâtie sur terre 
ferme et ses fondations ont près de 1 1 mètres de 

profondeur* "^ ^' 

La façade septentrionale, construite en^partie 
aux frais de François !•'' et d'après les dessins de 
Martin Cambiche, de Paris, fut terminée en iSSj. 
Celle du sud, due à Tarchîtecte Michel Lalye, ne 
fut achevée qu*en 1548. Mais au lieu d'achever la 
nef, dont une seule travée était édifiée, Jean Vast, 
qui succédait à Lalye, construisit sur les piliers 
qui forment la croisée des transepts une flèche 
gigantesque. Elle s'élevait à i53 mètres au-dessus 
sol (i). Hardi jusqu'à la témérité, il put se vanter 
en mourant d'avoir surpassé le génie de Michel- 
Ange qui construisait la coupole de Saint-Pierre 
de Rome. Il voulait prouver combien le style go- 
thique est capable d'égaler et de surpasser les 
^ordres grecs et romains. A l'intérieur, la voûte 
avait été percée de telle sorte que, du pavé même 
de régUse, il était possible d'embrasser cette hau- 



(i) La plu^ haute des pyramides d'Egypte n'a que 

146 matrcs. 



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CATHEDRALE, 



teur effrayante. Cette J an terne pyramidale n'avait 
aucun rival en élévation parmi tous les monu- 
ments connus et mesurait 35 pieds de plus que la 
fameuse flèche de Strasbourg. Lorsqu'on était au 
sommet on distinguait, dît-on, les maisons de 
Paris, Si le Chapitre avait fait monter en même 
temps quelques travées de la nef, rœuvre de Jean 
Vast, contre-boutée de toutes parts, exciterait en- 
core Tadmiration universelle. Mais, comme les pi- 
liers n'étaient pas suffisamment repoussés duc6té 
delà Basse-Œuvre, à Toccident, ils se déversèrent 
et cette merveille tomba après cinq années seule- 
ment d'existence, te 3o avril i573p à sept heures 
du matin^ le jour de T Ascension, au moment où le 
clergé et les fidèles venaient de sortir pour faire 
* la procession dans la ville. 

Ce nouveau désastre ne fut totalement réparé 
qu'en iSyS, L'argent qui aurait suffi à bâtir une 
nef y passa. La flèche fut remplacée par un petit 
clocher détruit lui-même à la Révolution. L'ar- 
chitecte, Martin Candelotj mort en 1606, avait 
projeté d'achever la Cathédrale en toost misant 
une nef à cinq allées, longue de iSo pieds, de la 
terminer par une façade percée de trois portes 
flanquées de deux tours s'é levant à :î4 pieds au* 
dessus du comble et destinées à recevoir de grosses 
cloches. Son projet resta enterré dans les archives 



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l4 BEÀUVAI6. 

du Chapitre, Il consolida définitivement iadôture 
qui ferme à Touest, selon l'expression de M. Des- 
jardins, « la plaie saignante du géant blessé. » 
(Histoire de la Catkédrah^ p. 1 1 1 .) 

En i6So, Tévêque Choart de Buzenval avait fait 
construire devant le chœur un jubé orné de co- 
lonnes et de statues de marbre noir. Il n* existe 
plus. En 1757^ les chanoines changèrent la déco- 
ration de Tabside et remplacèrent un autel élevé 
sur le vœu de Louis XI, en souvenir de la guerre 
des Bourguignons, par une statue de la sainte 
Vierge, œuvre du sculpteur Adam, qu'on voit 
aujourd'hui derrière le maître-autel; ils démoli- 
rent les cloisons couvertes de bas-reliefs qui re- 
liaient les piliers entre eux et posèrent les grilles 
actuelles; enfin, ils arrachèrent douze tombes 
Id'évêques en cuivre gravé et émaillé pour faire 
placer le pavé actuel, La Révolution enleva le 
trésor de la sacristie qui était riche en ouvrages 
d*orfèvrerie, en émaux et en vêtements sacerdo- 
taux, et brùta le mobilier de Téglise. 



•^ 



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CATHEÛRA|*E. 



Extérieur. 

J^a hardiesse délicate^ Ja majestueuse beauté et 
l'effet pittoresque d'une forêt de supports, avec 
les arcs-boutaûts qui s'en élancent, n'échappe 
point aux premiers regards du visiteur. Que ne 
vient-on par un beau cUir de lune contempler ce 
colosse de pierre! Il n'y a pas de spectacle plus 
grandiose et qui remplisse l'âme de plus mys- 
térieuses émotions- Tantôt des ombres épaisse^, 
tantôt des clairs-obscurs remplissent les baies des 
parties ajourées, se détachant dans la masse qui 
prend une teinte argentée et mélancolique : au 
milieu de ces aspects fantastiques, l'œuvre en- 
tière tient du prodige. 

Huit contreforts, élevés comme d'énormes bé- 
quilles, soutiennent les piliers qui reçoivent Ja 
retombée des voûtes* Chacun d'eux supporte en- 
core la statue mutilée, hélas f de l'un des princi- 
paux patrons de BeauvaiSj formant autour du 
chevet une garde d'honneur, sous la conduite de 
baînt Lucien>De ces contreforts, des arcs-boutants 
descendent vers des supports hexagonaux, posés 
sur les chapelles mêmes, et couronnés de chapi- 
teaux. Une seconde rangée d'arcs conduit toutes 



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BEAUVAIS. 



i 



les poussées sur de forts piliers comprimés, à re- 
traits et bandeaux larges à la base, effilés au-des- 
susj oraés d'arcatures et terminés par des pinacles 
pointus comme des aiguilles, ciselés comme des 
bijoux. Ils portent au sommet des gargouilles 
nombreuses et variées. 

La hauteur du faîte du grand comble au-dessus 
du sol est de 68 mètres. Les chapelles du rond- 
point forment une sorte d'étage inférieur au- 
tour de Tabside; entre leur toit de plomb presque 
horizontal et les combles des bas-côtés s'ouvrent 
1 1 de petites fenêtres. Le toit des bas-côtés a reçu une 
\ ! double pente qui a permis d'établir au-dessous des 
W grandes fenêtres un triforium à jour. Les toitures 
V de tuiles qui en masquent une partie, disparais- 
sent peu à peu dans les restaurations commencées. 

Deux galeries placées, Tune à hauteur des combles 
des bas-côtés et Tautre autour du grand comble, 
servent à circuler dans le pourtour de l'édifice. 

La couverture du transept et du chœur est en 
tables de plomb de deux lignes et deux lignes et 
demie d'épaisseur. 
( La pierre est partout taillée de manière que les 
arêtes ne puissent se rencontrer^ ni éclater par reflfet 
de la poussée. A l'extérieur comme à l'intérieur, 
les parements sont bien conservés sans épanfrures^ 
ni aucun des accidents d'une pierre médiocre. 



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CATHÉDRALE. 



Portail Saint-Pierre, au midi (1548). 

Des deux magoifiques façades latérales qui dé- 
corent les transepts construits sous François I^^, 
celle du midi était la plus riche de détails. Si le 
tympan du porjail n'avait été privé, par Torgie 
de 93 j de cette statuaire admirable jusque dans 
ses vestigeSj on trouverait là tout ce que le xvi" 
siècle a imaginé déplus délicat et de plus gracieux; 
des nielles sous leurs dais, des pinacles, des den- 
telles, des broderies, des festons semés partout 
avec une espèce de prodigalité. Il est malheureu" 
ment impossible aujourd'hui d'en établir Ticono- 
graphie. Ce portail est exhaussé sur un perron de 
quatorze marches. Au-dessus, s'ouvre une rose 
splendide dominée par un fronton dont les côtés 
ont pour crochets des crosses et des feuillages, et 
sur lequel se voit la place des armoiries de révoque 
et du chapitre. Une statue de saint Pierre, dressée 
à l'extrémité du pignon le 24 octobre 1548, mais 
démolie â la Révolution, dominait le tout (t). 



(i) EUê devait y être replacée. M, Robinet, statuaire dis- 
tingu^Ten a fait ùl^ modèle moitié d'exécution» qui est resté 
dans riatérieur de la cathédrale , près de la chapelle des 
Morts. 



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«à 



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l8 BEAUVAIS. 



Deux contreforts d'angles, déguisés sous Tap- 
parence d'élégantes tourelles, sont enrichis, depuis 
leur base jusqu'au sommet, de niches richement 
décorées, de frises fleurdelisées, de colonnes très 
déliées de style gothique fleuri. Leur lanterne se 
termine par une magnifique couronne. Chacune 
de ces tourelles contient un escalier en spirale 
de 287 marches. 

Les deux vantaux de la porte sont très remar- 
quables; aussi en trouve-t-on un moulage au 
Trocadéro, dans le Musée des Arts, créé sous 
l'inspiration de VioUet Le Duc, pour centraliser 
les plus beaux spécimens des chefs-d'œuvre de 
toute la France. Les salamandres et autres motifs 
d'encadrement indiquent que ces sculptures fu- 
rent exécutées sous le règne et par les libéralités 
de François I«'. Le sculpteur, Jean Le Pot, a sans 
doute copié quelque projet dressé par un maître 
italien. Du côté gauche on distingue encore, 
malgré les affreuses mutilations, la scène de saint 
Pierre guérissant un boiteux à la porte du temple. 
On a imité dans le dessin de ce temple le chœur 
de la Cathédrale. A droite, on voit la Conversion 
de saint Paul terrassé sur le chemin de Damas^ au 
premier plan, et, au deuxième plan, le même 
apôtre descendu dans une corbeille pour échapper 
à la fureur des Juifs qui voulaient le tuer. (V. Actes 



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CATHEDRALE. ig 



des ApôtreSf ch. IX, v. 25, et //• Epitre aux Corin- 
thiens^ ch. XI, V. 33.) 

A l^intèrieur, on remarque sur les porter, daos 
les parties mutilées, des fleurs de lys enlevées 
à la Révolution. Les charmants panneaux du 
milieu sont restés intacts. 



Portail Saint-Paul, au nord (1527}. 



Il n'a pas la même richesse, quoiqu également 
du XVI» siècle; mais il est d'une ornementation 
correcte et d' un bon goût s ijreinarqxxable que le 
visiteur ne doit pas négliger l'examen de cette 
façade. Les deux grands contreforts qui lui ser- 
vent d'appui, sont à neuf retraits lisses et la pyra- 
mide en plus. La partie la plus saillante présente 
des angles droits. Les deux piliers ne sont pas 
identiques; celui de l'est paraît plus ancien, si 
Ton en juge d'après la corniche du quatrième 
retrait, composée de feuilles entablées en volutes^ 
qui se profile autour de Pédifice. 

Toutes les louanges sont prodiguées au portail 
du midi; pourtant rien n^offre plus d'originalité ni 
d'élégante fantaisie que la décoration de celui-ci. 

Les niches sont pourvues de dais fleuris et de 



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20 BEAUVAIS. 



j clochetons. Dans Je tympan, un arbre déploie ses 
( rameaux à l'imitation des arbrgsde Jessi^yj! devait 
(figurer la généalogie de la maison de France par 
lies écussons unis, rattachés à Tarbre au moyen d'un 
tmneau. On remarquera, non-seulement les guir- 
landes de vigne, de feuilles de chêne et d'animaux 
qui ornent les voussures, mais surtout des fleurs 
de lys, des salamandres couronnées, des F chi- 
mériques, des reines-marguerites, des dauphins 
jetés le long des piliers avec une grâce merveil- 
/ leuse : hommage rendu à munificence vraiment 
î royale de François I*'*. 

Le tympan est soutenu, au milieu, par un 
trumeau orné d'un piédestal et d'un dais de 
même style, mais vide de sa statue et de plus 
grande dimension que les auti'es. Au-dessus, 
sept ogives en arcs trilobés, dont trois en ceps 
de vigne, complètent Tornementation. 

Les portes, délicatement sculptées par Jean 
Le Pot, présentent les quatre évangélistes à 
gauche, et les quatre docteurs de l'Eglise latine 
à droite : saint Augustin, saint Grégoire le Grand, 
saint Thomas et saint Jérôme. Particularité digne 
de remarque, le piédestal de saint Grégoire le 
Grand est un peu plus élevé que les piédestaux 
des autres docteurs. L'artiste a voulu honorer la 
papauté. 



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CATHÉDRALE. tft» 



Les niches à coquilles de ces saints sont séparées 
Tune de l'autre par des montants ouvragés, au- 
dessus desquels se dressent dix charmantes figures 
des sibylles. ^ 

Le portailp surmonté d'un fronton, a pour amor- 
tissement la base d'une statue qui n'existe plus. 
Derrière on aperçoit deux galeries bouchées. Dans 
rintervalle des balustres, alternent des écussons et 
des fleurs de lys dont les deux branches latérales 
sont brisées. 

On remarquera également la belle rosace flam- 
boyante dont nous reparlerons. Au sommet, une 
statue de saint Paul dominait cette partie du 
transept, faisant pendant à celle de saint Pierre 
sur l'autre pignon* 




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22 BEAU Vais. 



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*»<♦. " 



intérieur. 



^ènétrons dans cette insigne église. Placé près 
du banc-d 'œuvre, vous êtes en face du plus beau 
chœur du monde. Un athée serait mal à Taise ici ;^;^ -^ ^ 
les pierres elles-mêmes, courbées dans l'attitude 
d'un profond recueillement, ne conspirent qu*à 
faire adorer Celui qui seul a pu inspirer une telle 
magnificence architecturale. 

La longueur totale, depuis le fond de la cha- 
pelle absidale jusqu'à la clôture occidentale, est 
de 72 mètres 5o. 

Les voûtes s'élèvent à la hauteur prodigieuse 
de 48 mètres 18. Amiens n'a que 42 mètres 95. 
Celles des bas-côtés ont aussi une très grande élé- 
vation, et laissent entre leurs formerets et les 
arcades d'entrée des chapelles rayonnantes, un 
^ petit triforium surmonté de fenêtres. Les arcades 
qui portent les grandes voûtes reposent sur des 
piliers cylindriques, contre lesquels s'appuient des 
faisceaux de grêles colonnettes. Au-dessus de ces 
arcades règne un autre beau triforium ajouré, 
d'où s'élancent d'admirables fenêtres de 16 a 
17 mètres. 



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CATHÉDRALE. 



%l 



Près de la rose et sur la douelle de la voûte du 
transept septentrional, on voit la date de la 
construction, i55o; sur celle qui est à proximité 
du chœur, Tannée iSyy; sur la voûte des deux 
premières travées du chœur, deux fois iSyS, pour 
indiquer Tépoque à laquelle on refit ces voûtes 
après la chute de la grande tour pyramidale. 
L'édifice est soutenu, dans son intérieur, par 
56 piliers tant isolés qu'engagés dans les muri^. 






A.i r<f 






Chceur. 



Les stalles viennent, en partie, de l'abbaye 
de Saint-Paul, près Beauvais, et furent achetées 
le 12 juillet 1801. On y remarque celle de 
M^** TEvêque, construite, en 1845, par Devergie, 
menuisier à Beauvais, du côté de l'épître; de 
l'autre, l'orgue d'accompagnement (r8 jeux). 

Des grilles « de parc » selon le mot de M . Des- 
jardins, entourent le chœur. Elles furent forgées, 
en 1739, par trois serruriers de Paris : Antoine 
Pichet, Benoît et Gabriel Parent. Elles sont trou- 
vées belles en leur genre. Au détriment du goût, 
plus tard, on déshonorait les piliers du xiii« siècle 



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24 BEAUVAIS. 



par ces panneaux de marbrures qui défigurent 
encore le sanctuaire. 

La Vierge^ du règne de Louis XV, qui domine 
l'autel, est Tœuvre d'Adam, architecte et sculpteur 
du roi, à Nancy, mort en 1778. C'est un modèle 
en plâtre de celle qu'il devait exécuter en marbre 
pour remplacer N.-D. de la Paix, donnée par 
Louis XI, l'an 1475. En 1798 on a transformé 
Marie en déesse de la Raison et TEnfant-Dieu, 
aflublé d'un bonnet rouge, représenta le peuple 
français écrasant le monstre de la tyrannie. 

Il n'y a que deux tableaux, tous deux en ta- 
pisserie de la manufacture de Beau vais : saint 
Pierre et . saint Paul , suspendus aux piliers à 
droite et à gauche de l'autel, à côté des reli- 
quaires (fin du XVIII® siècle) ; l'un surmonté du 
buste de saint Pierre renfermant des reliques de 
tous les Apôtres et un morceau de la vraie croix ; 
le deuxième, de sainte Angadrème et de saint 
Urbain; et le troisième, contenant deux osse- 
ments de saint Lucien. — Du côté de Tévangile, 
on a placé le trône épiscopal. 

Au milieu de l'entrée du sanctuaire, sous les 
marches , un caveau renferme les dépouilles 
mortelles de trois évèques de Beauvai?^ : NN. SS. 
Feutrier (ï825-i833), Cottret (1837-1843) et Gî- 
gnoux (1842-1878). Des inscriptions gravées sur 



i 



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OVTHîiDRALE- ZS 



les dalles noîr«s recouvrent les cendres des pré- 
lats dont elles portent les noms et rappellent 
Texistence. 

Les fenêtres sont ornées, en partie, de vitraux 
du xiY* siècle dont quelques-uns ont été remplacés 
au xvT^ Au fond de T hémicycle, au-dessus de 
lautel, apparaît Jésus en croix; les dou^e Apôtres 
occupent les autres ouvertures de Tabside* Dans 
le reste du chœur, aux patrons du diocèse se 
sont joints les saints que nos pères honoraient 
d'un culte particulier. Tous forment comme au- 
tant de fleurons d'une couronne de bienheureux 
qui ceint le front majestueux de la Cathédrale. 

FFÏNitTRES UU ChCEUK. 

La I", à gauche» figure saint Evroii. abbé d'Oroër, mort 
en 598. ^ Saint Just, martyriséà Sainte ust-en-Cli au ss ce, 
à la fin du ii* siècle. — Saint Germer, abbé de Flay^ depuis 
oommé Saint-Germer, 658, — Au bas, récusson de Nicolas 
Fumée, quatre-vingt-cinquième évéque de Beau vais 
(1575—1593)1 ^t les armes du Chapitre. 

3* fenêtre : Saint Lucien et ses compagnons, saint JuHcn 
et saint Maïîen, martyrs à Montmille, fin du r"^ siècle, — 
Divers blasons de donateurs, 

^* fenêtre : Communion de saint Denis, 

4" fenêtre : Saint Denis et ses deux compagnons, saint 
Rustique et saint Eleutbère. 

5' fenêtre : Saïnt Quentin* saint Michel et sainte Ro- 
maine (3 oetobre). 



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par ces panneaux o 
encore le saïictuaiï"C. 




La KiVrge. du règtï^/*' ...^hiiect«^ 



l'autel, est rœu^redV^**^^' ^^r. C^^^ 






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27 

*^ 

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"^-'îîiïème stalle 
^ dûns une des 
du trône èpis- 



autour du chœur, 

joi: du sanctuaire sont 

irois fenêtres à duux 

. surmontées d*une ro- 

rcnt. 

lés visiter par la plus 

*cridional. 



Fonts Baptismaux, 



*c-Cécîle, placée sous le 



représentant rentrée du cardinal 
Hi* aicde, est cachée sous le peîn- 

ir statues, en bois peint, dû sainte 
vierges martyrisées à Balagny- 



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^ 

^ 



i itrw^x iiitint Pierre 
Il liptiulea lie» vrjùtt^ 



Dl Jic^ties te Majeur, 

fit ttiOl PitïTC- 

I Is nîaiii et SiiDt KhiUppc, 
âettnt Jésit^ et Marie u 



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çt te éo«etair d9 viuiiL - 



Jrc_^i' ^ 



laie cooeîTj crû 
cju«6iè du fu^'^^ 



CAtKEDKALE. 



*7 



du côté ûord , tomba dans la troisième stalle 
à droite, Oo a marqué son passage dans une des 
fenêtres du sanctuaire, au-dessus du trône épis- 
cûpaij par un verre bleu rond* 

CHAPELLES. 

@^n compte onze chapelles autour du chœur. 
Les sept qui rayonnent autour du sanctuaire ^oat 
parfaitement semblables : trois fenêtres à dcujc 
graades divisions ogivales, surmontées d'une ro- 
sace a huit lobes, les éclairent. 

Nous commencerons à les visiter par la plus 
Upprochéedu portail méridional. 



}• CiiKi^F.LLZ riES Pat^ 




TISMAIÏX, 



icèe sous le 



rentrée du cardinal 
't cachée aous le petn- 



, Cil bois peint » de xainit 
martyrisées à Balagny- 



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28 BEAUVAIS. 



sur-Théraiû à la fin du v" siècle. — Le reliquaire renferme 
\cs têtes de saint Antonin et de saint Théodore, dont les 
corps étaient jadis à Tabbaye de Saint-Paul, près Beau- 
vais. — Un Baptême (peut-être sujet historique figurant le 
baptême de Clovis), peinture de Tiersonnier, seigneur 
de Quenne, en 157S1 professeur-adjoint à TAcadémie de 
Saint-Luc, à Paris. Cest Tun des meilleurs tableaux que 
possède la cathédrale; M a été restauré en 1845 par Amédée 
Dupuis. 

Un saint Jérôme lumineux, diaprés le dessin de Ribera. 
Il tient de la main droite un caillou pour se frapper la poi- 
trine, et de Tautre indique un passage commençant par ces 
mots : tr FloM, . . Dum mane florescerent^ : rose, elle vécut ce 
que vivent les roses, Tespace d'un matin. Deux livres 
fermés portent sur le do» les noms des philosophes païens 
Platon et Sénèquc. 

Une console, style Louis XV, sert de crédence. 

Au-dessus est installé l'orgue (64 jeux), re- 
construit en 1 826 par le facteur Gosyn, de l'Aca- 
démie royale de musique. C'est le premier où Kon 
ait introduit des jeux expressifs. Il a cinq claviers, 
dont un expressif ajouté par M. Hamel, de Beau- 
vais, ancien inspecteur des orgues de France. La 
soufflerie a été restaurée par M. Barker il y a 
quinze ans. 

Les figures des sibylles qui ornaient la balus- 
trade de Tancien buffet, établie en i53i, ont été 
conservées et placées dans les claires-voies de la 
partie supérieure de ce puissant instrument. 



\ 



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.j^ià 



CATHEDRALE. 2g 



2« Chapelle Sainte-Angadrème. 



Sur le pilier, superbe statue de la sainte en cos- 
tume d'abbesse. Au-dessus de rautcl, grande 
peinture sur toile marouflée de M. E, Grellet, 
bien composée comme histoire locale (i86g). 
Quelques personnages sont empruntés à une 
fresque d'Auguste Hesse. (Paris.) 

Fendant que les assiégés se défendent aur les rcmpartâ 
de Beauvais, en juin h7ï, lorsque Jeanne Manchette enlève 
rétcndard bourguignon , on porte en procession les re- 
liques de la sainte patronne de la ville. Une QÈchç, lancée 
par les assiégeants > est venue se tixer dans la châsse. 
Durant ce combat acharné , sainte Angadréme » entourée 
de tous les patrons du diocèse, intercède en faveur de la 
cité malheureuse qui obtient ta victoire du CieL MuUum 
orat pro civitate. 

Dans le vitrail moderne, sorti de Tatelier de 
M. Lévèque, à Beauvais, sainte Angadréme est 
entourée de deux anges gardiens de la ville re- 
présentée, en miniature, au milieu du mé- 
daillon inférieur. 

Deux consoles (style Louis XIV) servent de 
crédence. 



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->0 BEAU VAIS, 



3" Chapelle Saint-Vincent de Paul. 

On remarque : la statue de saint Vincent signée 
de M, Froc et le tableau acheté par le gouverne- 
nient pour la Cathédrale : Saint Jean-Baptiste 
dans le désert, par Van den Berghe(i843), 

Vitrail moderne , également de L'atelier de 
M. Lévêque, divisé ea quatre scènes : 

I' Saint Vincent de Paul établit à Beauvais la retraite 
préparatoire à Tordi nation \ 

3' n est aumônier des galères du Roi, d'après la peinture 
de Restout: 

l'* U recueille des enfanta abandonnés ^ 

4* n institue à Beauvais des confréries de charité. 

Ce fut en 162g, de concert avec Tévéque 
Augustin Potier, Cette composition est imitée de 
la peinture de De Troy. 



4«> Chapelle Saint-Denis. 



Les tableaux représentent 1 

La Communion donnât à &aint Dmii par Jésus^ChrUi méwit, 
tableau d*un esprit religieux , par Jouvenet. - Jésus au mi^ 



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CATHEDRALE. 



lieu des Docteurs, interprété d'une façon onginale avec quel- 
ques anachronismes. — La Madeleine au pied de la croix. ^ 
Une Mater dolorosa sur panneau, attribuée à Quentin Warin, 
de Beauvais (xvi* siècle), l'un des maîtres de Nicolas Pous- 
sin. Il fut peintre de Louis XIII, après avoir été élève de 
François Gaget, chanoine de Beauvais ^ il quitta cette 
ville en 1610. 



5° Chapelle Saint- Vincent^ Martyr. 



Deux vitraux du xiiï» siècle donnés par < mestrë> 
Raoul de Senlis, chanoine de Beauvais, qui s y 
est fait représenter. Il fut enterré dans la même 
chapelle (1293). 

I »• fenêtre : i" Saint Pierre marchant sur les eaux (saint Lue, 
chap-. V, vers. 3 et suiv.; saint Mathieu ^ chap. XIV, vers, 
23, 33.) Saint André est debout derrière son frère dans la 
barque. Des zones ondées, alternativement bleues et 
blanches , figurent le lac tourmenté. — a* Crucifiement de 
saint Pierre placé horizontalement. La main de Dieu, sor- 
tant d'un nuage, est Temblème du secours divin accordé 
au généreux martyr. 

2* lenêtre : Dans la rosace, le Couronnement de la smnte 
Vierge, d'un dessin mauvais. Au-dessous^ Jésus donnant 
les cltf» à saint Pierre, — saint Pierre et trois apôtres, 

I* fenàtre : Sujets tirés de la vie de saint Vincent» diacre 



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■ ^ f^ 



^2 liEAUVAlS, 



de révèquc Val ère : i' comme saint Laurent, iî est jeté sur 
un ^rU et brûlé ifi/, par Tordre de Dacicn qui , en face de la 
constance du saint athlète, s'avoua vaincu. Les bourreaux 
percent saint Vincent, le frappent avec des lanières gar- 
nies de plomb, pendant que le§ flammes le dévorent ^ 
i'' son corps est exposé aux heies, après sa mort, dans une 
prairie de fleurs. Les oiseaux de proie veulent s'en emparer : 
un gros oiseau les éloigne tous. 

Ces vitraux ont été restaurés par Oudinot, il 
y a vingt-cinq ans. 



6» Chapelle Saint-Joseph- 



Une statue moderne (1864) de saint Joseph, en 
bois, de Mayer, k Munich, domine TauteL — Les 
vitraux, de Glaudius Lavergne. ont trop de gen- 
tillesse et sont trop tableaux , plus savants et 
mieux dessinés sans doute qu'au moyen-âge, mais 
avec moins de naïveté et d'effet décoratif. L'artiste 
est plutôt peintre de près que décorateur à dis- 
tance. Sa science et sa piété se sont donné libre 
cours dans Texpression des physionomies et le 
prestige des effets de lumière* Sur les trois fe- 
nêtresj où il a voulu représenter ]a protection et 
le patronage de saint Joseph, il a créé Ticonographie 



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CATHÉDRALE. 33 



de la dévotion à ce saint patriarche, implantée de 
Beauvais dans l'univers entier (\), 

Dans les rosaces sont : les armes de M^'GignouXj de 
Pie IX et du Chapitre de la Cathédrale. Au bas de chaque 
fenêtre, sur des écussons d'azur, on lit des inscriptions 
latines ayant rapport aux sujets traités dans la verrière. 
Il suffit d'énoncer la pensée du peintre. Saint Mathieu . 
David, Joseph, intendant de Pharaon, saint Bernard et sainte 
Thérèse occupent les parties supérieures. En dessous, le 
Mariage de saint Joseph; VAnge lui apparaissant pendant son 
sommeil; la Naissance de Notre-Seigneur et la Fuite en 
Egypte; saint Joseph travaillant avec l'enfant Jésus ; la Mort 
du saint Patriarche. Enfin, saint Joseph protecteur du foyer 
domestique, des œuvres de charité (hospices, orphelinats, re- 
fuges), du travail et des artisans, de T Eglise et du Clerg<;, 
et patron de la bonne mort. 

On remarquera, dans la fenêtre du milieu , le médaillon 
commémora tif de l'Archiconfrérie de Saint-Joseph, à 
Beauvais, en 1862, par M»' Gignoux, assisté de son vicaire 
général, M^Obré, protonotaire apostolique : leurs portrail.s 
sont frappants de ressemblance. Dans la fenêtre de droite h 
saint Joseph, protecteur de l'Eglise, assiste le pape Pie IX, 



(i) « Qu'ai-je fait pour composer les verrières de Beau- 
vais ? J'ai pris le Mandement de Monseigneur et le Manuel 
de l'Archiconfrérie, je les ai résumés, je les ai traduits 
comme j'ai pu , mais ne me suis permis aucune fantaisie. 
Le fond n'est pas de moi ; la forme seule m'appartient, on 
peut la discuter... » Claudius Lavergne. — 2 janvier 1869. 

3 



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A 



BilAUVAlS. 



ï 



dcfendu par un louave pontifical caturc un giribal«i'«a^ 
Une architecture du xv* eiéck cncjidre toute 6 ces acéa«* 
exécutées avec un pinceau dcîicat. 



70 CHArELLE DE LA Sainte-Viergb, OÙ êst €onsêrvé 
le Saint- Sacrement, 



L'autelj en cuivre doré, présente trois médail- 
lons peints, sur le gradin, parClaudiiis Lavergoe, 
en r8S6, de dessin très pur à la cire, fraîches et 
gracieuses miniatures de V Annonciation^ de la 
Naissance de J.-C.j de N.D, de Pitié et du Cou- 
ronnement de Marie. 

Cette chapelle, polychromée avec goût, est dé- 
corée de trois belles verrières du xrir siècle, 
restaurées en i858 par Didron aîné, qui ont été 
données par les corporations des pelletiers et des 
fabricants d^rcs, 

i" fenêtre. — Grandes divisions : Légende inconnue. 
Rosace 1 la saints Vierge assise et couronnée. 

3' fenêtre, — 1 " grande division : Arbre de Jesaé , avec 
dix-huit prophètes dont neuf rois, ancêtres du Fils de Dieu ; 
sept colombes nimbées forment comme une auréole autour 
de sa tète, et figurent les sept dons du Saint-Esprit, Les 
lettres inscrites sur les phîlactères n'offrent aucun BenSn. 



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CATHÉDRALE. 35 



— 2« grande division : Histoire de la sainte Vierge en mé- 
cùullons losanges intercalés au milieu d'autres ayant la 
forme de la moitié ou du quart d'un octogone. Les deux du 
bas représentent les donateurs du vitrail. On y a décrit une 
vente d'étofifes et de fourrures. — L'Annonciation, la Visi- 
tatioUj la Nativité de Jésus-Christ, les bergers avertis 
par les anges de la naissance du Sauveur, TAdoration des 
Mages, les trois Mages devant Hérode qui tient en main 
un sceptre surmonté d'une fleur de lis, la Purification de 
Marie, le Massacre des Innocents (scène très restreinte), 
la Fuite en Egypte , les idoles ébranlées sur leurs bases à 
l'arrivée de Jésus en Egypte , et dans la rosace le Crucifie- 
ment de Jésus-Christ; un mort, se soulevant dans sa 
couche sépulcrale, présente un calice sous les pieds divins 
pour recueillir le sang qui en coule ; ce mort, c'est Adam : 
tels sont les sujets qu'on découvre successivement. 

3» fenêtre : Curieuse légende du prêtre Théophile, vidame 
d'Adana, en Cilicie,.qui fit le sujet d'un mystère au Moyen- 
Age, pour montrer quelle est la puissance de Marie, et à 
quelle haute dignité elle a été élevée dans le Ciel. Il était 
très charitable î on le voit distribuant des aumônes aux pauvres; 
et, comme l'administration temporelle de l'église le concerne, 
il préside à la construction dtun important édifice. Accusé à feux 
d'avoir dilapidé les revenus de l'église, Théophile est déposé 
par son évêque et réduit à la misère. Cédant à la passion 
du plus noir ressentiment, il apostasie et a recours à l'enfer 
pour se venger à tout prix de ses calomniateurs. 

Un juif, qui avait des relations avec Satan, après l'avoir 
averti de ne pas se troubler de ce qu'il verra et surtout de 
ne pas faire le signe de la croix, l'emmène dans une réunion 
au milieu de laquelle le démon apparaissait assis. Le juif 
invoque le diable qui lui promet d'exercer la vengeance, k 



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4 



3é BEAU VAIS. 



condition que Théophile renoncera par écrit à Jésus et à 
Marie- L'engagement est présenté à Satan sur une longue 
bande de papier. 

Mais la vérité sur la conduite de Théophile se fait jour; 
Jévéque reconnaît qu'on l'a noirci injustement et le rétablit 
dins sa charge. On voit Théophile assis, recevant un poisson 
immense sur un plat que lui présente un personnage à ge- 
noux* probablement un vassal de l'église. Consolé sans 
doute, mais bourrelé de remords à cause de son apostasie 
dont il fait pénitence, il est au désespoir surtout d'avoir 
renoncé à la Mère de Dieu. Cependant, la pensée de la 
miséricorde de Marie l'enhardit un peu ; i7 va la prier dans 
une chapelle, se prosternant en larmes. La sainte Vierge 
apparaît à Théophile pour la première fois , après quarante 
tours de supplications, tenant une palme blanche de la 
main droite, et tendant la gauche à Théophile. Celui-ci 
écoute avec reconnaissance les reproches pleins de douceur 
que Ju) adresse la Reine du Ciel. 

La pensée que sa renonciation est encore entre les mains 
de son redoutable ennemi le remplit de tristesse : il demande 
h Marie que l'engagement qu'il a donné au diable lui soit remis, 
Marie exauce cette supplication si confiante ; elle apparaît 
Nne deuxième fois et le lui remet entre les mains pendant 
sa prière* 

Théophile va se jeter aux pieds de son évéque, apportant l'acte 
que Marie lui a rendu^ et voulant que sa faute soit connue 
de tous» afin de publier en même temps sa reconnaissance 
et le pouvoir de cette bonne Mère du Ciel pour le salut des 
pécheurs. L évéque fait lecture de la cédule, Théophile est sou- 
mis à de rudes pénitences avant de mourir : on le voit subir 
des coups de verges sur les épaules. A sa mort, l'évêque 
préside ks obsèques, pendant qu'on prie sur la dépouille 



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CATHéDHALK, iy 



de rapostal repenti. Le peintre- verrier a représenté son 
àmCj comme une figure toiite nue, portée par un ange^ sur 
un linge blanc, dans le sein d'Abraham. Ce&t la glorification 
de Théophile, Dana la rosace, le Couronnement de Marie. 

En face de la chapelle de la Sainte- Vierg^e, sur 
le pourtour du sanctuaire, sont suspendus trois 
tableaux : 

i" La Résurrection de Jésus-Chrisi , original de Charles 
Delafosse, restauré par Oudry, en 1753; 

ï*^ Jésus en croix entre Charlemagne et saint Louis, signé : 
R, de HoQSSoy^ facietùt 16^7» avec ce verset clu psaume 96 : 
t Justitia et judicium correct io sedis ejus. » La justice et le 
jugement soutiennent son trône. Ce tableau avait sa place 
dans le prétoire de rOflîdalité diocésaine ou du Chapitre» 

j* Jésus agonisant dans le jardin des Oliviers. Les douleurs 
de la Passion lui apparaissent et sont représentées à ses 
pieds. L'inscription suivante semble reproduire les paroles 
que Tartiste a voulu mettre dans la bouche de l'ange conso- 
lateur : 

*i Œrumnose calix quid terres? Hoc bibe Jestt 
Quod Patris imperiumquodque pr opinât amor. ^ 

ie Calice amer, pourquoi effrayez-vous ? Buvez, .Jésus, ce 
que la volonté de votre Père et Tamour vous présentent, » 

A droite sont les écus accolés du donateur et de la do- 
natrice. 

On peut encore remarquer d'anciennes pein- 
tures décoratives, couvertes de badigeon, sur Tun 
des piliers du sanctuaire. 



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38 BEAUVAIS. 



f^° Chapelle Sainte-Anne. 



Au-dessus de l'autel, une statue moderne, de 
M, Froc. Elle est conforme aux vieilles traditions 
de sainte Anne donnant une leçon de lecture à 
Marie. — Les vitraux sont de M. Glaudius La- 
vergne, en verres de Birmingham. Il y a là tout 
un poëme emprunté aux pieux BoUandistes, ou le 
Récit mjrstique, historique et légendaire de la vie de 
sainte Anne. La composition a été faite à Paris 
pendant le siège, 74, rue d'Assas. En mai 1871, 
rexplosion d'une poudrière bouleversa les ate- 
liers de Tartiste et anéantit une partie de ses 
cartons. 

Comme composition, cette verrière excite une 
impression vraiment religieuse, et comme tableau, 
l'admiration des visiteurs. L'ingénieuse concep- 
tion, la finesse du pinceau et les effets de lumière 
sont plus charmants encore que dans la chapelle 
Saint-Joseph. 

I " fenêtre. — Dans la rosace : Charlemagne, et dans les 
mâdaiUûna supérieurs saint Auspice^ qui procura à la cathé- 
drale d*Apt , en Provence, le corps de sainte Anne , et 



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CATHÉDRALE. S^ 



iaittt Epiphanè , qui fit aon éloge. — Le refUs de Voffrttnde 
apportée au temple. — L'ange annonçant à sainte Anne la 
naissance de Marie, dans son jardin, auprès d'un rosier, où 
des oiseaux avaient leur nid, pendant qu'elle enviait lear 
bonheur d'être mère. ■— Rencontre de sainte Anne et de saint 
Joachiniy pasteur de troupeaux, à la Porte-d'Or- — Exhu- 
mation des reliques de sainte Anne, dans la vallée de Josaphat; 
leur transport et débarquement à Constantinople* Justinien TI 
vient les recevoir. — Armes de Noyon et de Beauvais. 

2* fenêtre. — Dans la rosace : David, puis saint Joachim 
tenant un agneau dans ses bras, — Sainte Anne et la sainte Vimge 
qui porte une rose à la main et est couronnée de douze étoile Ss 
— Saint Joachim et sainte Anne se donnant la main. L'archan^jc 
saint Michel refoule le démon vaincu par l'Immaculée-Con- 
ception. — Naissance de Marie que Joaôhim tient entre ses 
bras d'un air inspiré. — Saint Auspice cachant les rtliqUÊs 
(hic jacet corpus) apportées à Apt. ■— Découverte du tombeau 
de sainte Anne (772) devant Charlemagne : on y trouve une 
lampe allumée. Marguerie, évêque d*Apt, en fit une transia- 
tion solennelle. — Armoiries et portraits fidèles de M, le duc 
de Mouchy et sa fille; de M"* la duchcsée de Mouchy, née 
princesse Anna Murat> et son fils, qui ont contribué è Ta^ 
quisition de cette verrière. 

3* fenêtre. — Dans la rosace : le grand-prêtre Mathan, 
père de sainte Anne. — Saint Jean Damascène, qui a composé 
les leçons de l'Ofiice de sainte Anne. — Le pape Grégoire XII 
qui l'a élevé au rite double. Le mot duplex sur la banderolle 
rappelle ce souvenir. — L'Education de la sainte Vierge. — 
Sa Présentation au temple. — Apparition de sainte Anne^ en 
1624, un flambeau à la main, à Yves Nicolazic, laboureur 
de Plumeiret, pour fîiire revivre le pèlerinage d'Auray^ en 
Bretagne. — Marie Lec^^inska, à Ourscamps, visite tes reliques 



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Jk%ii^ 



40 BEAUTAIS. 



de sainte Anne (i) et s'en fait donner une partie. — Armet 
de Bretagne et de France. 
La fC^iile de cette chapeïle est du xu\* ou xiv* aitcle. 

9° Chapelle Saint- Lucien. 

L'autel tiJte en pierre, consacré par M*^ Denncl, 
le 14 juillet tâ04, est surmonté d'une statue de 
saint Lucien^ des ateliers de M. Froc, 

Tableau de Marthe et Marie devant JrC, de l'é- 
cole de Lebrun; anachronismes saillants dans les 
assiettes du repas préparé par Marthe, poses dra- 
matiques : attribuée Mauperin, protégé d'uncba- 
noine de Beauvais (1780). 

La fenêtre du milieu présente, dans la rosace, le 
Couronnement de la sainte Vierge par le Sauveur, 
entouré des quatre attributs des évangélistes. 

Les deux scènes nous montrent, à droite (partie 
moderne], r Ascension du Sau^^eur^ et, à gauche, un 
beau vestige du xv« siècle, dans k Sacrifice du 
Calvaire, Sous les pieds de Jésus en croix, un 
calice d'or surmonté d'une hostie. Sur le phi lac- 
tère, partant de la main droite d'un officier, on lit : 
Verefilius Dti erat iste (S. Math., xxvii, 54}. 



1^0 Voir, à Chiry, un curieux reliquaire en forme de tète, 
soutenu par deux anges. L'authenticité du don de Jean 
lie Nesle à Psbbaye d^Hurscamps est incontestable. 



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CATHEDRALE. 41 



Les donateurs de la verrière et les membres de 
sa famille se groupent au-dessous de ces deux 
scènes, entourées d'une architecture qui ressort 
sur le fond de grisaille d'une délicatesse infinie, 
La bordure, toute particulière^ est garnie d'anges 
peints, jouant de divers instruments. Il y a là 
matière à tout un traite de musique au xyi« siècle* 

Dans les autres fenctres, les médaillons repré- 
sentent les quatre évangêlistes, dont trois refaits, 
en Ï876, en même temps que la restauration de 
toute cette verrière par M. Roussel, de Beau vais. 
Saint Jean écrivant T Apocalypse est ancien. Une 
bandelette placée sur un pupitre laisse lire: Amen^ 

dtco vobis super om La mer Egée, baignant 

nie de Pathmos, semble figurée par une bande 
blanche couverte de petits poissons. 



ïQ^ Chapelle SAiNTE-MAOELEmE, 



Au-dessus de Tautel, mauvaise copie de ta 
Madeleine de Lebrun. (Mauperin pinxit, 1782.) — 
Martyre de sainte Catherine : a ses pieds la roue 
qui se briya miraculeusement lorsqu'on essaya de 
s'en servir pour la faire mourir. Signé sur les 
jantes de la roue : C.-G. Bèagle, ï6SS. 



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'^vm 



r 



43 BEAUVAÏS. 



Curieiiflc tapisserie de la Décapitation dt saint Paul. Re- 
iiiarquer les trois fontaines et les trois ruisseaux de sang 
CTi forme de fleur de lys, puis l'attitude du bourreau et les 
costumes de baillis et d'échevins dans le personnage de 
Néron cl sa Suite. Près de la bouche du saint apôtre on 
voit les trois lettres J. H. S., monogramme de Jésus 
Christ, et le phylactère en spirale portant ces mots tirés 
de répitro aux Philippien«: Michi vivert Christus est €t mort 
tucrum : Jésus c'est ma vie ; la mort m'est un gain. Au haut 
du tableau deux anges offrent à J.-C. l'âme de saint Paul 
représentée par une petite figure nue. 

La légende porte : 

Oismrnt saint fsi a esté (érslé l|sri Home 
9a teste séparée )ti corps fist trois sauls* 

Cette tapisserie du xv« siècle a été donnée par 
Guillaume de Hellande, évêque de Beauvais(i444- 
1461). Nous en retrouverons deux autres, au- 
dessus du banc-d'œuvre, qui viennent du même 
prélat. 

Le mur qui ferme cette chapelle, du côté de la 
Sacristie^ est orné d'un grand tableau : Le repos 
de la sainte Famille dans le désert d*Egypte» sous 
un bananier, par Van den Berghe, enfant de 
Beauvais, né en 1798. Ce tableau est de couleur 
douteuse et blafarde, et saint Joseph trop dia^ 
phane, parce que, exposé au Midi, il a souffert de 



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CATHÉDRALE. 



Taction dévorante du soleil, Les tons fins et déli- 
cats, qui en harmoQisaient tous les détails, ont 
disparu presque entièrement- Le paysage reste 
toutefois intéressant. L'auteur l'a composé pour 
^Exposition française de t838; H lui a mérité de 
glorieux suffrages. 

Au-dessous, une fort curieuse tapisserie de haute 
lice. Elle et sa voisine paraissent provenir de 
Beauvais et avoir été données, vers i530j par te 
chanoine Nicolas d'ArgilUères dont elles portent 
les armoiries : d'or à la face de gueules^ accompa- 
gnée de trois trèfles de fnêm€f écartelé, Jascé d'or et 
d'azur de huit pièces. 

On y a représenté les origines fabuleuses de la 
nation française attribuées à Francus, fils d'Hector, 
et chantées par Ronsard dans la Franciade. Au 
XVI* siècle, les Beauvaisiens s'étaient tellement 
engoués de ce poète, qu'ils placèrent sa statue dans 
la cathédrale, en face de la chaire à prêcher, 

Nous trouvons là, au milieu d'anachronismes 
très intéressants, les costumes extrêmement élé- 
gants du xvr siècle et souvent les figures des 
principaux personnages de Tépoque, 

Cette tapisserie de 2 mètres 1 1 de haut sur 
5 mètres 48 de large, est une ébauche de Carte 
géographique. 

i»r compartiment. — Gaule. — A la tète d*un 



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44 BEAU VAIS . 



r 



groupe de trois personnages, on voit Gatathès, 
chef des anciens Celtes, vêtu à !a François !■'*, 
vis-à-vis dUercule son père. 

Il vainquit plusieurs peuples £t donna à leur contrée le 
nom de Gaïathée, d'où le pays fut appelé Gauïe. Au milieu 
de paysages curieux, les principales provinces de la France 
sont indiquées, aînst que les quatre points cardinaux. Mais 
le Midi occupe le point ïe plus élevé. Dans Ja Méditerranée, 
vogue un vaisseau ; au sommet, un marin est occupé aux 
cordages. La Savoie est représentée par un château-fort; 
la Suisse par des montagnes; la Normandie par des pom- 
miers; de longs roseaux bordent le Rhin. Près du mot 
« Ardène*, un cheval libre s'échappe d'une forêt, a côté de 
laquelle un cerf est couché. Le long de la Loire remonte 
un héron. 

L'inscription suivante aux initiales rouges se lit 
sur trois lignes : 

mil ^%'^ m% stfitanti iipt an mit 
îljr&trt salut, RataUrts inûutt s^aviiilt 

%^ Umini, mil 3JEï^ (|uatir Dinfitf 
^prrs It qrani) btiugr, tôt je niiti 
lln|itâmt roi tt Vamt i&olût^it 
tfA b^^errulfs bout tîauU fsl rcDoutreÉ 

(167; anj avant Vert chètitnnt^ tt 1:280 après ît déluge ^ moi 
Gaîathès très savant fai ré^^né^ car- je suis le onzième roi {dès 
Cettes), fils de Gaiathée et d* Hercule qui a rendu h Gaulé ni 
redoutable J 



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CATHèDPALE, 



2^ compartiment, — Lyon, — A côte de Galathès 
figure Lugdus, fondateur de Lugdunura (Lyon)^ 
dans une attitude orientale, tenant d'une rnaîn 
un sceptre surmonte d'une fleur de lys, de Tautre 
un cimeterre. 

Derrière lai. 8e découvrent deux autres personnages qui 
serableîit être un courtisan et un page, puia une vue très 
étendue de Lyon au conHuent de la Saône et du Rhône, Les 
églises, les édifices, les ponts traversés par un cavalier , des 
piétons et un carrosse, ainsi que de petites barques remon- 
tant les rivières forment de curieux détails. 

Au-dessous on lit sur trois lignes les six vers 
suivants : 

IKîl triris rens anâ iitU aptfa que ht farrlff 
$ or lift lUï it uobit painûttïit 
lUil d 9^^ tiingt ^t at^t tt rUns matiiU 
Jliitf qm ^efius rartfttit lee tjumaiits 
ft roi J^ttgAus trei|iemc, j^mt §on traint 
m. beau manair feiet fTion sua if ^nt. 

^1330 ans après que le patriarche Noé sortit de i' arche ei 
1627 ^»w«f quelques riens a^ant que J.-C. rachetât les hitmaitts, 
Lugdus ly roi dû Gaule bdtit Lyon sur le Rh^nc pour y 
faire sa demeure et y placer son trône J 

Au-dessus de la porte de la sacristie^ tapisserie 
de 7 mètres 59 de long sur 2 mètres 1 1 de haut. 



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i 



46 BBAUTAIS. 

j *f compartiment. — Beauvais. — La cité avec ses 
édifices en 1 53o. 

Les transepts de la cathédrale ne sont encore élevés qu*à 
ta moitié de leur hauteur ; du reste tout est exécuté fidèle- 
ment d'après nature. Le palais épiscopal, les deux grosses 
tours et Je toit de l'horloge; l'église de N.-D. du Châtel, la 
BâSBe-Œuvre, Féghsc de N.-D. duThil; à côté, Fabbaye 
et baint-J^ucien et celle de Saint- Quentin : tout cela est 
à droite. Le Thérain baigne Beauvais ; un pécheur est à 
genoux sur la rive. 

 gauche, sont peintes les armes de la ville sur une des 
portes de la cité : 4« geulesaupal d'argent; plus haut, CUr- 
mont, son église, Thô tel- de-ville et le château-fort ; à mi- 
ehemin» entre Beauvais et Clermont, Téglise de Bresles. 
son calvaire devant lequel se dirige un bûcheron ; la Neu- 
villc-cn-Hez avec sa forêt, etc., etc. 

Au premier plan on a représenté ïe fils et suc- 
cesseur de Lugdus, Belgius, roi de la Gaule- 
BeJgique qui aurait fondé Beauvais* Tous ses vête- 
ments sont remarquables. A côté de lui marche 
un lévrier blanc portant au cou un collier rouge. 

Au bas on lit : 

USil UW ans soixante )is en some 

yui» le (jlttge : et (eoant que .feust l'home 

^t%mtti par grâce ^eiflque 

ItltL P^ SMUMVM moti qu'on nome 

^tlaius toti 3PMS^ on toit rome 

lon^Bil Seanoaii (ont vient Plante delgique^ 



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CATHÊDitALE, 47 



njjo ans depuis te déluge et 1587 avant que V homme eut 
été régénéré par la grâce de Dieu, moi qu^on nomme Beîgius, 
1 4* roi fdes Gauîesft je fondai Beauvai^, d*oit est venu le nom 
de Gaule- Belgique,} 



2^ compartiment.— Tkoy us. '^ Belgius n'ayant 
pas d'enfants j avec lui s'éteignit la lignée de 
Galathès. 

Les Gaulois qui désiraient avoir toujours à 
leur tête un chef du noble sang d*Hcrculc de 
Libye, fixèrent leur choix sur Jasius, roi de 
Toscane, Mais on le voit renversé et tué près d'une 
forêt par la jalousie de son frère Dardanus et de 
son escorte. Celui-ci, obligé de fuir à cause de ce 
meurtre, se dirige à grands pas vers un vaisseau 
que ses gens tiennent prêt sur le rivage et dans 
lequel il va s^embarquer^ à la recherche d'une 
patrie nouvelle, en mettant le pied sur la longue 
planche que lui tend un vieux marin. Tel est tout 
le sujet de ce tableau. 

On aperçoit dans l' éloigne ment la ville de Troyes^ en 
Champagne, et devaat les mura^ quantité d'hommes et de 
femmes à la tète desquels se retrouve Darda nu a ayant 
non plus nn casque^ mais une couronne. 

Cette tapisserie rappelle les traditioaa qui faisaient des- 
cendre les premiers habitants de la Champagne d^une co- 
lonie de Troyens. 



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4S BEA UV AÏS. 

Au bas est Tinscription suivante : 

mil nm" .ÎJE fins Du Detnsf 

3liiiB qut Sfsus te reùfirqjtfur ftust ne 
Ptîl M13 (e gtptûnte l]iilrt : loti fuH' 
fax îlnrannu^ mon fnre riterminé 
t&ui pis fi^niln Srviit pvut son re^gi. 

fT^yg fxiu flpnèj le déluge j et 1478 avan^ ^a naissance du 
fédempteurt moii J a si us, fai régné; alors Je fus tué par Dar- 
d^nus, mon frère, qui depuis fonda Troye pour s'y réfu- 
gier.} 

Après Jasius, les Gaulois choisirent pour roi 
Allobrox, père de Romus, La tapisserie ne dit 
rien de ces deux princes. 

J< compartiment. — Paris. — Il s'agit ici delà 
capitale de la France et de sa fondation par un 
personnage nommé Paris, fils de Romus, F un des 
chefs de la nation gauloise. 

Trois personnages raccOTtipagnenL Derrière eux est la 
ville de Paris. Au milieu se remarque surtout Notre-Dâmc. 
Sur uûe des portes -de Ja ville, flotte une bannière portant 
les armes de France et au-dessoua celïcs de Paris. Sou» 
les murs, une femme chasse devant elle un ànc charge de 
légumes pour rapprovisionoement de la capitale. 



n 



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t;ATHEDRALE. 49 



L'inscription qui se t rouvre en bas est ainsi 
conçue : 

lilE H^' ans JL$ û ^JE )»a»ef 

Pli hiin^t : )lan$ it nohU rni 

Il il Ipuytiesmc : fonba en irait b fttTû^ 

Pilk û txli df llarifi belle dsari : 

PeDûttt que 9i»me tit&t tt§ t^ens amnss» 

M*^^ nnqnoittr d 999^ anf tome rtoif. 

0549 ant et plus depuis le dÉluge, €t 658, comme l'on croiU 
uvani la fondation de Rome, Farts 18^ (roi des Gaules) fonda 
à graud frais la belle ville de ParisJ 

De chaque côté de la porte de la sacristie : le 
bon Samaritain^ mauvais tableau de Mconssoy 
(i665); un ange tient un phylactère sur lequel 
on lit: Pîenitudo legis est dilectio (Rom. xiii^ 10). 
La charité est raccomplissement de la loi, — VAn- 
nonciation, sans valeur. 

Au-dessus de la porte : Jésus couvert d'une robe 
blanche et garrotté^ en butte aux moqueries d'un 
bourreau. Tableau qui a sans doute appartenu à 
Tabbaye de Saînt-Paul-lès-Beauvais, attribué à 
François Gaget, chanoine de la cathédrale. 



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âO «EAUYAIS. 



SACRISTIE. 



J^ableau (médiocre exécution) de sainte Anga- 
drême priant pour ceux qui Tinvoquent et opé- 
rant des miracles. Des malades étendus à ses 
pieds et un homme dont Thabitation est en feu 
implorent son seçom-s. 

Ancien réchaud en fer. pour les encensenaents, 
intéressant, cité dans le Dict. du Mobilier^ de 
Viollet Lebuc. 



Sacristie du Chapitre. 



Reliquaire de sainte Anne (fin du xiv« siècle) en 
bois recouvert de lames d'argent, figurant la 
partie inférieure d'uQ bras avec une main étendue. 
— Deux autres reliquaires incomplets du xiu« pu 
XIV" siècle. L'un, de la même forme que celui de 
sainte Anne, est recouvert de feuilles de cuivre 
dorées, orné de filigranes, çJe guirlandes, de feuilles 



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CA^HIâD^ALE. .'l'r 



^^^p fleurs, ç}e petits çJi^toQs contenant des pierre? 
Hn^s. U^utr^, §§çpîiipQsaitç}'un^lindredeçn6ial 
disparu, muni à cb&quç bout d'wne douillp en 
cuivre doré, ferfnépar des dipqu§Q circulaires re- 
pré^eat^nt sai^t Piçrrç et saint Payl en relief, le 
tout suppQrt^ parqyfttre pattes de lîon. — Reli- 
quaire de saint Léon-le-Gr^ndy en forme d'urne tu- 
néraire, cuivre doré (xviii» siècle). — Daîmaîiquû de 
Thibaud de Nanteuil, évêque de Beauvais (i283- 
i3oo). Curieux vêtement épiscopal de soie verte et 
rouge, frangé du côté gauche. — Evangéîiaire de 
ijooy avec enluminures sur parchemin. Ce sont 3es 
pièces les plus intéressantes pour Tarchéologue, 
avec des émaux limousins attribués à Jean- 
Baptiste Npuailhçp, çippendus près de la croisée du 
fpild dç Ig sacristie : Sainte Anne ^pfrenant à lire à 
(^ mnte Vierge, et /^ mnte Vierge tenant l^Enfant- 
Jésus sur ses genoîix, et un tgbleau en quinze di- 
Yi^ioQS, égalen^çQt sur émail, ayaot sans doute 
strvi de r^takli d*mt^U qui offre des sujets em- 
prunté§ $1 la vie de N. S, J.-C. Les costumes lia* 
mands ou hollandais sont d'un dessin incQrrçGt 
dvi )£y}« siècle. 

Plusieurs îfLblea^x prnent le^ murs : Saint Frat^ 
çfliiré'Am^^i fur ^pi^, d'u^ grand sentiment 
aSÇétiattd; lAM^âQng, gyr^9is,fl[Uiad^ranâlûgit 
avec celle saint Luc des Çatft^^ea^bff; ta Fla§$li^ 



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5Z BEAUVAIS. 



tiofif de Quentin Varin, vieux panneau. — Autres 
panneaux du xv« siècle : les Anges recueillant le 
sang qui coule des plaies du Sauveur; \ts Anges 
apportant la croix à TEnfant-Jésus que la sainte 
Vierge allaite. — U Agonie de Jésus. — Mort dé 
Jùsephf toile de chaude couleur, et la sainte Made- 
ieine bien connue dans tout le département de 
rOise. 



Sacristie de la Paroisse. 



Un réchaud en fer, reproduction de celui de la 
première sacristie. Un tronc en cuivre du xvi« siècle. 
Un instrument de paix présentant une Nativité 
du Sauveur, en nacre. 

Tableau, sur bois, de Jésus en croix, donné par 
Etienne Villain, chanoine (1676). Emaux : Cruci- 
fiement et Jésus déposé dans le tombeau^ du règne 
de Louis XIV. 

Les cadres sont entourés de passe-partout 
de soie, brodée sans doute par les religieuses 
du couvent de Saint-François de Beauvais (trans- 
formé aujourd'hui en caserne), auxquelles les 
tableaux ont appartenu. 



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AÂkttm 



CATHÉDRALE. 53 



Haute-Chambre du Trésor (vieux style). 



Elle sert de vestiaire aux Chantres. U n deuxième 
étage, transformé en magasin, renferme : 

i<» Un reliquaire du règne de Louis XIII, long 
d'un mètre, haut de 5o centimères et profond de 
40 centimètres, en bois sculpté, en forme d'édifice 
rectangulaire surmonté d'un toit. Chacune des 
façades est recouverte de peintures : Naissance de 
Jésus à Bethléem. Adoration des mages. Les quatre 
docteurs de l'Eglise latine. Les quatre évangélistes. 
Le portement de la croix. Saint Etienne martyr. 

2® Des tapisseries flamandes qui mériteraient 
les honneurs d'une exposition dans la cathédrale* 
C'est d'abord un sujet profane : Hercule de Libye, 
dixième roi des Gaules, tissé en i53o probable- 
ment à Beauvais, sinon à Arras. 

Hercule ayant épousé Galathée, fille de Celte, en eut un 
fils nommé Galathès, et, à la mort de Celte, neuvième roi 
des Gaules, devint son successeur. Il fit construire Alexia 
(Alise ou Sainte-Reine, arrondissement de Semur (Côte- 
d'Or), qui devint alors la capitale du royaume. Le fond du 
tableau en représente les forts détachés. Hercule, Galathée 
et entr'eux Galathès (leurs noms sont écrits sur leurs vête-* 
ments) sont au premier plan ; quatre courtisans les sui- 



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.1 



BiSAtJVAlS. 



vent. Les costumes variés de la Renaissance, coiffures, 
mantea\jx, tuniques, robes, haut-de-chausses, etc., sont 
touâ reproduits daHs ofitte scène avee un éôlat dtii'tirenant. 
Malheureusement un coin, à gauche de cette tapisserie, a 
été coupé et enlevé. 

Voîcî rioscrlptioti placée ciu-desscjus en deux 
Lignes : 

ntit §tp\ ttm treife avant que Hieu fn%\ ni le groni) lernilt 

ht S'ihMt 

Salfltijfr eu9t yotit fa femme et ami|e flUe de Qelte 

et itixiesme a régné. 

TfaJs ôutrds tapisseries, dii Xv* sîêelé. ddniièës 
paf Gitlllaurîiè de Hellàtidè, feprésèntéiit dtè 
scènes de là tlê dé saint Pierre. 
Là première tàhtitût trois sUjetS : 
f'retnief sujet : Guénson de sainte Pétrànitlé. 

U ne chambre renferme, à droite, le lit de sainte Pétro- 
nllle malade ; à gauche, une table servie à laquelle sont 
assis saint Pierre et deux disciples. À la demande de 
Titus, Pïcrre, pour montrer la puissance de Dieu, guérit 
sa Hlle. Une banderoile, disposée en spirale, rapporte ses 
paroles ; Fetronilla, surge nobisq, ministra. (Pétroniiîe levez- 
vous et servez-nous.) 

Lu légende porte sur deux lignes : 

ttomint saint Jftt flani h9§ fintH feinte 
frtmt ià mte è le rttfnmt 0e 9ih» 0i«d^té. 



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^ 



catmêIdraLe. 15 



Deuxième sujet : Georges ressuscité par te b^ton 
de saint Pierre. 

Dans un jardin, un disciple de saint Pierre touthe 
Georges avec le bâton de son maître et déjà le mort est de- 
bout» couvert d'une partie de son linceul. 

On lit, en haut, sur trois lignes : 

(Cornet par ia tiertu liu bato satt 
pierre ifeorge son diëd|iiè tédilÉfnta 
CSltti avoit esté mort quarante jours. 

Troisième sujet : Guérison d'Ènée. 

Dans la ville de Lydde, l'Apôtre trouva un paralytiquo 
nommé Enée, étendu depuis huit ans sur son grabat. — 
Il lui dit : Biiéê, le Seigneur Jésus-Christ vous guâfit, 
levez-vous, etc. {Àctei des Apôtres^ chàp. IX, vers. ^s^-f^O 
Le prodige opéra des conversions. Saint Pierre se tient 
près du lit et bëtiit lé malade. Unei feniâlâ et deut hdmmta 
l'aecoxiipàgileht. Au-dessus de saint Pierre on Ut ots 
mots : Enéa, sànei iè Dnus. (EnéCf que Ib Seigneur vous 
guérisse.) 



Sur trois lignes, la légende porte 

(EÔtrtet en fiiîié «* fJrê guon) 
Cfnée pÂtitiitUé fui |rs$ft on9 
^oott esté ou iit. 



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• 



56 HEAUVAIS. 



La seconde tapisserie est divisée en quatre 
sujets : 

Premier sujet : Saint Pierre battu par les satel- 
lites de Théophile, prince d'Antioche. 

Ils le saisîâeentj Tun à la gorge, Tâutrc par les épaules en 
lui doanaot des coups de genaux \ uu troisième lui applique 
des coupa de poings. Les costumes méritent une attention 
particulière. 

On lit sur rioscription ; 

tgomeitt m Slnttor^f «aint JfUxit fut prin* et Httw 
Dfi Urnns tt fîtréutrliUr ^tinit )»r irellt tiUr. 

C'est un fait rapporté par la tradition, comme 
les suivants. 

Deuxième sujet : Saint Paul donnant à manger à 
saint Pierre dans la prison de Théophile, 

Saint Paul pénètre dans cette prison en habit de tail- 
leur de pierres (tunique verte, une au m ô ni ère et une 
équerre à la ceinture), et lui donne un morceau de pain. 

Voici la légende écrite en quatre lignes : 

9omfnt m la priio bt tlfto^iliilt fatnt 
jfinu moiiTvit iïf fatn et N mif tt fut 
fol tn ffûbit He tnkiUnir Itti oit d ri) 
^n brnt rt ilona n b$\ft rt a man^irr, 



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.s^fiL 



LXgr.- 



CATHÉDRALE. 



Troisième su]et: Résurrection du fils de Théophile, 

Il sort de son tombeau les mains jointes, à moitié cou- 
vert de son suaire. Saint Pierre est à genoux; saint 
Paul se tient derrière et Théophile près du jeune ressus- 
cité. Six personnages dans le fond sont saisis d'étonné- 
ment. 

Les trois lignes suivantes se lisent en haut : 

doutent a la promesse 5e saint yol. S. 
yierre ressnxita le fils tt (Klféoiiliile 
(Htti aooit esté mort par JU^SSS ans. 

Quatrième sujet: Théophile faisant prêcher saint 
Pierre devant lui, dans une salle remplie de pei- 
sonnages attentifs. 

(îoment H^éoplfile fist esletier satt {lierre en raiere 
Daulte et (fonourable pour estre oen et ot| presrlfier. 

{Comment Théophile Jlt monter saint Pierre dans une chaire 
riche et élevée ^ afin qu'on pût le voir et l'entendre prêcher.) 

La troisième tapisserie, hélas! a été mutilée; 
néanmoins, étendue comme elle Test, elle repré- 
sente bien visiblement le Crucifiement de saint 
Pierre^ la tête en bas, lié avec des cordes. Près 
de lui se tiennent deux anges tenant, l'un une 
couronne, Tautre un livre ouvert. 



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JS BEAUTAÎS. 



tiétott assiste au supplice d^uti càié^ de l'autre sont 
pjaeéfi quatre hommes et une femme qui *paraïsseQt af- 

A la partie supérieure, deux anges présentent à J.-C. 
rame de saint Pierre sous la forme d'une petite figuré 
fSue. 

La légende est disposée en trois lignes : 

tlomtnt sait fitni fut Uiit (lit) en La rraU Ui |iiti etn 
gt lUij Itf angfUi lut ti|iportiia ronrane br tofirft ti br lif 

flft mq \mt au qutt il {\§nï tt qit'iE bisdt an ptuplr 

Nous retrouverons d'autres tapisseries dans la 
Basse-OËuvre, car il est peu d* églises en France, 
après Reims ^ qui en possèdent autant que la 
Cathédrale de Beau vais. 



Près de la Sacristie. 



Le mausolée du cardinal Toussaint de Janson- 
Forbin^ évèque de Beauvaisen 1676, mort en 1713, 
Ce portrait très ressemblant du prélat, en marbré 
de Carrare, est l'œuvre du célèbre sculpteur 
Nicolas Coustou. Il fut jeté avec des débris, 
en 1793, et heureusement rétabli en 1804. 



i 



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v^!r^'': . •• 



CAfMéDRALE. |§ 



. Une horloge datant du xiv« siècle. Elle carilloo- 
nait les hymnes du temps et un Noël, l.e clo- 
cheton eti bols, qui là côuroritiè, a été refait au 
xvi« siècle. 

Sous rhorloge, un Christ descendu de la croix 
entre les bi^as de Marié, sculpté en bois et sur- 
monté d'un riche dais de même style et de même 
époque (xvi« siècle). Up Ecce Homo polychrome 
et ûné imagé de la Sainte Pace, 

êùr les deux jprémiers piliers dli bâs-côté du 
<ifeœur, àù Nord, on lit l'épitaphé, sur mafbfê 
riôir, du chanoine Claudé-Hènfî (jôUJrrie, doyeâ 
oÉicîàl et gfàrid-vicaîre, alitelir d*lifië élégie latine 
sur là catastrophe qui àriéantit, en li^l, la mer- 
veille dé Béàùvàis, c'ést-â-dîre la flèche de la Ca- 
thédrale, mort le 1 1 février i6ô^. 

làm, de F'haHÇôîs de Catiôntie, diacre, prieUr 
et ëeîgiieur de Motlceàtix, chanôlâe, mort lé 
i5 avril 1659, ayant laissé des fôftdatiotis â la 
Cathédrale et à l^Môspiee des pauvres. 



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6o BEAUVAIS. 



r 



HORLOGE ASTRONOMIQUE 

(installée dans Vancienne Chapelle au Saint'Sacre- 
ment y à côté du Portail Nord), 



^Thef-d'œuvre incomparablement supérieur aux 
hiûrloges si renommées de Strasbourg ©t de Be- 
sançoQj elle a pour auteur M. Vérité, de Beauvais^ 
savaut digne et modeste, dont le génie mécanique 
a réalisé plusieurs inventions admirables : l'hor- 
loge électrique, les appareils à signaux pour les 
chemins de fer^ la transmission des mouvementa 
par rélectricité, etc. 

Le mécanisme de cette merveille d'art compte 
jusqu'à 90^000 pièces. Le meuble, exécuté sur 
les plans du R. P. Piérart, jésuite^ est du style 
roman, mouvementé de riches ornements byzan^ 
tins. (Hauteur^ 12' mètres; largeur, 6 mètres 12, 
et profondeur, 3 mètres 82.) 

La partie inférieure g^roupe 52 cadrans^ le mo- 
teur principal ou régulateur général, avec son 
échappement au centre de la lentille d'un pen- 
dule qui pèse 45 kilog., et j6 moteurs secon- 
daires. 



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CATHÉDRALE. 6t 



Le moteur central communique Le mouvement : i" à toutes 
les aiguilles chargées d'indiquer l'heure sur plus de vingt 
cadrans différents; 2*» au soleil et à la lune qui gravitent au- 
tour des globes terrestres ; 3* aux aiguilles qui indiquent 
le temps sidéral; 4* aux deux planisphères célestes; 5' au 
planétaire reproduisant les éclipses de soleil ; 6' aux ai- 
guilles du cadran répétiteur, placé derrière l'horloge; 
7*" enfin à Faiguille unique du petit cadran des secondes, 
posé, pour ainsi dire, sur le parquet de Thorloge, au 
dessous du pendule dont il compte les oscillations- 

Les moteurs secondaires, parfaitement indépendants du 
principal, quant au mouvement, ne reçoivent cependant 
que de lui l'ordre d'agir au moment donné. C'est à l'aide de 
ces moteurs multipliés que l'horloge indique les minutes 
et les heures du temps moyen sur le grand cadran supé^ 
rieur, portrait de N. S. d'un émail sans égal en grandeur^ 
accompagné de douze émaux plus petits représentant les 
Apôtres. Ce cadran est divisé en 24 heures ; l'aiguille des 
minutes £ût une révolution complète toutes les heures ; 
celle des heures met un jour à faire le tour. 

Baie du milibu. 

Le groupe de douze cadrans donne les indications du 
comput ecclésiastique, conformément au Calendrier grégo- 
rien : !• l'année du cycle solaire; 2* la lettre dominicale^ 
3» le nombre d'or, ou cycle lunaire ; 4*» l'épacte; 5* Tin- 
diction romaine; 6» l'heure du jour sidéral; 7* Téquation 
solaire ; 8* la déclinaison du soleil ; 9*» la longueur dcB 
jours et des nuits ; lo*" la saison ; 1 1* le signe du ^odiaqucr 
12* l'heure et la minute du lever du soleil; 13* Thcurc et 



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â 



4i 



ap4VVA|îi. 



ta miauu de Bon çû\|Ghcr; 14'' ïp jgur de |& îi$;;in^ini^i i j"" U 
pïanctçqui ^onuc sop nom à ce jour, 

Bj^t^ I^E DROITE. 

I* )^' observateur peut assister au phénomène du kyer et 
du coucher du soleil s'opérant s ou a ses yeux a Thcurc 
exacte; 3" voir Theure du méridien de Paris, et sur huit 
autres cadrans Fheure do huit grandes villes dont la lon- 
gitude est à Vouest de ïa capitale; f le quantième du mois et 
le nom du Saint que T Eglise honore ce jour-là, les années 
bissextiles étant prévues par Tartiste, 

BaIK: DE] OAtiCli&H. 

Âprè$ les phénomènes solaires, void : 1^ les phase» de 
la lune et le moment précis du paasage de cet astre au ma-- 
Fidîen de Beauvais ; 2* l'heure de Rome et Iheure de huit 
grandes villeg situées ù l'est ûc Paris ^ 40 les fêtes mobiles de 
chaque année, déterminées suivant Tin ci dence de Pâques» 
pour une période de ^00 ans. A Texpiration de ee terme, 
un simple déplacement prévu permettra au cadrao de r^ 
prendre ses fonctions pour trois aiècles encore- 

Façade latérale de droite. 

t^ Cadran planétaire suivant le système de CoperBia, 
pour indiquer Icâ éelipsed de soleil; 3^ au-dessous^ le pHé- 
Domène des marées s'aceomplit sous les yeux du specto- 
teur avec une apparence de vérité qui jette dans la stufiér 
iiction, exactement à la mime heure qu'au moat btiulr- 
M-ichel^ peint p^r M. Thierré*» de Beauvaift ; 9! l'aspeet au 
del à chaque heure et h ehaqur minute du temps frayes ; 



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P5^>vît^.-. iw.;! ••. 



CATHÉDRAI^E. 61 



4« le lever, le passage au méridien de Beauvais, et le cou- 
cher de chaque étoile pour chaque jour; 5* le temps pen- 
dant lequel chaque étoile restera sur Thorizon et le temps 
de sa disparition; 6* le phénomène de la gravitation des 
planètes exécutant leur mouvement dans les conditions 
normales et parfaitement régulières. 

Façade latérale de gauche. 

1° Cadran reproduisant toutes les éclipses 4e soleil qui 
doivent être visibles à Beauvais jusqu'à 1^ ^n 4u si^c)^ {ci 
au-delà, par un simple déplacement de rouages prévu); 
2* mêmes phénomènes des marées; le paysage seul a 
changé. On y reconnaît le port de Jersey et le château de 
Mpntorgueil; 3** nouvelles indications astronomiques sur 
le ciel austral au nadir de Beauvais, correspondant 4 celles 
du côté droit en les complétant. Ces planisphères c^lçsteSf 
oeuvre de M. Léon Fenet, de la Manufacture des tapisseries 
de Beauvais, sont des curiosités dans l'horloge. 

Toute cette partie inférieure de l'horloge est 
ainsi consacrée à la représentation des phéno- 
mènes astronomiques, à la mesure du temps et 
aux habitants de la terre qui se montrent en une 
cinquantaine de petites fenêtres, sous des types 
variés, afin de figurer tous les peuples du moqde, 
car c'est pour eux que le temps a^ été créé. Par- 
ticularité intéressante : les deux premières figu- 
rines, à droite, sont les portraits de M. Vérité et 
du R. P. Piérart. 



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64 BEAU VAIS. 



Partie Symbolique (Scène du Jugement). 



Dans le principal cadran , les aiguilles qui me- 
surent à chacun des mortels sa portion du temps, 
partent du cœur de Jésus-Christ, parce qu'il est 
le maître de la vie et de la mort. Mais il est aussi 
le juge de remploi qui a été fait de ce temps ra- 
pide et mesuré. L'édifice supérieur, ou cité céleste 
défendue par huit tours, met en scène le juge- 
ment que chacun devra subir, à son heure, lorsque 
le temps aura fini pour lui. 

Dans la pensée de l'artiste, la vie humaine re- 
présente le cours des siècles et chaque vie est ré- 
sumée par une heure. Chaque âge de la vie dure 
donc un quart d'heure et vient prendre place, en 
avant du tionjon, pour être bientôt victime de la 
mort et jugé sur l'emploi de son temps. 

Après que l'heure a sonne, on voit sortir d'une grande 
baie un gracieux enfant qui joue au bilboquet ; il s'arrête 
pendant un quart d'heure et disparaît. La cloche â*appe un 
coup donnant le sol. 

Au deuxième quart (deux coups : sol, fa)y c'est le jeune 
homme tout entier à se? études. 

Au troisième quart (trois coups : sol, fa, mi), un guerrier 
en armes, emblème de l'âge mûr. 



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^^^m^i^^- 



CATHÉDRALE. 65 



Au quatrième quart (quatre coups : 5o/, fa, mi, ré), la 
vieillesse portant une lourde aumônière pleine d'or que la 
mort va bientôt lui ravir. 

Un instant avant que la cloche sonnant ïut 

compte les heures, le coq placé sur la croix qui 

domine la grande arcade trilobée, agite les ailes, 

' la queue et la tête, et répète trois fois son garde 

à vous ! 

C'est l'emblème de la vigilance qui avertit de se tenir prêt, 
car on ne sait si c'est le soir, au milieu de la nuit, ou au chant 
du coq, au matin, que le maître viendra. (S. Marc, XIII, 35*) 

L'heure sonne et le Christ, assis sur un arc-en- 
ciel, dans sa gloire, entouré d*anges, leur donne 
le signal d'annoncer au inonde que le temps est 
achevé. Ils portent leurs olifants à la bouche et 
font entendre le son de la dernière trompette. 

Plus bas, les statues d'Adam, de Noé, d'Abraham 
et de Moïse, ainsi que les quatre grands pro- 
phètes Isaïe, Jérémie, Ezéchiel et Daniel, placés 
sur des tours que soutiennent les quatre animaux 
symbolisant les Evangélistes, se tournent vers 
Dieu. Deux anges portant les instruments de la 
Passion font aussi un demi-tour^. Tout est dans 
l'attente. 

Alors les personnages qui figurent les divers 

5 



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À 



^^•'^^r^ 



1S6 BEAUVAIS. 



peuples du monde, disparaissent des fenêtres de 
la cité comme frappés par la mort, et Ton voit, 
il leur place, des flammes sortir de toutes les ou- 
vertures : la destruction est générale, venturus est 
judicare sœculum per ignem. Le jugement com- 
mence. 

A la droite du trône du souverain Juge, réservée à la' 
Vertu, le meuble est orné de fleurs épanouies, tout y res- 
pire le bonheur et la vie ; tandis qu'à la gauche, il n'y a 
qu^emblèmes de souffrance et de damnation. Il n'y a pas 
jusqu'aux damiers qui restent sans jetons : la partie est 
jouée et perdue sans espoir. 

Apparaît le juste ou la Vertu, sous la figure d'une jeune 
ËUc couronnée de fleurs ; elle vient se placer devant Dieu, 
attendant Tarrêt suprême. La sainte Vierge et saint Joseph 
sont à genoux aux pieds du juge dans une attitude sup- 
pliante. Uarchange saint Michel, tenant une balance, pèse 
le bien et le mal ; la balance trébuche du côté des bonnes 
actions : le Christ donne sa bénédiction. Aussitôt un ange, 
jouant de lamandoline> vient prendre la Vertu et la conduit 
dans [c Ciel au son d'une délicieuse harmonie, dont les 
airs empruntés aux cantiques de Neukomm, ou à la liturgie 
sacréCj varient chaque jour de la semaine. 

Après la Vertu, le pécheur ou le Vice apparaît à son tour 
dans toute sa nudité et sa honte. Il vient par ime baie op- 
posée prendre place à son tour devant son juge, La sainte 
Vierge et saint Joseph intercèdent encore; mais cette fois 
la balance de saint Michel trébuche du côté gauche. Alors 
Dieu, par le mouvement de la tête et des bras, repousse le 
pécheur. Un diable hideux, arméd*un trident, vient prendre 



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GooQk / . ' 



CATHÉDRALE. 67 



le coupable et le conduit en enfer au bruit du tonnerre. Le 
sort est fixé pour l'éternité ! 

Le jugement terminé, les flammes disparaissent 
des baies au-dessous de la galerie; les peuples 
reprennent leur place et les diverses statuettes 
reviennent à leur première position. Cette scène 
doit se renouveler d'heure en heure, seulement â 
partir de midi jusqu'à cinq heures. Avis aux visi- 
teurs; ils devront se présenter quelques minutes 
avant les heures précitées, pour voir le fonction- 
nement que nous venons d'indiquer. 

(S'adres$er au gardien^ dans la cathédrale^ ou à 
son domicile actuellement rue de VEvêché^ 42^ en 
face du portail septentrional. (Prix, 5o cent,, et 
seulement 25 cent, les samedis et dimanches,) 



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'^V^f^ 



68 BEAUVAIS. 



TRANSEPTS. 



JSles transepts ont une longueur de 58 mètres 70 
et une largeur de 14 mètres. Les dates de i55o 
et 1557 sont écrites sur l'intrados. A droite et à 
gauche de chacun des portails, en face de l'unique 
travée étroite de la nef, sont disposées des cha- 
pelles dont nous parlerons. Le côté opposé appar- 
tient à l'architecture du xiv« siècle. Les quatre 
piliers de la travée centrale, rétablis après la 
/n^ *ij^, chute du clocher, en 1573, ont de larges canne- 

y .^ i lures évidées; Ténormité de leur masse est dé- 

i.ii} • V 'i ^ guisce par leur longueur qui atteint, d'un seul jet, 

I jusqu'aux voûtes. Sur l'un d'eux est adossée la 

chaire à prêcher (fin du xvii® siècle), soutenue par 
deux caryatides et provenant de Tabbaye de Saint- 
Lucien, près Beauvais. Des sculptures représen- 
tant saint Lucien, saint Julien et saint Maxien 
occupent trois des panneaux de cette chaire. 

Uhorloge, placée au-dessus banc-d'œuvre, vient 
de la tour de l'église Saint-Sauveur, à Beauvais. 
Elle a été accordée à celle de Saint-Pierre, sur la 
pétition des habitants de la ville, pour l'utilité 
générale, le 2r décembre 1800. 



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CATHÉDRALE. 69 



Tapisseries exposées sur le mur servant de clôture 
à la nef. 

Deux sont du xv« siècle et les autres du xvii«'. 

Près du banc-d'œuvre, à sa droite, une tapis- 
serie de 1460 (2 mètres 65 sur 3 mètres 38), re- 
présente la Vie de saint Pierre, en quatre compar- 
timents séparés, non plus par des arbres comme 
dans les précédentes tapisseries, mais par des 
colonnes d'architecture gothique. 

Premier compartiment : Vision de saint Pierre, 
à l'heure du repas, dans la maison d'un cor- 
royeur de Joppé, ville de Palestine. (V. Actes des 
Apôtres, ch. X, v. 1-22, et XI, 5.) 

Son costume est semblable à une chappe avec orfrois en- 
richis de pierreries. Au-dessus de lui, deux anges tiennent 
une nappe renfermant cinq des animaux nommés impurs 
par le Lévi^ique (chap. XI), un épervier, un hibou, un 
chien, un lion et un lézard. Petre occide et manduca : Pierre, 
tuez et mangez, dit Tinscription placée sur une colonne, 
en avant d^ne tourelle moyen-âge. 

Au haut du tableau on lit : 

(Moment %. pierre en la maiso Simon le roriaire 

ilit le riel outiert et les agéles lui an^iortans 

Kng linrlfeul piax ht btiUs or^es et oenimeuses po mengier* 



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I 



"^r^ 



^^ 



70 BEAUVAIS. 



Deuxième compartiment : Baptême de Corneille. 

Saint Pierre réfléchissait sur ce que pouvait être cette 
visîDci, lorsque tout à coup arrivent chez lui trois hommes 
qîii le demandent de la part de Corneille, ofiBcier de la gar- 
nison romaine à Césarie. Il part arec eux. Le lendemain 
U arrive chez Corneille qui se prosterne aux pieds de saint 
Pierre et reçoit le baptême (V. Actes des Apôtres, ch. X, 
V. 33-47). Là* encore, d'heureux anachronismes nous mon- 
trent dans les onze personnages, hommes et femmes, qui 
suivent Corneille et saint Pierre des costumes en usage au 
XV* siècle, tels que les artistes les avaient sous les yeux et 
un édifice d'architecture ogival selon Tépoquc. 

Du haut du ciel, l'Esprit-Saint descend sur tous ceux 
qi3i écoutent saint Pierre, en forme de rayons de lumière 
qui dardent. 

Au-dessus on lit : 

fiSomtut U f aitit ff6|irit (ei rniM fitf domilU cëtutiQ et fa famille 
iatt yietre puatïtani Henaitt luq. 

Troisième compartiment : Emprisonnement de 
saint Pierre par les ordres d*Hérode. 

Le premier fait, relatif à la vie de saint Pierre, que rap - 
porte le Livre des Actes, après le baptême de Corneille, est 
l'emprisonnement de Tapôtre à Jérusalem. {Actes des 
Apôtres, ch. XII, v. 3 et suiv.). Hérode Agrippa (petit-fils du 
vieil Hérode, sous qui est né Jésus, et neveu du deuxième 
Hérode qui fit décapiter saint Jean-Baptiste), avec toutes 
les marques distinctlves de l'autorité royale, donne l'ordre 



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CATHEDRALE- fl 



de garrotter le Saint dans la prison même du palais. Dcft 
sentinelles gardent l'entrée. Leurs armures sont: y ne hal- 
lebarde, une pertuisane, une pique, une lance. Un ange 
vient réveiller le captif et le presse deaortiraiî plus vite; 
son costume appelé mi-partie fol longtemps de mode en 
France. 

L'inscription porte : 

doment en la priaon ht %txùht sait fitttt aptmoit tnlxt ïifui 
rl)lrs (dimaliers) et Vm%ilt te frappa pat le îùèïL 

La série de mots pax (paix), semés à profusion 
dans cette tapisserie, rappelle qu'au moment où 
Guillaume de Hellande fut éievé à Tépiscopat, Ja 
guerre avait cessé entre la France et l'Angle- 
terre.. 

Aux quatre coins, les armes du donateur et ceux 
de sa cathédrale sont entremêlées. 



A LA GAUCHE DU BaNC-d'ŒuVRE- 



Un sujet profane (3 métrés 58 sur 2 mètres ri) 
qui ferait suite à ceux que nous avons vus près de 
la sacristie. C'est Rémus, prince gaulois , fils 
de Nannes, vingt-troisième roi des Celtes, chef 
de la colonie des Remi^ fondateur de Reims, don- 



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72 BEAUVAIS. 




nant sa fille en mariage au roi Francus, fils 
d'Hector le Troyen. 

Cette allégorie, toute symbolique, représente la 
fusion de deux peuples et nous rappelle le temps 
de Tinvasion des Francs, où les Gaulois, sous les 
traits du vieux Rémus, cèdent leurs droits, leurs 
provinces et leur nom pour faire place désormais 
a une nation jeune et nouvelle, figurée par 
Francus, Les deux premiers noms de la monar- 
chie française, Clovis et Rémus, viennent en eflfet 
se rattacher à cette idée. Peut-être n'est-ce là 
tout simplement qu'une allusion au second ma- 
riage de François I®*" avec Eléonore d'Autriche, 
qui eut lieu précisément Tannée de la fabrication 
de cette tapisserie (i53o) ou même qu'un emblème 
de son sacre. 

Rémus, revêtu d'un manteau royal, assez semblable aux 
chasubles anciennes, garni d'une épi toge d'hermine, tient 
de la main gauche- un sceptre fleurdelysé, et, de l'autre, il 
prend la main de sa fille pour la présenter à Francus. La 
fille de Rémus porte une robe à queue traînante, à manches 
tailladées et bouffantes. Derrière elle viennent trois sui- 
vantes en robes à vertugadins avec coiffes paillolées et sou- 
liers à la guimbarde, puis un soldat cuirassé ayant une 
bourguignotte sur la tête, et enfin un porte-bannière pa- 
naché, présentant un étendard aux armes : de gueules à trois 
couronnes d'or, deux et un. 

Francus est couvert d'une cuirasse et d'une chlamyde, la 



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CATHÉDRALE» 73 



tête ceinte d^une couronne ducale. Deux écuyers condui- 
sent son cheval ; une troupe de cavaliers^ revêtus en par- 
ticulier du garde-col qui venait d'être inventé pour ren- 
forcer le gorgerin» suivent en sonnant de la trompette. Une 
petite bave rôle attachée à cet instrument porte : de gtteules 
au lion efor, couronné de même, armé d'une hache d^a^r. 

La scène se passe sous les murs de Reims- on 
n'a pas oublié parmi les édifices de la ville, la belle 
métropole au portail proverbiaK A quelque dis- 
tance de la ville se dresse un appareil patibulaire- 
En pareille circonstance, que signfle-t-il, sinon 
la réforme sévère que François K apporta dans 
le cours de la justice, ou bien n'est-il placé là sim- 
plement que comme signe de haute puissance? 

On lit au haut du tableau : Rains^ et au bas : 

Hprffi que i'arrlfe uni Ijaui motis rtpoiia 
f rannt« &'$(rl(ir fîlf lu ntlf rspott&a 
fîmnï 3. $. S. lots cirnicnîii U nom 
î'ûiT mil jJM' ^^nf^ jatois 
Hu rott |lem»ft Ijttit nni jlgl^^iEIE U% 
pt ptis framuys cDurtoise tioJion. 

(i 767 ans après que l'arche se fut élevée sur Us hautes mon- 
tagnes^ tt 1 190 ans avant J.-C^ Francus Jïls d'Hector épousa 
ta fille du roi Rémus. Alors commença le ttom des Français j 
Ttaîion courtoise,) 

Inutile de le répéter, dans toutes ces tapisseries 

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74 BEAU VAIS» 



du XV* siècle, on voit de nombreux exemples de 

l'ancien costume civil, militaire et religieux, que 
peuvent étudier en toute sûreté les amateurs et 
les artistes. 



Cartons de Raphaël. 



Huit grandes tapisseries (5 mètres 35 de long), 
choisies pour représenter, quatre d'un côté la Vie 
de saint Pierre, et quatre de l'autre côté celle de 
saint Paul, patrons de la cathédrale, proviennent, 
non pas des manufactures de Flandre , mais de 
Beauvaiâ même. Elles sont exécutées en basse Hce 
avec un talent extraordinaire; aussi valurent-elles 
à Fhabile et actif Bébaclcj deuxième directeur de 
la Manufacture de Beauvais, les éloges de la cour 
et la visite de Louis XIV. 

Cest à la prière de Léon X que Raphaël composa 
la magnifique suite de sujets que nous admirons. 
On a copié à Beauvais les cartons conservés au 
palais d'Hamptoncourt , en y ajoutant pour la 
symétrie une huitième scène : Saint Paul terrassé 
sur le chemin de Damas. Nous ne nous arrêterons 
pas à faire ressortir le mérite de ces chefs-d'œuvrep 
On sait que les costumes y sont grecs et romains. 



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k 



CATHÉDRALE. yj 



mais drapés avec un art infini et exécutés de même. 
Malheureusement, le temps a déjà altéré Thar- 
monie de quelques couleurs. 

Première tapisserie, près du portail méridional, 
Pêche miraculeuse^ d'après saint Luc, ch. V, sur 
le lac de Génésareth, après la prédication que 
Jésus venait de faire de dessus la barque à la foule 
qui se disperse. 

Capharnaûm disparaît dans le lointain. Pierre se jette 
aux pieds du Sauveur, André eât dans la surprise, Zébôdée> 
avec ses deux fils Jacques et Jean, soulèvent un filet rempli 
de poissons. Jean semble jeter vers Jésus le plus affectueux 
regard. 

. Deuxième tapisserie : Mortd'Ananie.(Act. ch. V,) 

Ananîe avait cru pouvoir, de concert avec sa femme Sa- 
phire, cacher aux Apôtres le prix d'un champ qu'ils avaient 
vendu, et avoir ainsi tout à la fois Thonneur de la vertu de 
désintéressement et le prix de leur vente. Ils étaient donc 
convenus de ne porter aux Apôtres qu'une partie de leur 
argent et de se réserver l'autre. Or, c'est au moment 
où le mari allait déposer son argent sur la table que 
tout-à-coup, à la parole de saint Pierre indigné d'une telle 
conduite, il tombe à la renverse. « N'étiez-vous pas libre de 
votre fonds, lui dit saint Pierre, et ne Têtes-vous pas encore 
du prix que vous l'avez vendu?... C'est à Dieu que vous 
avez menti et non aux hommes. » Entendant ces mots 
Ananie tomba et expira. 



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76 BEAUVAIS. 



Tous les asaîBtants» Apôtres et fidèles « sont frappés d'c- 
pouvaote. Ananie est gisant tout près de la table sur 
laquelle il venait de poser son argent. Sa femme, qui ne 
sait encore rien de ce qui se passe, est tout occupée, dans 
un coin du tableau, k compter les pièces de monnaie d'une 
main dans Tautrc^ avec une joie secrète qui prouve que le 
peintre savait saisir la. nature sur le fait 

De l'autre côté du tableau, sont deux Apôtres qui dis- 
tribuent des aumônes. L'un d'eux fait à un de ceux qui 
reçoivent un geste comme pour lui recommander d'en faire 
bon usa^e. 

Troisième tapisserie : Boiteux guéri à la porte 
du Temple, (Actes, ch. III, v. r et suiv.). 

D'une extrémité à l'autre s'étend le vaste édifice du 
Temple. Au milieu, devant la Belle-Porte, se trouvent les 
personnages principaux : saint Pierre et saint Jean qui 
vont entrer et un homme boiteux les conjurant de lui 
donner l'aumône. Pierre lui dit : * Je n'ai ni or ni argent, 
mais ce que j'ai je te le donne : au nom de Jésus de Naza- 
rethi lève— toi et marche. » Le moment précis que Raphaël 
représente est celui où Pierre, invoquant sur ce malheu- 
reux le nom de Jésus, lui tend îa main pour le relever. 
Tous les assistants ont des regarda d'étonnemcnt et une 
variété d'expression vraiment remarquable. 

Quatrième tapisserie : Jésus instituant saint 
Pierre chef de l'Eglise. [Evang. de saint Jean, 
ch, XXIj V. I et suiv,) 

La barque est abandonnée dans un coin du tableau. Le 



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CATHEDRALE. 77 



divin pasteur, ressuscité, est debout auprès des agneaux 
et des brebis, figure du troupeau qui va être confie à 
saint Pierre. Jusqu'à trois fois, Jésus lui dit : Pierre, 
m'aimes-tu? et toujours Pierre, les mains croisées sur son 
cœur^ répond qu'il l'aime. . . Pais mes agneaux, pais mes 
brebis, les fidèles et les pasteurs mêmes. Jésus lui montre 
le troupeau et Pierre tient les clefs entre ses mains. Cette 
scène se passe devant les Apôtres. Jean se fait remarquer 
parmi les autres* par des démonstrations plus vives. (Pour 
respecter l'ordre chronologique des faits, cette tapisserie 
devrait être placée en seconde ligne.) 

Cinquième tapisserie : Saint Paul converti sur 
le chemin de Damas, {Actes^ ch. IX.) 

Environné et frappé tout-à-coup d'une lumière céleste 
lorsqu'il courait à Damas pour ramener des chrdtiens en 
prison à Jérusalem, il entend la voix du Seigneur qui lui 
crie : Saul, Saul, pourquoi me persécutes- tu ? — Qui ctea- 
vous, Seigneur^ — Je suis Jésus que tu persécutes. 
Son cheval, effrayé, s'échappe. Les hommes de sa cohorte 
se couvrent de leurs boucliers, ne pouvant supporter 
réclat de la lumière du ciel. Dans le haut du tableau, 
une vue de la ville de Damas. 

Sixième tapisserie : Conversion de Sergius 
Paulus et aveuglement du magicien Elymas. [Actes 
desApotreSy chap. XIII, v. 6 et suiv.) 

La scène se passe à Paphos, ville capitale de Chypre, 
dans le prœtorium du proconsul romain Sergius Paulus. 



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à 



^ BJSAUVAIS. 



Celui-ci avait Ml venir Baiût Paul et saint Barnabe paur 
le& entendre exposer Jes dogmes de leur rdigion; mais un 
certaiû Elymas ou Barjésu, magicien de professioû, combat 
la doetrioe des Apotreg. Paul lui reproehc ses fourberies « 
et, pour preuve de la vérité de l'Evangile, lui déclare qu'il 
va perdre la vue. En effet, il devient aveugle et cherche en 
tâtonnant à se dérober. Tous les spectateurs sont efiTrayés 
et s'assurent de la réalité du prodige. Sergiuâ n'hésite 
plus à croire et à embrasser le ohristianisme. 

Sous les pieds du proconsul, un cartouche porte cette 
inscription latine : L. Sergivs Faûlvi^ Asiœ procès, chris^ 
tianam fidem amplectitvr Savtî prœdicatione. (Sergius Pauîua, 
proconsul de TAsie^ embrasse la loi çh rétien uc à la pr^ 
dication de Saul. 

Septième tapisserie : Saint Paul au milieu de 
r Aréopage, (Actes des Apôtres^ çh^p, XVII, v. i6 
et suiv.) 

Quelques philosophes stoïciens et épicuriens menèrent 
un jour saint Paul à l'Aréopage d'Athèace- C'était une 
place publique^ près du temple de Mars, où les causes cri- 
minelles en matière de religion se décidaient sans appeK 
Saint Paul prit alors pour texte de son discours T inscrip- 
tion : Au Dieu inconnu^ qull venait de lire sur un autel, et 
il se mit à leur parler tout au long de la nature de Oieu, 
de sa providence et de ses œuvres. 

La pose inspirée de i' Apôtre, l'impressioD qu'il 
produit sur ses auditeurs plus ou moins faciles à 
confaincre, l'élègaoce avec laquelle il e^t drapé. 



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CATHEDRALE. 75 



les attitudes diverses de tous les personnages, font 
de ce tableau une des œuvres les plus accomplies 
de Raphaël. 

Huitième tapisserie : Saint Paul et saint Barnabe 
pris pour des dieux. (C'est la scène du Livre des 
Actes, ch. XVII, V. 6 et suiv.) 

Les deux Apôtres arrivant à Lystre, pour prêcher, gué- 
rirent un malheureux estropié de naissance. Frappés d'un 
tel miracle, les Lystriens les prirent pour des dieux» et se 
disposèrent à leur immoler, malgré eux, des victimes. 

On voit saint Paul s'opposant de tout son pouvoir à cet 
acte d'idolâtrie. Derrière lui, saint Barnabe, les mains 
jointes, supplie le Ciel d*empêcher cet acte superstitieux. 
Les nombreux sacrificateurs retiennent leurs victime s au 
milieu de la foule* Un tauroau orné de guirlandes est sur 
le point de recevoir le coup de hache. L*estropié guéri re- 
garde avec effusion saint Paul et lui témoigne la plus vive 
reconnaissance. Un vieillard incrédule s'assure que le 
perclus est bien guéri. 

Il y a là une variété prodigieuse de caractères 
et de sentiments parmi les personnages de ce 
tableau. 

(Ce fait s'étant passé neuf années avant la prédi- 
cation de saint Paul à l'Aréopage, la transposition 
de ces deux dernières tapisseries ferait un classe- 
ment plus logique.) 



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8b ' BËAUVA15. 



Transept méridional* 

De chaque côté des portes, comme au portail 
du Nord, on remarque des niches ogives fleuries, 
à fronton aigu, dont les rompants sont chargés 
de feuilles recourbées. 

Le porche intérieur, édifié en i83! (celui du 
Nord en 1834), sur le.s données de M. Itamel, est 
surmonté de trois tableaux : Martyre de saint 
Jacques-le-Majeury école de Lebrun; Repentir de 
saint Pierre ; Pêche miraculeuse, 
^ Rosace^ — Elle représente la Création et ï His- 
toire du peuple juif f ou les grands événements qui 
s'accomplirent depuis le commencement du 
monde jusqu'au séjour des Israélites dans le 
désert. 

DieUy au centre, est environné de fies oeuvres figurées dans 
les six compartimeots qui entourent le centre de la rose. 
Tout ce qui appartient au Ciel ou à Talr est placé dans 
ceux du haut^ tandis que les créatures qui vivent sur la 
terre ou dans k mer se voient dans les divisions infé- 
rieures. 

Les compartiments extérieurs^ c'est-à-dire ceux qui en- 
tourent la cir conférence de la rosace ^ sont consacrés à 
rhistoirc des hommes, D^abord les Anges, habitants du 
Paradis céleste, garnissent les snbdivisions supérieures; 



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Portail MÉniDio^iAL un la Cathédhale Sr-PiEftWE 



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^WiWP 



CATHÉDRALE. et 



à coté, vers la droite, nos premiers parents tentés par le ser- 
pent; Adam et Eve chassés du Paradis terrestre; Adam et Eve 
après leur expulsion ^ Tun cultivant la terre, Tau ire tenant 
un petit cnfaût sur ses genoux. 

Nous sommes transportés ensuite au Déluge. L'arche de 
Noé est armée comme une citadelle \ une colombe tient 
dans son bec trois épis de blé, au lieu d'une branche d'o- 
Jivicr. Puis on remarque la Tour de Babel, composée de 
cinq étages à diamètres inégaux; le Sacrifice d'Abraham-^ 
c'est un chef-d'œuvre qui nous montre les costumes du 
temps de Henri II ; la Bénédiction donnée par Isaac à Jacob, 
en présence deRébecca^, le fils bien-aimé de Jacob, Joseph 
jeté dans une citerne; Moïse devant le buisson ardent; ta Manne 
dans le désert, recueillie par des Hébreux, 

Au-dessous de la rosace, cinq petites arcades, à plein- 
ceintre, offrent Timage colossale des prophètes. En com- 
mençant par la gauche, ce sont d'abord les cinq grands : 
David, Isale, Jérémie, E^échiel, Daniel^ puis les petits pro- 
phètes i Oséct Amos, Miehée^ Zacharie et Malachie^ Sur la 
bande tenue par Amos, on lit le nombre 1551, époque à 
laquelle les vitraux ont été peints. 

Cette série de prophètes surmonte une galerie présen- 
tant, à rintérieur comme à Textérieur de Tédilice, dix ar- 
cades qui occupent toute la largeur du transept. Celles du 
dehors seules ont été garnies de vitraux; les autres sont 
restées entièrement ouvertes. Cette galerie est consacrée 
aux patrons de la Cathédrale, saint Pierre et saint Paul , 
aux quatre évangélisles et aux quatre grands docteurs de 
TEglise latine. On prétend que la figure de saint Mathieu 
est le portrait de Tartiste qui a peint ces magnifiques ver- 
rières à Beauvais. Ses initiales sont indiquées N. L. P,, 
mais on ne sait au juste si c'est Nicolas Le Prince ou 



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mmmmmiÊmB 



r 



$« B£4UVA1S. 



Nico1«9 Le Pot, tous deux peintres-verriers de fieauvmi&. 
Deux fois, sur dea philactèrcs» on lit la date 1551^ On a 
rcconau dans la tête de saint Luc le portrait de Femel, 

médecin de Henri ÏL 



CHAPELLIt DES MORTS 

autre/ois de Saint-Pierre et de Saînt-Pauî, en face 
de ta Chapelle du Sacré-Cœur. 



Quelques colonnes de marbre noir, provenant 
de Tancien jubé, ont servi à transformer rautel. 

Le tableau qu*elles renferment représente une 
Descente de la croix, école de Rubens, souple de 
ton* Il a été restauré en 1845 parAmédée Dupuis. 
Charles de Lafosse en est Fauteur. 

Les vitraux f du xti^ siècle, sont remarquables, 

r'* fcnotre, celle du Midi : Saint Pierrt, tenant les clefi^ 
symboliques, occupe la première grande division, et saint 
Paai, écrivain inspiré, s'appuyant sur l'épée qui trancha sa 
tcle, occupe la seconde. Au sommet du dais de saint Pierre, 
on remarque sur un cartoyche ïa date de 1551, la mcme 
que celle ûcé vitraux de la rosace méridionale, peints par 
NicolaB Le P... AU'ij^eeuus des Apôtres, or retiouvclc^ 
armes du Chapitre, Le Père éternel apparaît, dans la plus 
èlcvce des divisions flamboyantes, avec le costume des 
Souverains Pontifes. 



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Portail septentrional de la Cathédrale St-Pierre 



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CATHÉDRALE. 83 



[ 



a' fcnctre : Vitrail de saint Jean tE¥angètist€t tenant 
dans sa main gauche un calice surmonté d'un dragon, 
emblème du poi&on'qué la coupe f:ontenait loraque le saint 
apôtre la but, pour convertir Ariatodème, prêtre des idoles. 
Au bas, on voit le portrait des donateurs Jean Vast et de 
&a fommei à genoux, les mains jointes. Nous avons dit 
quUl fut Tun des conatrucCeurs du transept de la Cathé- 
dralc> U a été enterre dans cette chapelle. Un lui a donnai 
un écusson au champ d'or^ dans lequel est peint un marUau 
dt tablty dÈrement surmonté d'une couronne , avec les 
Initiales J. et W. Au haut de ce vitrail, dans fea petites 
divisions de J'ogive, on voit Jénu% c^unifié entre les deux 
lurons dont pafle l'Evangile. 



Transbpt septentrional. 



Tableau au-dessus du portail Nord : Jé&us gué^ 
rissant les malades, école de Jouvenet (1644-1717), 

Au bas on lit rindication des sources où Tartiste 
a puisé fia composition : en Saint Mathieu^ ch. XIV, 
Charles Blanc, dans son Histoire des Peintres de 
toutes les écoles depuis la Renaissance jusqu'à nos 
jourSt à Tarticle Jouvenct, a fait la descriptioQ df 
ce tableau magistraL ' 

Rosace, — La verrière est moins intërcësantâ 
que celle d'en face. 



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T 



84 BEAUTAIS. 



On voit la figure d'un soleii d^or^sur une surface 
circulaire d'où s'échappe une multitude de rayons. 
Au-dessous de cette rose, s'ouirrent, comme au 
portail du Midi, jcinq baies ogivales renfermant 
chacune deux arcades à plein-cintre surmontées 
de trois petites divisions. Celles-ci contiennent 
une tête de Séraphin couleur de feu, munie de six 
ailes. Dans chacune des arcades on remarque une 
sibylle. Au moyen-âge on croyait à i*inspi ration 
des sibylles; on leur attribuait une foule de pré- 
dictions relatives â la vie du Sauveur. Aussi ne 
faisait-on pas difficulté de placer leurs images 
en regard de celles des prophètes. 

La première tient de la droite une branche de roaicr. 
L'inscription a disparu- L^ deuxième, sibylle Cumane^ porte 
sur une serviette étendue un pain ou un gâteau doré, sang 
doute en prévision de Tâge-d'or. La troisième, dont le nom 
a été briséT tient obliquement une crècfae d'or. La qua- 
trième, sibylle de Perse, tient une lanterne cylindrique, 
figure de la Conception ou de la Nativité du Christ venu 
pour éclairer le monde païen. 1-a cinquième, sibylle Lybique, 
porte une torche allumée, symbolisant la manifestation de 
Jésus aux Gentils, La sixième, sibylle Cinérie, a pour at- 
tribut une espèce de corne; elle aurait prédit Vatlaitement de 
Jésus par la sainte Vierge. La septième^ sibylle Tiburtine, 
lient un gant ou urie main, parce qu*elle annonça que Jésus- 
Christ serait soufficté par les valets d'Hérode et de Caiphe, 
La huitième^ sibylle Europe, a dans la main droite une 



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WWT^ 



CATHÉDRALE. 85 



couronne d'épines et dans la gauche trois clous. La neu- 
vième, sibylle Frigée, tient des deux mains une forte co- 
lonne en pierre, surmontée d'un élégant chapiteau, pour 
rappeler la flagellation du Sauveur. La dixième, sibylle 
Hellespontine, tient une croix pascale ou de résurrection. 

C'est Tœuvre de Jean Le Prince et de Nicolas 
Le Prince, en iSBy. 



Chapelle du Sacré-Cœur. 



Le retable, genre Louis XIII, qui supporte une 
statue du Sacré-Cœur et les boiseries provien- 
nent de Tancienne église de Saint-Laurent^ à 
Beau vais, et furent placées en i8o3- 

Une association du Sacré-Cœur dé Jésus a été 
établie dans cette chapelle le 23 juin 1 80 3. 

Deux tableaux sont pendus sur les murs ; 

i* Les disciples d'Emmaûs de couleur convenue. Sur le 
bord de la nappe on lit le nom de l'auteur : Alauperin, 178^, 
et vers l'angle inférieur : nettoyé et mis h neuf par Pavic^ 
peintre, en 1835. 

2* Le Christ mort, bonne copie d'un des chefs-d^'oeuvre de 
Philippe de Champagne, signée Lejeune. Le peintre a 
écrit sur la tranche de la dalle de pierre les versets 5 et 4 



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à 



8€ DEAOVAIS- 



du VI* chapitre de VBphrt éeiaint Pau! auxRomaiïis .- Qki- 
cttmquê èaptij^ati aumus in ChrUtù Jcsu, in morte ipsiua bapti- 
^aii sumus; consepulit enim mmus cum iUo per taptismum in 
moritm. (Noua avons été baptisés en Jésua-Christ, ense- 
velis avec lui par 1c baptcme pour mourir au péché.) 

j* Deux statues mûdernes sur les piliers d'entrée : une 
Vierge Immaculée, qu pierre, de Bouchardon, et ^ûint Jean 
PEt^ngélitie, T apôtre du Sacré-Coeur, de M. Froc* 

Les vitraux splendides rappellent ceux de 
l'église Saint-Etienne de Beauvais. 

La fenêtre flamboyante, pratiquée dans le mur 
de l'Ouest^ et qui a pour décorateur Engrand Le 
Prince, renferme : 

f • Une Descente de croix ou Notre-Dame de Pitié. 
û* Saint Louiez rûi de France, présentant le danaieur, 
Louis de Roncherolles, dont les armes sont : EcarteU^ au 

premier et au quatrième, d^argent à deux fasces de geules, àu 
deuxième et au troisième d'argent à la croix de gueules char^gée 
de cinq coquilles et sur le tout d'or au lion de sable. 

Ou a rapporté au haut du compartiment ic blason de la 
famille de Marigny t D'azur à deux fasces d*argent, 

^' Saint François d'Assise présentant la femme du donateur, 
Françoise d*Halluin. Sur le nimbe du saint patron de la 
donatrice, on lit : lan mil v* ixu dvrant la pahiwf, 
Gttgr. - -e. .ant mort ceste vehrière. 

Dans Tinte rieur de la trilobure de J'arcadc, on a placé Icfi 
armoiries de Tévêché : D'or à la croix de gueules cantonnée 
de quatre clefs de même. 

Dans les petites divisions de Tarcade principale, on a 



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CATHÉDRALE. 87 



mis après coup les armes de Rou ville : IXaj^ur semé de hilletus 
dtor à deux bras adossés d'argent^ et un autre blason r D'or à 
la croix de gueules, écartelé de gueules au sautoir d'argent. 
4*» Le Couronnement de Marie et sa Glorification. 

La fenêtre, en partie cachée par le rétable de 
Fautel, représente : 

I» Un Crueiflemênt de Notre Sauveur, peint par Engrand 
Le Prince, d'après Albert Durer. Au-dessus est un écu en 
iQsange supporté par deux anges, avec les armoiries : 
f^artû le premier j d'argent à deux/asces de gueules coupé d'ar- 
gent à la croix de gueules chargée de cinq coquilles d'or, le deux, 
^argent à irais lions dé sakle couronnée d'or et sur le tout parti 
(torplain et d'août à lafasce d'or. 

2* Saint Hubert, évêque de Maastricht et de Liège, au 
VII* siècle. Le patron des chaaseurs est représenté à ge- 
noux devant la croix qui s'élève sur la te te du cerf mira- 
culeux. L'étole tenue par un ange <;st celle qui fut apportée 
du oicl, pour le sacre de saint Hubert, a Rome, 

Trois écussons indiquent que les donateurâ sont : les fa- 
milles d'Heuqueville, de RonqueroUes et tes d'Halluin. 
seigneurs de Maignelay, etc. 

3* Saint Christophe, rendu d'après la légende, avec sa 
taille herculéenne, traversant un fleuve avec le petit Jésus 
sur ses épaules appesanties. Son bâton est déjà chargé de 
feuilles, de fleurs et de fruits. Le blason du chapitre est au 
bas ainsi que celui de Lorgeril : De gueules au chevron 
d'hermine accompagné de trois étoiles d'argent. 



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88 BEAU VAIS, 



La Salle do Chapitre (èdtie au xvr siècle). 



On y entre par une porte biaise, en arc sur- 
baissèj près du portait du Nord, Elle n'oflfre rien 
de remarquable. Deux tableaux seulement : Sainte 
Anne et ic Martyre de sainte Agnès, ont quelque 
valeur. Les canons d'autel sont encadrés de velours 
antique avec broderie d'argent. Ce travail offre 
quelqu'analogie avec celui de la chasuble et des 
chapes de velours rouge^ aux orfrois garnis de ra- 
vissantes peintures à l'aiguille, conservées à la 
sacristie et qui paraissent avoir été fabriquées à 
la fin du xvn*^ siècle. 

Etant accompagné du gardien de la Cathedra le> 
on visitera j avec intérêt, la Salle des Catéchismes 
dans Tancien passage des évèques. Ce cloître 
[xiv* siècle) conduisait de la Cathédrale à TEvêché- 
Une partie des arcades est restée debout et orne 
le jardin du Musée. Remarquer une portion de 
grille de fer délicatement forgée [xiv^ou xv* siècle), 
et une grande statue de sainte Barbe, sculptée 
par Jean Le Potj peu finie, mais noblement drapée. 



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CATIÏEDPXLE. 



»9 



Etle était placée auparavant dans la chapelle du 
Sacré-Cœur à la Cathédrale. 

Ensuite traverser une cour et entrer à la Basse- 
Œuvre. 



A^MEs DU Chapitre, 




De gtules à la croix d'or canionnéë de quatre cle/s de même. 
Devise 1 Crux Chriiti^ clavex Peiti. (La croix du Christ 
et les clefs de Pierre.) 



WOTA. — Pour plus d'exactitude dans Ja description de 
l'Horloge de la Cathédrale, le paragraphe relatif à ia/açade 
latérale de droite doit être rétabli ainsi : 

1* Un cadran planétaire^ suivant le système de Copernic^ 



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9Ô BEAUVAIS. 



Indique le phénomène de la gravitation des planètes ex(^ 
cutant leur mouvemeni dans les condltione normales et 
parfaitement régulier es- 

2" Au-dcssûus, le phénomène des marées s'accomplit 
sous les yeux du spectateur, avec une apparence de vérité 
stupéiiante, exactement à la même heure qu'au mont baint- 
Michei, peint par M. Thierrcc, de Dean vais. 

^' Plus bas. un planisphère céleste pour le zénith de 
Bcauvais donne : l'aspect du ciel à chaque heure et à 
chaque minute du temps moyen; le lever^ le passage au 
méridien de Beauvais, ei le coucher de chaque étoile pour 
chaque jour; le temps pendant lequel chaque étoile restera 
sur l'horizon et le temps de ^a disparition. 



A la page 39 (Chaptlk Samt^Angadrémt], ajouter, à la 
sixième ligne : Dans l'église Saint- Eusiacke^ à Paris ^ 




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/^ p** *sTh* Ha *,F^ #4rt **p> ^l-i Fs7-% (Hlrt ftT^ *hW ^ip* *-Jrt piHp» H*-i ^3k *^ n^R 



BASSE-ŒUVRE 

ou 

Notre-Dame de la Basse-Œuvre, 
(Monument HiBtoiUQti&,) 



^Tette église fut ainsi appelée par opposition 

avec la Cathédrale, désignùesous le nom de Haute- 
CEuvre, à cause de sa prodigieuse hauteur; Soft 
emplacement devait être occupé par la nef de 
Saint-Pierre. Si le fronton date seulement de 
répoque bysantine, c'est-à-dire du x*ou xi*siècle> 
la construction elle-même a tous les caractères de 
rèpoque gallo-romaine. C'est le plus vieux monu- 
ment du diocèse et Tun des plus anciens et des 
plus curieux de toute la France, Plusieurs au- 
teurs prétendent que ce fut jadis un temple païen, 
dont l'origine remonterait à Tan 56 do Jésus- 
Christ., ïa deuxième année de Tempire de Néron, 



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i 



92 BEAUVAÎS. 



r 



date à laquelle les murs de la cité de Eeauvais 
furent construits- Les assises alternatives de 
pierres et de briques, la forme des ouvertures et 
des cintres, Je parement extérieur des murs qui 
forme une espèce d'opits reticulatum en petites 
pierres cubiques, enfin l'appa reil romain trav ersé 
par des bandes horizontales de briques, indiquent 
une construction d'une époque très reculée. 

Sur la façade (x* ou xi« siècle), une fenêtre à 
plein-cintre tst ornée d'une archivolte fort re- 
marquable, qui se compose de plusieurs rangées 
de petits compartiments en relief, renfermant : 
les uns des croix droites, les autres des croix 
disposées en sautoir. Un demi-cercle de tores 
interrompus enveloppe et couronne tous ces des- 
sins; puis, se repliant au bas de rarchivolte, il 
forme un cordon dans toute la longueur de la 
façade du monument. 

La fenêtre du pignon est surmontée de trois 
personnages nus. L'un deux, d'une taille très 
élevée j a le bras étendu vers les autres qui sont 
placés à quelque distance de Jui, dans une atti- 
tude de crainte et de soumission. Ces figures ont 
donné lieu a bien des interprétations. On les a 
regardées comme des idoles, sans les définir au- 
trement, et enfin on vit, dans cette sculpture, Adam 
et Eve paraissant devant Dieu après leur péché. 



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I 



r-^T 



BASSE-OEUVRE. çS 



Dans le fronton triangulaire qui termine cette 
façade et l'élève à une hauteur de i6 mètres, on 
remarque une large croix ancrée, en saillie. Au- 
dessus de chaque branche transversale de la croix, 
un oculus ou ouverture ronde très petite, sert à 
faire pénétrer la lumière dans les combles. 

Sur le latéral Sud on voit, à la place de la qua- 
trième fenêtre, une porte ogivale (xiii® siècle) à 
trois montants avec colonnettes, tores et arc 
extérieur de feuilles contournées. Le tympan 
comprend deux vignettes trilobées, couronnées 
d'une rose à quatre festons. Le côté septentrional 
n'est pas dégagé. 

A l'intérieur, la Basse-Œuvre est composée 
d'une nef, séparée de ses collatéraux par des 
arcades en pierre dépourvues de toute espèce 
d'ornement. Les cintres reposent sur des piliers 
formés de grosses pierres, sans chapiteaux et sans 
corniches, qui sont les uns quadrangulaires, d'un 
métré carré, et les autres octogones. Rien n'in- 
dique qu'il y ait eu des voûtes. L'édifice a 28 mè- 
tres de long, 22 de large et 27 de haut. 

Jusqu'à la Révolution, cette église servait de 
baptistère pour tous les enfants naissant dans la 
ville depuis l'heure de midi du Samedi-Saint 
jusqu'à la même heure du samedi suivant, et de 
même à l'Octave de la Pentecôte, 



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i 



f4 BBhUVAlS, 



De nobles souvenirs s'y rattachent* En 84^, on 

y célébra le premier Concile de Beauvais, daos 
lequel Hincmar fut sacré archevêque de Reims, 
En joi3, fut déposé sur Tautel Tacte de donation 
qui fit passer le comté de Beauvais à Roger de 
Champagne et à ses successeurs sur le siège épie* 
copal de Beauvais. En 1120, un second Concile y 
fut tenu, où Ton procéda à la canonisation de 
saint Arnouldj évêque de Soissons. Ici vinrent 
prier les Papes Calixte II, en 1119, et Innocent II, 
en ii3[, Saint-Bernard, plusieurs cardinaux et 
rillustre abbé Suger, 

Depuis la Révolution, jusqu'en 1866, cette an- 
tique et primitive Cathédrale était devenue un 
chantier de bois. Enfin le Gouvernement la rendit 
au culte. De nos jours, les catéchismes, les 
réunions pieuses y ont lieu périodiquement, spé- 
cialement celle de la confrérie du T* S. Rosaire 
qu'on y érigea le ar mars 1869, comme Vindique 
une plaque commémorative de marbre, placée 
prés de la porte latérale du Midi. En 1884, on a 
garni le rétable de carreaux émalUés^ d'un effet 
peu artistique : Saint Dominique recevant îe Ro- 
saire et plusieurs des Mystères du Rosaire î^ont 
les sujets de cette néo-décoration. Une console 
(style Louis XIV) sert de crédence. Quatre ta- 
bleaux ovales garnissent les montants de l'arcade 



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BASSE-œUVRE. 



du fond : la Naissance de la sainte Vierge^ son 
Mariage^ à droite et à gauche sa Présentation au 
Temple et son Assomption. 

Des peintures détenorècs ou sans valeur sont 
exposées çà et là. Signalons seulement les quatre 
évangélîstes : Saint Jean ^t saint Marc sur le mur 
du bas-côté au Midi, et, à Topposé, saint Mathieu 
et saint Luc. 

On remarque sur les piliers de la troisième 
travée, les statues modernes de sainte Catherine 
(25 novembre) et de saint Vincent (22 Janvier). 

De belles tapisseries profanes et religieuses 
méritent surtout Tattention^ comme celles de la 
Cathédrale. Sur les murs de la nef sont exposées 
plusieurs pièces représentant les admirables 
Batailles d'Alexandre, de Lebrun, peintre de 
Louis XIV et placé ii la tète des Gobelins. 

i** Du côté du Midi, c'est la Tente de Darius, 
dans le camp des Perses, où sa famille est restée 
captive, c'est-à-dire sa mère Sisygambis, sa femme, 
ses deux filles et son fils âgé seulement de six ans. 
(Tapisserie du xvn» siècle : 4 mètres a 5 de long 
sur 2 mètres 80 de haut.) 

Alexandre^ après la bataille d'Issus (333 avant Jésus^ 
Christ), a<:cûmpagné seulement d'Ephestioû, vient les 
visiter; mal^, par méprise. Sîsygambis n'a d*honncurs 
que pour Ephesdon qu'elle prend pour te vainqueur des 



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jfi BEAL'VAIS. 



r 



Perses. Avertie de son erreur, elle se | cite aux pieda du 
roi et se confond en excuses. Le hcrûs fit cette rc- 
ponsc : « Non, ma mcrc. vous ne vous êtes pas trompée, 
ear Ephestion est un autre Alexandre. > Et il prît dans 
ses bras le jeune lils de Darius, Derrière les princesses, 
se groupent des dames Persanes et des Eunuques^ en 
tout vinjït personnages. Un bouclier cl un carquois sont 
suspendus dans la tente. (Ce fait d^Akxandre donnant un 
exemple st frappant de retenue et de clémence est raconte 
par Ouinte-Curce^ livre III, eh. Xfl.) 

2» Porus hlessé est amené devant Alexandre (327 
avant Jésus-Christ), tapisserie de la même époque 
(3 mètres 20 de haut comme de large] , mal- 
heureusement divisée en deux fragments, dont 
TuD est placé sur le mur d en face. Un troisième 
morceau serait encore nécessaire pour compléter 
le sujet. 

Forus, n'ayant pas voulu se soitmellrc à Alexandre, lui 
livra bataîllç sur les bords du fleuve Hydaspe, fut vaincu, 
tomba criblé de blessures. On le voit ici porte à bras par 
des soldais et amené devant son vainqueur qui esta chevaL 
Celui-ci reste tellement frappe de sa fermeté ci de sa gran- 
deur d'âme, qu'il le traite comme un roi, lui tend ta main 
avec bonté, (Voir Quinte-Curce, livre VIIÎ, eh. XIV.) 

3» Le petit fragment^ exposé sur Je mur du côté 
Nord, complète le char dans lequel Porus avait 
été amenée et dont une partie est au second plan 
dans la tapisserie précédente. 



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^ 



BASSE-CEUVRE. 97 



Des guerrière à pied et à chevaJ> armés de ïances, Ten- 
tourcnt. Au miJieu, on remarque un porie-étendard ayant 
au bras un bouclier orné d^une tête de Méduse. 

4*^ Entrée triomphale d'Alexandre à Babylone^ 
après la bataille d'Ar belles (33 1 avant Jésus-Christ). 

Longueur 5 mètres i5, hauteur 3 mètres 35 , lar- 
geur de la bordure 20 cent. (V, Quinte-Curce, 
livre V,ch. !•''.) 

Le vainqueur est debout sur un char traîné par deux 
éléphants, au raitieu d'une route jonchée de fleurs. De dis- 
tance eo distance des autels sont dressés dans les rues de 
Babylone. Un soldat porte les emblèmes de la victoire^ puis 
viennent des joueurs d'instruments, des mages, des poètes, 
des [eunes filles célébrant le vainqueur. Près du char, des 
hommes portent sur une civière un immense vase d'or, 

5** Au-dessus de la porte principale, une tapis- 
serie de i53o (4 mètres de long), exécutée proba- 
blement à Seauvais^ se rapporte à cette série dont 
nous avons vu plusieurs tableaux exposés dans la 
Cathédrale, et qui font remonter le commence- 
ment de nos annales à quelques personnages fa- 
buleux. 

Elle se divise en deux compartiments, séparés 
par un riche chapiteau. Les inscriptions nous 
aident à expliquer ces sujets. 



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§8 BEAUVAt£* 



Premier compartiment : Samothès^ premier roi 
des GauluSé 

$tpi umgtf quatre ans 5u Déluge et àetii mit ^mi rcns ettreifi ans 

' fuit ptmUt t0i) Srdiire âiiant ffntille ttom le pif )tttil|êt 
J^OMotltes le ilibtiL 

/'t4o an^ après le déluge et :iâi3 avant l'Incarnation^ la 
France, autrement dit la Gaule, eut pour pr'emier roi te sapant 
Samothès, fils de Japhet.) 

Le fbhd du tableâU risîsrêëento la Gaule^ eUtoUréË, âil 
Midif pAr la Miditerûnè vers laquelle gouIg It^ Aùjite; au 
Nord> rOcMifô clui reçoit los eaux de la Séinae^ Cèâ trim^ 
sont ainsi écrite ëti lotîtes letlros. 

Près d* rfembdUchulr'e dtt Rhâne dû remarque nû ttàviré. 
Samdthès Vient d'eil desdeûdrt; ; d@e marliis ëant efïtofe 
sur le pont ; non loin d'eux est une chaloupe pleine dç 
passagers. 

Sur l'avant-scène , SamOthès est représenté beaucoup 
plus grand (i mètre 33), reVêtu d*Un coâttime ofiÊilt/l plus 
riche qUë ëélui du seootid plan. Sur le bas de la tiitiiquc 
amarant^t ornée de Heurs» faotit écrite ces mots : 

âamot^es, fil{ bf jlqitct* 

U n personnage, coiffé d'une toque et élégamment cos— 
tutné, Vient lui offrir ses hoih&iagés. Les lettres A B C D E F, 
tracées 8uf utt cartbuchè à gauche de Bamôthfts, Nppel'^ 
lent qu'il est l'inventeur deb lettres gâtâtes. 



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BASSE-OEUVRE. 99 



Suivant la légende, Samothès était petit- fils de 
Noé. Lorsqu' après le déluge Sem vint occuper 
r Asie, Cham l'Afrique et Japhet TEurope^ la Gaule 
commença, à cette époc}Ué (etivlfôri idô an^ après 
le déluge), a être habitée, et Samothès, devenu le 
premier rôi, gouverna avec discerriement. Il 
publia des lois sages ; il fit enseigner à ses sujets 
Tastronomie, la philosophie, la gràiïimaîre; il in- 
troduisit Tusage des caractères que les Galates et 
les Méoniens adoptèrent et d'après lesquels les 
Grecs eux-mêmes formèrent leurs lettres. 

Deuxième edtnpartiment : Jupitëi- Gélte. 

G^èSt le néUViêûie foi dès GàUte6> etc'éfet de tt 
nom que viëht celui de Celtique donné è Une 
pËftie de là Gaule. Il possédait dé Udftibreux pâ- 
tumges et beaucoup de bétail; l'usage de la 
monnaie n'était pâà ihtfôdUit dans sfes Etats; il 
ne levait ni taille ni tribut sur ses sujets. 

Au fond, une ville apparaît. Le prince est sur le premier 
plaid, fichènièfat tb'stuitiê d'Un riiàntéàù â ÛH^ d't^t hccou- 
yftfi d'UÔë bfiîîàtlte chaîne à larges âiiaêâtix. Uùe colirotllâe 
dèufoiltiêe ^ùfiâônté sbh tUfbaà. La befdiiré tle sa tuuiqtife 

Htt^iiler «(lie. 

Deux courtisans le suivent, ei en âice, sur le côté droil, 
sont placés des ouvriers ; un chef ou lin marchand, puis 
des iiidivîdus débitant un bloc qui est sans doute de Tar- 



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fOO BEAUVMS. 



geot des Pyrénées, qu'un incendie considérable avait fait 
jaillir de la terre et mis en fusion. 

L'inscription est sur deux lignes : 

dupittr Crlte on mil beui îm% hîi §tp\ 
ynii U belMac aiit« riitraniatiott 
mil «ept rtn« t\ quarate ani coe en sret 
îleufifsmr roy fUit en dûtiUe renom. 

6« Au fond du bas-côté méridional, une magni- 
fique tapisserie flamande du xv« siècle {4 mètres 66 
de long, 3 mètres 26 de haut}- Achetée à Rouen 
par un brocanteur de Beauvais qui la revendit à 
la Maîtrise de notre ville, lors de la suppression 
de cet établissement (en 1842), elle fat conservée 
par la Fabrique de la Cathédrale. Elle représente 
sept scènes des derniers jours de N S. J. C. 

Premier compartiment : Lavement des pieds , 

Un dôme gothique de toute beauté recouvre les divers 
sujets de cette tapisserie. Sous les voûtes d'une vaste salle, 
décorées, éclairées par des fenêtres ogivales et reposant 
sur des piliers cylindriques, Jésus est entouré de ses douze 
disciples. Les costumes de tous les personnages tnéritent 
Tftt tentions Saint Jean se reconnaît à sa Ëgure juvénile et 
Judas à la bourse qull tient à la main. Kaint Pierre, assis 
sur un siège isolé» se laisse laver les pieds. Un grand 
nombre de témoins paraissent émus. 



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BASSE-OEUVRË. lOl 



Dans les petites arcades qui surmontent le cè- 
nacle^ on voit ■ 

I*» L'entrée de Jé^s à Jérusalem^ sur un âne, 
suivi de quelques disciples. On jette des vêtements 
et des branches sur sou chemin. 

2° La Cène ou institution de rEucharistie. La 
tête du disciple bien-aimé repose sur le cœur du 
divin Maître. Judas est presque en face et semble 
lui adresser la parole avec des yeux hagards. 

Deuxième compartiment : Condamnation de 
Jésus-Christ par Pilate. 

Cette scène occupe !e milieu de la tapisserie, et 
les personnages sont plus grands que ceux de 
droite et de gauche. 

Pïlate^ vêtu richement, assis sous un baldaquin dont lc$ 
courtines d'or sont chargées d'élégantes broderie», se lave 
les mains. Sur le dais on lit cette inscription : 

PILAT US VER WEES IHS. 

Un valet tient d'une raain une Higuière d'or et de l'autre 
un bassin décoré de pierreries. Un scribe écrit Tinterro- 
gatoire. Jésus est debout entre deux soldats bardés de fer 
qui lui mettent une couronne d^épinea. Un homme fléchit 
le genou devant lui. Des guerriers portent des étendards 
sur Tun desquels un aigle est brodé avec le mot ROME. 
Tous les témoins du jugement occupent différentes par- 
ties de la salle^ 

Des particularités intéressantes sont bizarre- 



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102 BEAU VAIS > 



ment placées dans cette riche composition, A tra- 
vers les vitraux du prétoire on aperçoit, d*un càté^ 
\'d Flûgeilûtîon, de ï'autre, VA^nie au jardin des 
Oliviers, enfin, les Marchands chassés du Temple 
far Jésus. Les artistes du moyen- â^e étaient fan- 
taisistes ; mais Us rendaient ainsi par des tableaux 
secondaires toute une série d^idéçs se rattachant 
au sujet principal. 

Dan y la division supérieure on voit Judas ven- 
dmt mn maître au grand prêtre qui , la tiare en 
tC^te, lui remet plusieurs pièces de monnaie. 

Troisième compartiment : Le baiser de Judas, 

Le fond du tableau représente une ville munie de tûurs. 

Au premier plan une multitude d^hommcs portant des 
torches et des bâtons, Jésus est saisi par trois tl^entrc 
eux pendant que le perfide apôtre Tcm brasse. A droite, 
saint Pierre terrasse Malchus. Sur le fourreau de son 
glaive sont tracée» ces lettres t ÎE'rRV ÏÎOL 

Daïis rarcadtî supérieure, Jésus êst arrêté au 
jardin des Olives. Parmi les costumes militaires 
et civils de la troupe de Judas, on remarque un 

justaucorps du règne de Louis XIL 

7*^ Au-de^^us de la porte latérale, au Midi, une 
riche tapisserie de Guillaume de Hellande, Eîlf 
offrait primitivement cinq scènes différentes dç la 
vie de saint Pierre, encadrées d'architecture go- 



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BASSE-CEUVRE. fo3 



thique. Malheureusement !a première, représen- 
tant TApôtre disputant avec Simon le Magicien, 
qui se disait le flis de Dieu, a été enlevée. 

Il reste : i*' Saint Pierre ordonnant êvêques saint 
Lin et saint Clet. 

Vêtu d^une chape aux riches arfroîs et à r agrafe circu- 
laire, la tête nimbée et couverte d'une tiare conique, assis 
sur un trône surmonté d'un baldaquin, le Chef de TEglise 
remet une crosse à chacun de ses cçadjuteurs, 

La légende est ainsi conçue : 

tfîomrnt tr\ B»me sait Jlitrrr 
$n4titua £tnu9 et Ictus 
4lufsi[ucs fiti rûabptnirs. 

2" Jésus-Christ annonçant à saint t^ierre que 
Simon et Néron machinent sa perte. 

Saint Pierre dévoilait toujours les impostures du magi- 
cien qui voulait se faire passer pour le fils de Dieu et en 
imposer auK chrétiens. Irrité de se voir ainsi contredit et 
humilié, Simon s'insinua dans les bonnes grâces de Néron 
et résolut de perdre son adversaire, Jésus dé[oua ses ma- 
noeuvres en apparaissant à saint Pierre pour lui apprendra 
res desseins de ses ennemis contre lui et lui promit de !« 
délivrer. C'est dans une église que l'apparition est repré- 
sentée. Saint Pierre sous le même coBtume qu'au précédent 
compartiment, écoute !e Sauveur vêtu d'une longue tunique 
amarante. 



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104 BEAUVMS. 



On lit au-dessus du sujet : 

(ÎDfiitnt en îtomt Jllrus f'aimru 
% saint ^htït biiant quf titsion 
(ft Utroti miirl)inairnt la ntvrt. 

3" Saint Pierre établissant saint Clément son suc- 
cesseur. 

Saint Lin étant mort, Pierre ordonna Clément à sa place. 
Le vicaire de Jésus-Christ n'est plus ici revêtu de ses 
brillants ornements ; ils sont portés par saint Clément ap- 
pelé à le remplacer sur la chaire pontiËcale. Saint Pierre 
pose sur la tête de saint Clément une riche tiare. 

La légende porte : 

iameni fuint pitttt biai fa fin 

^pxêt^in inftttlun «aint (Sifmrnt 
tfn son litH poppe bt Hi^mmr. 

4« Saint Pierre ressuscitant un jeune homme en 
présence de Néron et de Simon le Magicien, 

A droite, un lit sur lequel repose un jeune homme rendu 
à la vie et mangeant. 8a mère ét6ve les mains en signe de 
joie. Néron est assis près du lit, la tête ceinte de lauriers. 
Saint Pierre est à coté, la main étendue et bénissant. Der- 
rière, le magicien Simon est attaqué par deux individus qui 
Taccablent de pierres, parce qu'il s'était vanté^ mais en 
vain, de ressusciter le moru 



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BASSE-CEUVRE. ïo5 



L'inscription est ainsi conçue : 

(Soment saint |l^ietre tefsnsctta raioUfirtnt 
St fist parier» mengier 4 alier, et le 
Jfitnpit tpoitlut iapxhn Bimon maguea. 

8<> Au-dessus de la porte de Tautre bas-côté, 
une tapisserie décorative de Verdun représente 
un paysage avec des oiseaux aquatiques. 

Telles sont les tapisseries actuellement exposées 
dans la Basse-Œuvre et qui méritent toute l'at- 
tention des curieux. 




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J 



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É 




Tours du Palais de Justice 



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PALAIS DE JUSTICE. 

(Monument historique.) 



^T'est raqcien Evèchc. Les deux grosses tours 
(JCÏV* siècle) à dçyx étagçs» suriuont^es de tpit^ ep 
poivrière, donnent à cet édifice Faspect d'une for- 
teresse. Elles sont 1 irrécusable tumoin de J 'an tique 
puissance des évêques de Beauvais, de qui éma- 
nait alors toute la justice. En i3o6j l'évêque 
Simon de Clermont de Neslc les fit bâtir, en partie 
avec l'amende de 8,000 livres parisîs que la ville 
fut oblig^ée de payer, à la suite d'une émeute 
pendant laquelle TEIvèché avait été pillé. 

Ces tours sont décorées, à la naissance du toit, d^une 
plate-bande sculptée ; la cîiarpente de leur toiture est 4cs 
pluj» curieuses. La porte à voûte ogivale, reposant sur des 
colonnettôs à chapiteaux sculptés, est fourni ontée de cré- 
neaux. On remarque encore deux pûssa^jes de herses et 
des mâchicoulis. 



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-4 



•' '='^/v^ 



«ÎISS BEAUVAIS. 



Un jardin sépare les tours du principal corps des bâti- 
ments du Palais. La façade sur la cour (xvi* siècle) est 
ornée ; on y voit, au rez-de-chaussée, une petite porte en 
accolade et deux tourelles polygones. Celle qui renferme 
rescalier en spirale (i), a une fenêtre en accolade et soutient 
un beffroi à jour. La cloche placée dans la tour de Thorloge 
porte en relief, avec la date 1506, Tinscription suivante : 

Wt\ n^m f ottiise, et m'a fait faire f owjs ht HiUiers, evêque^ 

comte ht 9tamaxfif pair ht franre. 
^ (Avec les armoiries du prélat.) 

L'autre tourelle, arrêtée par un encorbellement à retraits, 
contient une chapelle épiscopale à cinq fenêtres ogivales 
gracieuses. Les fenêtres du Palais sont très larges, à enca- 
drements prismatiques. Cinq s'ouvrant dans le toit sont 
sculptées à jour, surmontées de clochetons et ornées des 
écuasons de France, de Philippe de Dreux (11 75-1 2 17) qui 
fortifia la ville : 

Echiqueté d:or et d'a:(ur^ à la bordure de gueules^ 

et de Louis Villiers de l'Isle-Adam (1497-1521) qui re- 
construisit le Palais : 

Ecarteléau i, 4, d'or au chef d'azur, chargé d'un dextro^ 
chère vêtu d'hermine au fanon de mente; au 2, -^y de gueules à 
deux bars adossés d"or, semé de trèfles de memCy qui est de Cler- 
mont de Nesie. 



(i) Examiner Tun des crochets du clocheton de droite, à 
l'entrée de ce bel escalier : une tête de juge avec sa toque, 
des oreilles d'âne et des ailes de chauve-souris. 



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PALAIS DE JUSTICE. 10$ 

Deux autres écus, ceux de Ja justice et de la vilkt restent 
à sculpter. Tout le palais, tel qu'il se présente aujourd'hui, 
a été reconstruit en 1500 par Tévéque Villiers de Tlsle^ 
Adam. 

La façade du Nord présente une tour romane i 
r^jte absolument comme elle était auparavant, 
ayïfiT'pour base une tour de défense galla- 
romaine. Ce fut là d'abord le château des 
comte? de BeauTais, avant la réunion de la 
seigneurie temporelle à la dignité ecclésiastique, 
et, jusqu'à la Révolu tion, le palais épiscopal. 

Depuis lygi jusqu'en 1826, i! fut affecté à l'ad- 
ministration départementale. Lesévêques Tbabi- 
tèrent de nouveau dès que le siège de Beauvais 
I eut été rétabli (1822). Il fut transformé en Palais 

f de Justice en 1842. M*^^ Gignoux dut alors loger 

dans r ancienne Hôtel de la Ckâtelleniey rue Saint- 
Pantaléon , occupé actuellement par le général 
commandant la Subdivision militaire. Maintenant^ 
dans Tantique demeure que les évêques s'étaient 
bâtie, sont réunis la Cour d'assises, les salles des 
jurés, des témoins et des accusés, le Tribunal 
civil, son greffe et ses archives. 

Au premier étage ^ on remarque dans la S^îe des AssiBes,. 
le Christ cURubetis, peint par E. Dieudonné, en 1850; dans 
la Chambre du ConseiL une grande cheminée de marbre; 



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t%Û 



BBAUVAIS. 



le CabitKl du Juge d'instruction, dans la tour romane, élé- 
gamment polychromée. — Au deuxième étage, dans la salle 
du Tribunal civil; un Christ janséniste ; dans la salle du 
Conseil, dca Portraits d'anciens présidents^ un beau Cartel, 
La petite chapelle qui sert de Bibliothèque usuelle a été 
nommce le Promptuarium, — Au troisième étage, les Archives 
judiciaires et dépàrtéinéh taies. — Là chàf jiénté, sdus ce toit 
à pente i*âplde, eët fort intéffcssaftte. 

Dans les deUx gfosses tours d'entrée^ ott à 
ihstâllè le Tfîbunal de Commerce, et daâs les 
bâlimciits qui les felient au PalâiS, ane Côëèfôe 
de gendarmerie à pied, puis le logement du Pré- 
sident des Assiëéfe. 




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^J>A' •'v ' - 






fW W VWW W Vr 



MUSEE. 



^Bie portail date de I8iô. Cèst raticien local des 
Afctiilfés du Chapitre de là Cathèdfale. 11 servit 
de t'alais de Justice jusqu'en 1842 et de Cour 
d^Assises. En novembre 1846^ le cession en fut 
faite au Comité archéologique de Beauvais. Les 
collections trop empilées, faute de plàèe^ mérite- 
raient un bâtiment plus convenable. Elles appar- 
tiennent à la Éociêtê académique d'Archéologie, 
Sciences et Arts de l'Oise^ à son défaut, elki de- 
viendraient la propriété de U ville. 

Le MUëéè est ouVeft âU public le dimaôchc, 
clè midi â quâtfé heures. Les étrangers peu- 
vent îe visiter tous les jours, en s'adressaat au 
Qoaotdrgei 

D«ft eoUttëtio&8 9éramiqii«s d« Tépoque remaina y i^atii 
iatérvssfiAlies. D« nombreux ob)eto ^tiqu^s, d'autros de 



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'^'VO^Jiçj 



Mî BEAU VAIS. 



Ftpoque mérovingienne, des sculptures du moyen-âge, 
des sarcophages de toutes les époques, des inscriptions 
antiques, des monuments épigraphiques, des autels votifs» 
des pierres tombales, une galerie d'histoire naturelle, etc.» 
font vivement regretter que Beauvais n'ait pas une plus 
belle installation à leur offrir. 

Parmi ces curiosités, nous signalerons seule- 
ment quelques-unes des plus remarquables. 
Dans la première salle, en face de l'entrée, sur 

le jardin : 

Un plâtre du Torse du Belvédère, que Michel-Ange, de- 
venu aveugle, palpait en pleurant de ne pouvoir le contem- 
pler. — Deux tuyaux d'orgue du xvi* siècle, décorés. — 
Le plus vieux paysage de Beauvais, la Tour Boileauj. 
du temps de Louis XIV. 

Dans le corridor : 

Une cocasse enseigne de moutardier et des gravures. 

Dans la deuxième salle, sur la rue : 

Un superbe portrait de Jacques Sarrazin, sur bois, digne 
du Louvre, donné par M. Duron, agent comptable de la 
Manufiacture. Des lavages malheureux Font endommagé.— 
La Décollation de saint Paul, sur panneau de tonalité puis- 
sante et chaude, du temps de François I*'. On admire le 
bourreau avec l'anachronisme de son costume, et Saint 
Paul apparaissant à Néron, — Portrait de Louis XV, école de 
Largillière. — Portrait de Racine, peint d*aprés une tapis— 



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MUSEE. I 1 :> 



série (1874). ~ ^^ Bienheureux Jean Michel, né à Beauvais, 
élu évêque d'Angers le 20 février 1438. — Antoine Loisel, 
portrait au pastel (161 7). — Trois curieux panneaux de 
peinture à l'œuf sur tissus : Nativité de N, 5./ — Appari- 
tion du Sauveur pendant une messe (lévites, costumes, en- 
censoirs, etc., de l'époque); — Descente de croix, scène at- 
tendrissante. -- VImmaculée entourée d'anges grassement 
peints, dans la gamme dorée. — Un Portrait du Dante, sur 
émail. — VInstrument inventé par M, de Cassini pour faire 
la grande carte de France. 

Dans la grande salle : 

Jeanne Hachette sur les remparts, tableau de 1837, par 
d'Hardivilier, avec mouvements dramatiques et morceaux 
superbes. — Un Paysage aéré et mouvementé. — Copie au 
pastel, par Ladiré. du tableau de Jeanne Hachette, à l'Hôtel- 
de-Ville. — Grande revue, par Geslin (1850), peinture offi- 
cielle. — Tableau donnant des renseignements précieux 
pour les archéologues : La Fondation de l'église abbatiale 
de Saint-Lucien, par Childebert (585). — Fragments de 
Vitraux anciens. — Mître du xiu* siècle, qu'on croit être 
celle de Philippe de Dreux, a côté de casques, d'objets re- 
ligieux du moyen-âge, etc., dans une très intéressante 
vitrine. — Eve, plâtre de J. Cambos, au salon de 1873. — 
Tableau emblématique de la Liberté, alliance du Nouveau- 
Monde avec l'Ancien (salon de 1849). — Plusieurs Vénus, 
entr'autres celle de Milo, grandeur de l'original, plâtre 
superbe. — Portrait d'une vieille abbesse, peinture qui a 
beaucoup de caractère. — Un Retour du combat, école de 
Devéria, ou Guerrier du moyen-âge retrouvant sa femme 

8 



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114 



BEAUVAIS. 



moFtc. L«s jeux de lumière d^une lampe et de la lune sont 
merveilleusement rendus.- 

Dans la galerie de tableaux, gardée par une 
cariatide superbe : 

Les Deux natures mortes^ splendides, digne du Louvre, 
âoQt tes plus beaux tableaux à signaler (époque de 
Louis XïV), comme étant admirables de composition, de 
rendu ot de vérité. Auteur inconnu. — Attala^ peinture 
de 1830- — Le Dernier des Mohicans, par Van den Berghc 
(iK^4), de couleur romantique. — Un Barde, des fables 
d'Ossian. — Un Paysage d'Auvergne^ par J.-J. Bellel, le 
célèbre fusiniste. — Etude de femme nue, de M. Maillard, 
prix de Rome, subventionné du département de TOise 
(1870). — Paysage classique^ d'un grand caractère; le silence 
du soir, le calme du ciel rouge se reflètent dans les eaux. 

— Une Salle du Vatican (1867), très aérée, de M. Navelet, 
spécialiste connu et apprécié pour ses intérieurs princiers. 

— Passage de bœufs (banlieue de Paris). Le mouvement des 
animaux est très juste, en face du Drame d'une femme proté- 
geant son enfant. — Panneau d'aspect très décoratif, ayant 
servi de modèle pour un des motifs à la Manufacture de la 
ville. — Fruits^ de Th. Grîînland (1861), deTécole de de Saint- 
Jean. — Panneau décoratif attribué à Panini (xvii* siècle), 
venant du Louvre. Les anges piquent leur petite note 
gracieuse sur l'harmonie de l'ensemble. — La Madone aux 
fleurs^ de Lays (1866). — La Soupe, par Moulinet, exposé 
au Salon en 1869. — Portrait qfficiel du comte de Sussy, pair 
de France. — Portrait de Jacques Sarra:(int constructeur du 
Louvrcj qui se retrouve en tapisserie à la galerie d'Apollon, 
au Louvre. — Le Cheval de Troie, bon arrivée dans cette 



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MUSÉE* I I 5 



ville : Timeo Danaos et donaferentes ^époque de Louis XLV.) 
— Un Paysage de la grande Ecole Académique du Poussin 
(n** 260 au Louvre). — V Ancienne Chapelle de VEvéché [dé- 
truite en 1820 par un incendie), de couleur romantique^ 
par Van den Berghe. — Copie au pastel de la Gîorificaihn 
de la Vierge, de Rubens, au Louvre. 

Visiter le Cloître des évéques [xiv* siècle), au- 
dessous de la galerie des peintures. Il est rempli 
de débris antiques fort curieux pour les archéolo- 
gues. 




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J 






NOUVEL ÉVÊCHÉ. 

(1874.) 



"^SCn nouveau palais épiscopal, construit sur les 
plans de M. E. Vaudremer, architecte du gouver- 
nement, sert de résidence aux évoques de Beauvais 
depuis le mois d^août i883. L'entrée principale se 
trouve presque en face du portail Nord de la 
Cathédrale. A gauche, s'étendent les annexes, lo- 
gement du concierge, Secrétariat et appartements 
du Vicaire général. — Entrepreneurs : MM. Ri-, 
gaultet Legrand. 

A rextérieur, la beauté de l'Evèché vient des toitures à 
pentes rapides. Un perron qui règne sur toute la largeur 
de l'arrière- corps de la façade principale, relie les deux 
pavillons saillants. Un autre perron donne accès sur la 
façade latérale gauche. Uédifice est bâti sur pilotis. La 
brique a été largement employée et mariée avec la pierre. 
L'architecte disposant d'un crédit des plus restreints pour 
cette construction, (elle n*a coûté que 393,731 fr. 66 c.), a dû 
s'ingénier à n'employer, que pour la partie inférieure du 



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'^••' .^ 



118 BÉAUVAIS. 



soubassement, la pierre de Saint-Maxîmin. Les perrons, 
les chaînes d'angles et les encadrements des baies sont 
du vergelé de Saint- Vaast-les-Mello. Les trumeaux en 
briques sont ornés de croix de la même pierre. Les tym- 
pans des lucarnes sont décorés d'écussons aux armes des 
trois évêchés : Beauvaiâ, Noyon et Senlis, en face, et, sur 
tes côtés, des principales villes du diocèse. A Fangle du 
pavillon de gauche de la façade principale, les armoiries de 
Mp* Gignoux, qui a posé la première pierre du monuments 
le 19 mars 1874, se trouvent supportées par une colonne 
en encorbellement. 

A rintérieur, le grand escalier est en pierre avec rainpes 
de ler forgé. Sur le palier, on remarque une coUeetion 
d'objets d'orfèvrerie religieuse qui appartint au Comité 
archéologique fondé en 1840 par M*' Cottret, pour former 
na petit Musée diocésain. — La décoration des plafonds est 
soignée. Les poutres et solives sont partout apparentes, 
ornées de filets ainsi que les entrevoux. Les pièces prin- 
dp îles ont des frises décorées. Des peintures murales de 
M. Maillot ornent les murs et le dôme de la chapelle. — 
Dans la salle à manger, on trouve une collection de por- 
traits d'évêques de Beauvais, avec une grande tapisserie 
de Beauvais. — Le salon possède une belle cheminée en 
pierre. Sur la hotte les armes de Pie IX sont peintes, au- 
dessus des écussons des trois Chapitres de Beauvais, 
Noyon et Senlis qui couronnent le manteau. Les fauteuils 
et canapés, en tapisseries de Beauvais, ayant pour sujets 
des Fables de LcOontainey d'Oudry, furent exécutés, en 1823, 
par Guillaumot, administrateur de la Manufecture. 



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HOTEL DE LA PRÉFECTURE. 

(Faubourg Saint-Quentin,) 



3^' hôtel de la Préfecture est situé à rextrêmité 
du faubourg Saint-Quentinj dans Tancienne ab- 
baye fondée en 1069 par Guy^ évêque de Beau vais. 
Saint Yves y fut abbé avant d'être élu éveque de 
Chartres, 

J^a belle église, mutilée en 1794, a complètement disparu 
en 1823, Les bâtiments claustraux, refaits de 168a à 1731, 
existent encore, IJabbaye, après avoir été vendue nationa 
lement, fut rachetée en 1823 pour devenir le siège de Pad- 
ministration départementale. Cette belle habitation est 
environnée de vastes jardins arrosés par le Thérain ; mais 
son isolement et sa trop grande distance de la ville sont 
regrettables pour le service public. 

Deux rues nouvelles tracées dans les prés de M, Car on la 
mettront en communication p!us facile avec la ville, quand 
un pont fêté sur le canaL entre le boulevard et la rue de 



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BEALTVAIS. 



TEvcché, reliem la Préteçiare ii la Cathédrale en ligne 
droire. 

Le dépôt des Archives départementales, ouvert 
au public tous les jours, dimanches et fêtes 
exceptés, de onze heures ix quatre heures, est dans 
Taile gauche» de construction récente. 



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^ ^ 'V ^ ^P ^ '^ 'T* *T* 's* 'a* '5^ *T* '3* ^ 



GRAND SÉMINAIRE. 

(Sur LE Boulevard.) 



"'^tne médaille commémorative indique que la 
première pierre a été bénite le !«''mai 1^45. Ar- 
chitecte, M. Weil ; entrepreneur, M. Puissant. 

C'est un édifice avec deux ailes en retour d'équerre, for* 
mant un H. La chapelle s'ouvre au milieu d'un cloître qui 
s'étend sur toute la longueur de la façade. On remarque, à 
l'entrée de cette chapelle, quatre statues des Evangélisttu 
en marbre blanc, sculptées par Blasset. d'Amiens* qui 
proviennent de Vabbayc de Saint-Paul. — Dans le salon, la 
Communion de Montaigne, tableau d'un grand sentiment 
(a mètres 40 sur i mètre 90), par Pérignon (1879). Malheu- 
reusement ce tableau est resté inachevé à cause de la mort 
de ce peintre si apprécié pour ses portraits de femmes. — 
Dans Vhorloge de la tour, un réveil carillonne tous les 
jours à quatre heures cinquante-cinq minutes du matin. 

Avant la Révolution, le Séminaire fut installé à Tabbaye 



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t32 



BEAUVAIS. 



de Saint-Symphorien, puis transférée rue 5 ainte-M argue- 
rite dans les vieux bâtiments de l'ancien Collège (empla- 
cement du nouvel Evéché), et enfin reconstruit sur le 
boulevard de rHôtcl-Dicu, 

On lui a donné pour voisinage, d*un côté, la 
Maison d'arrêt et dejustic€{ i SSy); deTautre, VEcoîe 
normale la'ique é*in$titutrices (1884), et en face, 
[Ecole communale Sainte-Marguerite pour les 
garçons (1S74), construite sur remplacement des 
anciens remparts. 




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THEATRE et CASERNES. 



jK|.ous mentionnerons seulement des édifices qui 
n'ont rien de remarquable, 

1** Le Théâtre^ reconstruit d'après les dessins 

de M. Landnn, et inauguré en i83t, sur rempla- 
cement d'une salle de spectacle établie en 1792 
dans un ancien couvent ^e Miniipes, 

a" Deux Casernes. L'une dite du Grand-Quartier^ 
sur le boulevard Saint-Jean, datait de 1731; 
pour la rebâtir, en 1 876^7 j on a détourné le 
canah 

L autre occupe la place d'une ancienne résidence 
de religieuses de Saint-FrançotSt auprès du Jeu- 
de-Paume, 



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1^4 



DE AU VAIS. 



La Caserne de gendarmerie, rue Saint-Pantaléon, 

a remplace depuis [S20 une église de la Comman- 
deriez 




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•V» mU ikV* mU «I* I 



CRÈCHES. 



.JEie Bureau de Bienfaisance, dont l'origine re- 
monte à plus de 25o ans, a fait construire deux 
Crèches^ Tune qm faubourg Saint-Quentin^ ouverte 
en novembre 1877, et Tautre, dite de Saint-Jean, 
rue Chevalier, inaugurée en décembre 1882. Une 
autre avait été fondée, dM faubourg Saint- Jacques 
(1848-49), par M. Flye, ancien représentant du 
peuple à la Constituante. 



hùé;^;^^. 



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HOTEL-DIEU 

OU 

Hôpital 



Ltabli en i3oo, près de Idi porte d' Amiens ^ dans 
un ancien couvent des religieuses de Saint- 
Augustin, il a été reconstruit, en i832, sur les 
dessins de M. Landon, architecte du départeinent. 
11 a été élevé, en partie, sur remplacement de 
Fancienne église Saint-Laurent. 

La chapelle a son entrée entre les colonnes du péristyle. 
Des plaques de marbre, placées de chaque eoté de la porte^ 
reproduisent les noms des bienfaiteurs depuis Tannée 1 171* 
Dans Tintérieur, on remarque le tableau de Tautel, un 
grand Christ janséniste, et sur le mur, à gauche, une Croix 
curieuse, à jour, équarrie sur les côtés, aux quatre bran-^ 
ches garnies d'un médaillon en forme de trèfle, renfermant 
les animaux symboliques sculptés (xvi* ou xvn* siècle). 



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SZB BEAU VAIS. 



Dca vitraux à sujets représentent saint Laurcmt rauntrant 
SCS trésors, c'est-à-dire les pauvres; sainte Elisabeth^ dont 
les aumônes sont changées en roses \ la Foi, VEspérance et 
le Couronnement de Marie, avec quelques médaillons. Si^né i 
Lêvëque, peintre-verrier à Beau vais. 

Lt grand Salon renferme une vaste armoire à panneaux 
sculptés et quelques portraits des chanoines réguliers j au- 
trefois administrateurs de rHiitcl-Dieu» des vases plus 
anciens que ceux dont Tlnfirmeric renferme une collection. 

Des religieuses, dites Sœurs de la Charité de 
N avers, sont attachées à cet établissement hospi- 
talier. On y reçoit des hommes et des femmes de 
la ville, ainsi que des militaires, L'administratioii 
est la même que celle de l^Hospice dont nou& 
allons parler. 

Non loin de THôtel-Dieu, du côté de Marissel, 
on TOît la Porte de Br estes ou de Cîermont, C'est 
un arc-de-triomphe, ou portique toscan, de pierres 
de taille, bâti en mémoire de rentrée, à Beauvais, 
de M"^^ la duchesse d'Angoulême {Marie-Thérèse- 
Char lotte), le 27 avril 1825. Il n'est recouvert 
d'aucune sculpture. 



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^iT^r^ 



HOSPICE 

ou 
Bureau deè Pauvres 

(Rue de Buzenval). 



^^n y reçoit des vieillards et des orphelins des 
deux sexes, ainsi que les enfants assistés ou aban- 
donnés. Il est garni de 400 lits environ. 

Pour remplacer les maisons de charité ouvertes, 
en 1629, par l'évêque Augustin Potier, son suc- 
cesseur, Choart de Buzenval, posa les fondations 
de rétablissement actuel. 

Il avait fait d'abord, le 2 janvier i653, l'ouver- 
ture du Bureau, ou Hôpital général de Beauvais, 
dans une maison sise sur la paroisse Saint- 
Etienne. Elle renfermait les vieillards, les enfants 

9 



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l3o BEAUVAIS. 



orphtrlins et les mendiants. A certains jours on y 
distribuait du pain et d'autres secours aux pau- 
vres du dehors. 

Quatre ans après, rétablissement fut transféré 
à l'emplacement cjùll ôccupfe aujourd'hui. Le 
généreux prélat lui donna alors 18,000 livres, en 
bois pour les constructions. On évalue à près de 
120,000 livres ses libéralités en faveur du Bureau. 
Daitleurs, on voit qu'elles n'avaient point de 
limites, quand on sbhge qUfe dtirtilt son épiscopat 
il dépensa, pour son seul Grand -Séminaire, plus 
de 172,000 livres! Il avait été Tami, Thôte de 
saint Vincent de Paul. 

Il obtint des lettres-patentes, expédiées en i658, 
qui assurent à cet admirable monument de charité 
une impérissable durée. Après lui, les évèques 
de Bcauvais eurent la même œlivre à c(^tik-; 
notamment le cardinal de Gesvres, qui laissa [au 
Bureau des Pauvres 23,266 livres, et M»*" de là 
Rochefoucauld, martyrisé à la Révolution, qui 
institua cet établissement son légataire universel. 
Du reste, le nombre de ses bienfaiteurs eôt 
considérable et tous- ont eu en vue d'y entretenît" 
l'ordre et la vertu. 

Pour l'agrandir on lui adjoignit, eii tÔSy, rhôtël 
Saint-Just, refuge des Prémontrés dé Tabbayedè 
Saint-Just-en-Chaussée, acheté par Une Confrérie 



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■r\»î*'7if' • 



HOSPICE DES PAUVRES. l3l 



de la Sainte-Trinité. C'est ie bâtiment qui sert 
actuellement de chapelle. 

Ali diéhors, dans la rue de Gesvreâ, on retnarque. le 
chœur formé de trois baies ogives, bouchées, diviééés par 
des colonnettes à chapiteaux de feuillages. Dans la cour, 
la chapelle reçoit le jour par quatre grandes fenêtres qui 
furent percées en i668. Trois trous, remarqué! par le 
maçon dans le mur qu'il perçait, ont été attribués aux bou- 
lets lancés par les Bourguignons sur Ife ville. Deux clé ces 
bbulcts de pierre sont placés aîi-dèssùs de celles dSè oii- 
vcrtUréà circulaires qui n'bnt pas disparu dans le p'erce- 
nient des fenêtres. Cette partie de l'édifice sert de chapelle 
aux hommes. A l'intérieur, on remarque un aUtel avec 
magnifique rétable du xvii» siècle, restauré par M. Froc- 
Robèrt. Les verrières du sanctuaire nous montirent Vlncàr- 
nation et la Rédemption de Jésus-Chrisï ; une scèiie i'epré- 
sente la Réunion des deux établissements charitables, avec 
anachronismes encore vivants. Sur les faces latérales de la 
nef, des sujets développés dans une gamme très douce et 
originale font honneur a M. Roiissel, peintre-verrier, et 
à M. Paul Fcytou : fce sont le Baptême', la Pénitence, le Via- 
tique et V Extrême-Onction, c'est-à-dire l'origine, l'aliment et 
l^cpreuve de la vie chrétienne, qui a poUi: dénoûment une 
sainte mort, figurée par celle de saint Joséjph. La conclusion 
des destinées hUmaines est en face : le Jugement particu- 
lier, le Purgatoire, le Couronnement au ciel. Dans la tribune 
de Torgue : Sainte Cécile et l'histoire de Marthe et Marie^ 
modèles des âbiés dévouées qui se cotisàcrent au service 
des pauvres. 

La chapelle des feihmés est voûtée en lambris avec pou- 
tres transversales et pbihçons pour soutenir le faîte \ la 



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liiL\UVAlS, 



comïcbe de bois, ks Jigurcs grimaçantes, les fenêtres an- 
QOQCânt une construction du xvt' âiècle à Tusage d'église. 
Les caves pratiquées sous la chapelle forment deux nefs 
loûgitudinaies voûtées &i séparées: par des colonnes à 
chapiteaux. 

L'Hospice et rHôpital sont richement dotés et 
administrés par une Commission composée du 
maire, présideqt-nê, et de cinq administrateurs 
recommandablcs par leur zèle et leur charité. Un 
secrétaire, un économe et un receveur des re- 
venus sont attachés à J' établissement, ainsi que 
de respectables dames pieuses qui ont fait le 
sacrifice de leur existence aux besoins et au soula- 
gement des pauvres. 




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COLLÈGE COMMUNAL. 

(Rue des Jacobins.) 



J^3Lu commencement du xvi* siècle^ Nicolas Pas- 
tour, chanoine de Beauvaîs, érigea â ses frais un 
collège qui devint florissant. Racine y tut élevé. 
C'était dans la rue Sainte-Marguerite^ sur l'em- 
placement de l'Evèché acHiel, jusqu'à Ja fin du 
XVIII® siècle. Après la Révolution, le couvent des 
(Jrsulines établi à Beauvais depuis i ôgSj rue des 
Jacobins, réservé en grande partie pour recevoir 
l'école centrale du département, vit s'y installer^ 
en i8i3, Técole secondaire ecclésiastique^ dirigée 
par M. Tabbé Guénard, et devint le Collège com- 
munal. 

En 1827, le départ d'un maître aussi accompli, 
fut pour rétablissement le signal d'une transfor- 
mation radicale. 



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BBAUTÀTS. 



La chapelle était dédiée à Marie, dans sa 
Présentation, comme l'indique Tinscription sui- 
vante placée aa frontispice ; 

/>. O. M, 

/^ honorem 

Beatœ Mariœ Virginis 

Infantem se Deo 

In templQ voventis. 




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COUVENT 

DES DAMES DU SACRÉ-COEUR. 

(Rue Jeanne-Hachette, n* i5,) 



^1 reste un bâtiment des Dominicains établis là 
vers le milieu du xin* siècle. Vincent de Beau- 
vais, auteur du Spéculum majus, y remplit les 
fonctions de prieur et de régent» sous le règne de 
Saint-Louis, et fut inhumé dans le chœur de la 
riche église église démolie en 1793. LrC drapeau 
enlevé aux Bourguignons par Jeanne Hachette, 
en 1472, y était exposé. On le transféra à l'Hôtel- 
de-YilJele 20 juillet 1790. 

En T792, le monastère fpt converti en ateliers 
pour la fabrication du salpêtre. Après la Révo- 
lution, M, Tabbé Guénard eut l'heureuse idée d*y 
fonder une école secondaire ecclésiastique, laquelle 



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BEAUVAIS. 



fut transférée, en i8r3, au couvent des Ursulînes, 
où est à présent le Collège communaL Deux ans 
après, Pancienne demeure des Jacobins était 
occupée par les Dames du Sacrc-Cceurj venues de 
Cuigniéres pour s y fixer, er> vertu d*un arrêté 
préfectoral daté du 27 novembre 181 5, et y 
fonder un ouvroir pour des jeunes filles pauvres 
de la ville, 

La chapcUe, d'unt; «impticilc exquise, a été bàtie en 185^ 
dans le style du kii" siècle» sur les plaQS de M"* Delvaux. 
religieuse, M"* de Stassart étant supcnoure. Elle a la fonne 
d'une croix latine. On remarque quatre toiles marauflées 
sur le mur de Tabside, oeuvre d^une religieuse dont le 
pinceau délicat est tout imprci^né des élégances souriantes 
du cloitre. 

— Même rue, au n* 3[, près de \ Ecole commu- 
nale des Jeunes Jilles, serait, suivant la tradition, 
l'emplacement de la Maison de Jeanne Hachette^ 



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HOTEL-DE-VILLE. 



3£l fut élevé d'abord, en i65i, aux frais de 
l'évèque Augustin Potier et de son neveu Nicolas 
de Buzenval, qui donna le terrain. En iy5z on le 
rebâtit en l'avançant plus sur la place. La pre- 
mière pierre fut posée le 3o avril par l'évèque 
Potier de Gesvres, M. Bucquet étant maire/ L'ar- 
chitecte Bayeux en dressa le plan. 

La façade est ornée de pilastres ioniques^ et de guir- 
landes de fleurs sculptées. Sa régularité contraste avec La 
bizarrerie des maisons à pignons découpés en ogive qui 
entourent la vaste place rectangulaire dont il forme un des 
côtés. 

On remarque, au-dessus de Thorloge à équations placée 
en 1810 par le célèbre ingénieur Lepaute, un ccuHSon por- 
tant les armes que la ville fut autorisée à prendre par 



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i3â 



BEAUVAIS. 



lettres-patentfis du 2^ avriJ iSca, de gueules au pituposé en 
pal d'argent j avec ce vers latin pour devisé: 

Palus ut hic Jixus constam et firma manebo. 
(Comme ce pieu fiché, je resterm ferme et inébranlabie.) 




Les anciennes armes de ia ville sont ié gueules au pal d'ar- 
d'argeni, comme nous Vavûm remarqué à îa Cathédraie^ 
sur une tapisserie. (Voir p. ^6J 

Le drapeau dit de Jean ne- Hachette est conservé avec 
un religieux respect. 11 tombe de vétustc. On en a fait un 
fac-similc à la Manufacture de Pçauvais. pour être porté 
aux processions traditionnelles de TAssaut (r), le dernier 



<î) L'année qui suivit îe siège de Beauvais 11472), le roi 
Louis XI ordonna qu'une procession commémorative de 
l'Assaut serait établie à perpétuité, pour remercier Dieu 
de la délivrance de la ville. Les fem^mes y ont le pas 
sur les hommes et portent les reliques de sainte Anga— 
4rêmc, comme on les porta jadis sur les remparts pendant 
le combat. La reproduction de Tétendard dit de Jesnae 
Machette s'allie fort bien aui croix des deux paroisses. 
Les diverses corporation s prennent place dans le défilé, 
après leîv pensions. La troupe fait la haie autour de la 
place. L'édilitc s'est honorée elle-même en conservant ces 



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HOTEL-DE- VILLE, I Sg 



dimanche du mois de juin. C'est une sorte d-oriflamme de 
fètc sur laquelle on voit les armes d'Espagne et la devise 
plus oultre; un double collier de YOrdre de la Jarretière en- 
cadrant les lettres gothiques : 

Honi q(tti mai i| )iense); 

deux arquebuses croisées et une grande figure de saint 
Laurent armé de son gril. Une étude attentiye a fai| 
conclure à M. Er. Charvet (séance de la Société Académique 
de VOise du 16 mars 1885), que ce drapeau a été exécuté 
en souvenir de la bataille de Saint-Quentin, gagnée le 
10 août 1557 (jouf de la fête de ^aint Laurent), par le roi 
d'Espagne, Philippe II, époux de Marie Tudor, fçinç 
d'Angleterre. 

Au bas de l'escalier d'honneur, on voit un Faune dansant, 
plltre de M. Lequesne. — Sur les murs : la Fortune et ^a 
roue, de M. A. Sirouy (1872), tableau donné par TEtaJ. — 
Une Entrée triomphale dans unç ville illuminée (tapissgri^ 
du xwi* siècle). 

Dans la salle du Conseil, les murs attendent des toiles 
de M. Maillard, dont un seul panneau figurant la Mort 



vieux usages locaux et en assistant avec les autorités à 
cette cérémonie à la fois religieuse et patriotique que 
préside l'évêque de Beau vais. Au pied de la statue de 
rhéroïne bcauvaisienne, le chœur chante l'hymne de sainte 
Angadrême; pendant ce temps, les jeunes filles, conduites 
par les chefs d'administration, vont mettre successivement 
le feu aux deux pièces qui sont en batterie près de THôtel- 
de- Ville. Après une salye répétée , la foule toujours 
compacte reconduit le clergé à la Cathédrale. Les étran- 
gers n'assistent jamais sans émotion à cette fête toute 
particulière à Beauvais. 



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14^ 



BEAUVAIS. 



de Cotréus est à F heure présente exposé au Salon, à 
Paris. Sur la cloison du fond se trouve le Siège de Beau- 
vaht peint par Le Barbier, en 1 760, et donné par le cardinal 
de la Rochefoucauld ♦ en 1788, — Près de la cheminte, 
un buste de M. Lequcsne^ ancien maire, et une pendule 
de Feuillet- Laisné. horloger de la ville. Ce cartel porte 
conimc inscription : J. Car. Danse D^ D. 17^6, et le blason 
de cet échevin de Beauvais : 

D'a^r au chevron ttor accompagné en chef de deux èpis 
de hiè et en pointe d'une grappe fie ratMtn de même. 

Dans la salle de la Justice de paix et des mariages, od 
remarque un tableau de la Justice, par M, Paul Feytnu. 
notre compatriote. 

La bibliothèque possède environ 20,000 volumes, quel- 
ques manuscrits et des autographes du xvn' siècle* Eljc 
est ouverte au public les dimanches, mercredis et jeudis, 
de midi à quatre heures^ et les vendredis de sept heures 
à dix heures du soir, excepté pendant le mois de stcp- 
tembre. 




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fc& pip4 *4^ lioïï *^ ftï^ ^r^ ikX^ ^sTi h*^ '*H 'n^ *^ fN^ '^ '^ ^r** "V^ 
*? 'r *^r 'r *T *^r ^ '^t^ 'ï^ '^ 



PLACE JEANNE-HACHETTE. 



J^a j?/^ce ^e rHôtei-de- Ville est un large poly- 
gone de To^ooo mètres carrés de superficiCj divisé 
en deux parties principales, dont l'une représente 
un trapèze irrégulier, entouré de maisoat> à fa- 
çades diverses, et dont l'autre forme une sorte de 
pia^^etta engagée dans une grande rue sans aligne- 
ment. 

Au point central de cet emplacement on a érigé, 
le 6 juillet i85i, la Statue de bron:çe de Jeanne 
Hachette^ par M. Vital Dubray, de Nantes. 
L'héroïne est représentée au moment où, après 
avoir renversé du pied gauche Tèchelle que les 
Bourguignons viennent d'appliquer aux murailles 
de la villCj eUe leur a enlevé le drapeau qu'ils al- 
laient planter sur le rempart. 

Sa hache n'cât plus iâvée pour frapper un ennemi, Jeanne 
est en garde pour déft^ndre P étendard qu^elJe n'a paa encore 



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14^ BEAUVAJtS. 



eu le temps d*arborer en âtgnc de victoire. Comme inspi- 
ration et comme correction, cette statue se recommande à 
tous les visiteurs. Dans les parties principales du costume, 
l'artiste ù suivi les tradition s. La g^rande ei simple robe 
fermée au-dessous du coii qub porte Jeânile Machette, 
était le vêtement des femmes de son humble condition, à 
la fin du XV' siècle. Pour unique parure* une petite croix 
flotte sur sa poitrine, de manière n'échapper à aucun re- 
gard^ ce modeste, mais importaxit détail d'ornementation, 
se he admirablement avec Je caractère religieux de T hé- 
roïne, dont la première pensée fut de porter sur Tautel de 
son église le glorieux trophée qui fait son éternel hon- 
iifeur. 

A TEst de la grande Place , la rue LoUTet 

conduit vers la Hàlîe aux poissons, aux légumes 
et aux fruits; à côté, la Baîîé aux laines. Cette 
construction date de 1859-60, M. Lequcsne ètarlt 
maire. Architecte, M. Hubaine; entrepreneiii;-, 
M- Sangnié. Les deux grilles proviennent des 
anciennes portes de la ville. 




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EGLISE SAINT-ÉTIENNE. 

(Monument histohique.) 




et te église mérite d'être visitée 
en dètajij même après la Cathé- 
drale. Ses fondements furent 
jetés vers ggy; elle a remplacé 
celle qui aurait été bâtie, d'après 
les traditions, par saint Firmitit 
vers 275, et où Ton déposa, vers 845, les reliques 
de saint Vaastj apportées d^Arras- C'est pourquoi 
jusqu'au xviii* siècle l'église porta indifféremment 
les noms de Saint-Etienne ou de Saint- Vaast. 

C'est un édifice de style roman et ogival : la 
nef, les collatéraux et le transept remontent âù 



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144 BEAUVAlS. 



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XI* siècle; la façade principale et ia première 
travée delà nef, appartiennent au xnr siècle; le 
chœur est du xv»; enâû, la tour massive qui sur- 
monte l'église, a remplacé, en rSpS, un clocher 
plus léger écroulé en 1480. 



Extérieur. 



PORTM L Ï^HINCIPAL . 

3^1 est l'orme d'une grande ogive divisée cû deux 
portes par un pilier iatermèdiatrc. Pour encadre- 
mentj il aquatre voussures ou rentrants dont les 
colon nettes latérales qui portaient de grandes 
statues» entr'autrei^ celles de saint Lucien, saint 
Vaast et saint Louis, ont été détruites. Les chapi- 
teaux ornés de feuilles laciniéeSj feuilles de vignes 
et autres, aont conservés; les socles sont polygones. 
Un filet garni de violettes règne au-dessus des 
tailloirs. Les archivoltes étaient couvertes de 
statuettes mutilées par le stupide vandalisme ré- 
volutionnaire* 

Dans le tympan^ malgré les affreuse;* plaies que 
Timpiété lui a faites, on devine encore la sainte 
Trinité entourée d'anges adorateurs; puis le 

. .■•'^■^'■-, 

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zed tty 



;W^Ï3^-^ 



SAINT-ETIENNE. 



145 



martyre de saint Etienne et la naissance de Jésus- 
Christ. L es ferrements de la porte rappellent le s 
beaux dStaïl s de serru rerie du xiyj siècle^à Notre- 
HPa ttié d e Paris. P^jTêist surpris de lire, sur le mur 
<Tënïï3é , récriteau suivant : Actes de Vautorité 
publique. 

Trois fenêtres accolées, en lancettes, sont pra- 
tiquées au-dessus du portail et couronnées d'une 
rose à festons, dont la moulure extérieure est 
garnie de fleurons. 

La petite porte de la façade est de même style : 
de chaque côté des colonnettes grêles avec cha- 
piteaux à feuilles plates; archivolte en boudins, 
dont Tun porte des feuilles contournées; une 
petite rose au-dessus. Le contrefort angulaire est 
figuré au sommet en écailles de poisson et sur- 
monté d'une petite pyramide octogone. 

Tour. 



La lourde tour latérale (iSgS) a trois étages. Le 
troisième, de style grec, est de mauvais goût. Elle 
renferme la sonnerie paroissiale, une horloge et 
la cloche dite de la Commune^ fondue en 1758, dont 
r usage est exclusivement réservé aux besoins de 
l'administration municipale. 

10 



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146 BEAU VAIS, 



Portails latéraux» 



Ils aboutissent dans la galerie, au lieu de 
liiœr pénétrer par les transepts^ ce qui est Une 
disposition tout à fait exception net le. La porte 
méridionale n'a aucun caractère; seule la petite 
tourelle qui Fa voisine, surmontée d'une cloche 
de pierre, attire l'attention. Mais le portail sep- 
tentrional appartient à i*époque du roman fleuri 
et est unique en son genre. Il est pratiqué, dit 
M. Graves, « dans un panneau décoré d'un ou- 
vrage réticulé, dont les murailles pleines sont eâ 
losange et évidées, tandis que les creuses sont 
figurées en hexagone; ces moulures sont associéeâ 
de manière à dessiner des plaques octogones* li 
y a latéralement des colonnes annelées, et au- 
dessus deux arcades romanes bouchées, ornées de 
tores qui portent sur des colon nettes rompues, 
dont les chapiteaux sont revêtus de feuilles irré- 
guliéres. Le portail esta trois voussures romanes 
portant des monstres, des lions, des têtes hu- 
maines associées à des feuilles. Le tympan est 
couvert d'animaux bizarres^ dragons, chimères 
à queues contournées. Les colonnettes sont lon- 



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iîAINT-ETlENNE. 



»47 



gUeSj !-emarquables par leurs chapiteaux bizarres 
très fouillés, » M» de Caumontj le baron Taylor 
Tout dessiné. 

Entre cette porte et le transept, depuis le 
iv* siècle jusqu'en ^yg^, il y eut une Tribune 
municipale qui servait k rinstallatîoïi des maires. 



Transepts* 



Les deux transepts sont de forme égale^ mais 
diversement ornés; celui qui regarde le Midi est 
percé de trois fenêtres en arcades romanes^ avec 
archivoltes arrêtées sur des têtes saillantes; il 
n'offire rien de remarquable extérieurement. 

Le transept Nord est célèbre par son pignon 
dont parle M* V iollet Leduc fDic^ raisonné d'archit. 
franc, du xi* au xvi* siècle), il est couvert au 
sommet par uii ornement réticulé très éiégarlt, 
accompagné de fleurons et de détails curieux. 
Ce qui attire surtout Tattention, c'est une rose 
aux rayons réunis par des arcades trilobées : 
elle n*à sans doute passa semblable en architec*- 
tare. 

Le sujet, en bas relief, qui entoure la bordure 



\ 



âL 



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148 BEAUVAI5. 




extérieure, est livré aux multiples înterprètatioos 
des archéologues. Cinq personnages à gauche 
montent vers une figure assise au sonamet de la 
roue, tandis qu'à droite cinq autres personnages 
dcsccodcnt la tête en bas. L'idée païenne d'une 
roue de la fortune est venue à quelques-uns ; 
d*autres y voient une image plus rationnelle du 
fugement, Jésus-Christ^ placé au sommet, appelle 
à lui les élus et repousse les réprouvés dans les 
abîmes. D'autres y voient encore une allégorie 
des phases de la vie humaine. Au côté droit de la 
circonférence (par rapport au spectateur), T homme 
marche dans le chemin de la vie jet traverse suc- 
cessivement les quatre âges : il passe sous la faulx 
de range exterminateur qui tranche le fil de ses 
jours et le précipite du côte gauche où il tombe 
vers sa demeure dernière, figurée par le cadavre 
couché sous la rosace^ enveloppé dans son linceul. 
Adhuc subjudice lis est. 

La nef est éclairée pur des fenêtres en plein 
cintrCj surmontées d'une archivolte modelée sur 
leur forme, tantôt simple, tantôt chargée de 
guillochis romans. Les contreforts consistent en 
desimpies pilastres de moyen appareil, peu sail- 
lantSj dont Tépaisseur est dissimulée par une 
retraite en larmier qui les réduit à une ou deux 
colonnes accouplées et terminées par une figure 



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SAINT-éTIENNE. 149 

grimaçante (i). Une corniche découpée en ar- 
catures semi-circulaires, ornées de figures fan- 
tastiques, se prolonge sous la toiture, laquelle 
est étrangement chargée de pannes fort lourdes 
d'aspect. 

Choeur. 



Il a été commencé en i5o6, sur un plan rectan- 
gulaire, à pans coupés avec une chapelle en saillie 
sur le fond. Cinquante piliers butants, plantés 
sur les murs de refend des chapelles, cernent le 
chœur d'un triple rang et supportent la retombée 
des arcs-boutants, dont deux turent renversés 
sous les coups d'un ouragan, en i883, et atten- 
dent leur restauration. Les piliers se terminent 
en pyramidions ou pinacles variés; Tun d'eux est 
surmonté d'un lion assis qui porte écusson. Des 
balustres gracieusement èvidées couronnent la 
galerie latérale et le pourtour du chœur, à la base 
d'une toiture très aiguë. 



(1) Les religieuses de Saint- Aubin ont adopté ce genre 
d'architecture pour la charmante chapelle de leur Com- 
munauté, II, rue Robert. 



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t 5q bbauvais. 



Intérieur. 



Ln entrant, on est frappé des proportions du 
chœur, aussi long que la nef et en pleine lumière. 
M. de Saint-Germain, parlant de ce contraste 
entre la nef et le chœur, disait : « Là, Tenfance, 

\ ici 1^ caducité d'un art qui se tue à force de raflS- 
nements. Amx piliers robustes, couronnés par dç 
massifs chapiteaux, succèdent de sveltes colonnes 
qui, d'un seul jet, élancent leurs nervures jusqu*4 
la clef de voûte; au roman pur se lie le gothique 
^ dégénéré, de sorte qu'en cette église sont réunis 

* le principe et la fin, Talpha et Toméga de l'archi- 
tecture chrétienne. » 

* Nous ne nous arrêterons pas à étudier tous Iç$ 
détails de la nef, divisée en six travées sépairées 
par des piliers massifs, lesquels sont flanqué^ 
de quatre colonnes qui affectent la forme ellip- 
tique aiguë; ni les clefs de voûte généralement 
très ornées; ni le triforium, composé d'arcades 
aveugles, qui se prolonge au-dessus des bas^côtés; 
ni la grosseur des tores qui forment les ar- 
ceaux des voûtes latérales; ni les pendentif^ 
du chœur qui ont conservé en partie leurs pein- 



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SAINT-éïIENNE. l5l 

tures de 1S45; ni, encore moins» cette roaace 
du fond, garnie récemment de vitraux étranges, 
d'un déplorable effet. Au temps de la Révolution, 
les foins qui furent tassés dans cette abside ache- 
vèrent, hélas! de briser d'anciennes verrières 
comme celles dont nous allons voir les intérea* 
santés épaves. 

Nous pénétrons dans l'église, en passant sous le 
buffet d'orgue (un 16 pieds ordinaire de 34 jeux, 
à quatre claviers). Les tuyaux proviennent 
en grande partie de Tabbaye de Saint-Paul 
et des églises Saint-Michel et Saint-Sauveur. 
M. Hamel a surveillé les diverses réparations, 
notamment celles que M. Barker exécuta en 1875 
et qui ont singulièrement amélioré cet instru-^ 
ment. 

En tournant à droite, nous voyons sur le mur, 
du côté du Midi, une statue de saint Mach, en 
bois, du XVII* siècle ; un Bon Pasteur, sur toile ; 
une Adoration des Mages, sur panneau ; la statue 
de saint Sébastien, en bois; deux toiles représen- 
tant la sainte Famille, genre Louis XV; sainte 
Wilgeforte (20 juillet), vierge en croix , cou- 
ronnée et représentée avec une barbe épaisse, 
du xvi^ siècle. 

Sur le pilier voisin, dans la nef, une Mater 
dolorosa, entée, vers 1760, à la place d'un autel 



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l52 BEAUVAIS. 



de saint Vaast, lequel fut converti en ce simu- 
lacre de rocher qui soutient le groupe de quatre 
personnages : Jésus^ Marie, saint Joseph et saint 
Etienne. Le donateur, en habit de chanoine, 
sculpté en petit, est à genoux aux pieds du Sau- 
veur; trois dais richement ciselés couronnent le 
tout de leur gracieuses aiguilles. 

Il reste, sur la muraille du bas-côté, une sainte 
Cène : le donateur, un chanoine, cujus effigies non 
apparet, est au coin du tableau; — une tapisserie 
de saint Pierre, semblable à celle qui est dans le 
choeur de la Cathédrale; — une toile, genre Bou- 
cher, Vierge mondaine et non pas religieuse. 

Nous arrivons au transept méridional, ou 
Chapelle des Morts. Une peinture sur bois, genre 
Memcling, représente la Mort de la sainte Vierge 
avec quelques anachronismes, v. g., un livre, et 
V Assomption où quelques têtes sont merveilleuses 
d'onction. Puis une Mise au tombeau : le paysage 
comme l'effet du ciel est beau pour l'époque. — 
La Samaritaine (siècle de Louis XIV). — Notre- 
Dame de Lorette, épisodes relatifs à la maison de 
la sainte Vierge, sur panneau bien conservé. 

Uautel est surmonté d'un immense rétable, qui 
encadre une Descente de croix de composition et 
de coloris dramatiques ; un orage éclate derrière 
la croix. Signé : L. Depape, inv*^ 1724- 



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Église St-Étienne 
Pilier de la Pieta ou Mater Dolorosa 



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SAINT-ÉTIENNE< 1 5 3 



Sur le côté, le Christ au tombeau ^ d'après Phi- 
lippe de Champagne, copié sur celui de la Cathé^ 
drale par Edmond Ladiré (i858), jeune homme 
qui mourut victime d'un travail acharné. — Notre- 
Dame de Pitîé^ bas-relief de Samson, donné par 
M. Froc fils. 

A rentrée du chœur, un- saint Etienne et un saint 
Vaast^ peints par Manperin, en 1777, sont placés 
au-dessus de deux tables de marbre noir qui 
furent soutenues jadis par Luther et Calvin 
sculptés en caryatides. La grille a remplacé Tan- 
cien jubé dont la croix est dressée sur le dernier 
pilier du transept en face de la chaire. Les miséri- 
cordes et les bras des stalles, enfermées dans le 
chœur, offrent une curieuse variété de grimaces 
et de caricatures satiriques. L'orgue de chœur 
vient des ateliers de M. Stolz (1880). 

Sur le pilier du transept dans la nef» du c6té 
de la Chapelle des Morts, on voit un tableau de 
saint Laurent; — la Rencontre de saint Joachim et de 
sainte Anne à la porte de Jérusalem, avant la 
naissance de Marie, panneau du xv^ siècle mal 
conservé : attitudes, couleurs et sentiment, tout 
est d'une grande naïveté; — la dernière Cène^ bonne 
peinture d'un sentiment mystique. Dans le fond, 
on reconnaît Moïse figurant l'ancienne loi, loi de 
crainte, remplacée par la loi nouvelle, loi d'a- 



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l54 BEAUTAIB. 

mour. Le pilier est recouvert de lambris dont la 
frifec sculptée porte des rinceaux et des armes par- 
lantes de la Renaissance. 

Sur le pilier du transept, dans le chœur, une 
médiocre Adoration des mages et des bergers fait 
fkce à la petite entrée latérale. Nous arrivons aux 
Chapelles. 



Çkapeli^e de Notre-Dame de BoH-SECpyM 
QU de Saint-Eustache, 



La statue de Notre-Dame de BQn-Seco^rs 

(xY" siècle), qui domine l'autel, est en pierre. — La 
voûte est surchargée de pendentifs remarquables; 
mais le plus beau sujet d'étude dans cette cha- 
pelle c'est la verrière riche de couleur. 

Les quatre panneaux inférieurs représeq- 
tent: 

I» Jésus-Christ stigmatisé tient d'une main la croix, 4t 
Fautre montre aux personnages, tournés vers lui, le calice 
et rhostie pour la vie du monde: c Qui menge.,. ma 
chair**., i*. — ^'^ Saint Jean-Baptiste semble présenter ati 
Sauveur les donateurs agenouillés, en tr 'au très Jehan de 



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SAINT-rÉTIBNNE. 1 95 



Malhigit^htiÊi nMns cte Beanvu», en 1 550. «^ )• Sêinêê Mar- 
guerite foulant aux pieds le dragon infernal. Ldgcnde 
inexplicable : Nul rCest travail de loing venir, venir aux biens 
pour succéder. Voua voye^ et si eognoissê^ qu'il n'y a faute 
d'héritiers, — 4* Saint Jean l'Ewingfliste, Deux donatrices. 
Faict ce que tu voudras avoir faict quand tu mourras. 
L'an 1553. 

Les autres panneaux racontent la vie de çaiot 
Eustache.* 



5» et 6* Comment saine t Eustache fut cov^rti à la fox ^^ 
Jésus-Christ. — Eustache, maître de la chevalerie de rem- 
pereur Trajan, è Rome, était abonné au culte des idoles, mais 
bon et miséricordieux : ce qui lui valut devoir la vérité, 
Un jour de chasse (c'est le fait dépeint ici), il part avec 
piqueurs, chevaux et une meute; il rencontre soudain 
plusieurs ceirfB. L'un d'oux, d'une stature plus grande, 
portant entre ses cornes une croix resplendissante et 
l'image de Jésus-Christ^ s'avançait pour le combattre. 
Eustache entend une voix lui disant : « Pourquoi me 
poursuis-tu > » Il a peur et se prosterne; tout avec 
lui demeure dtna It stupéfaction. Le pfiysag« est admi- 
rable. Aux pieds d'Eustache, un monogramme passe pour 
être celui d'un des fils d'Angrand Le Prince, si ce n'est 
celui d'un Le Pot. — On lit : 

Eustaee» . . es marchant et bourgSis de Beauvais a déni 
ceste verrière (pour ses) peschés (1554). 

7« Pillage du palais d'Eustaàhe, -* Après le prodige, notra 
Saint, avec sa femme et ses deux fils> alla trouver Vévéquo 



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I b6 BEAUYAIS* 



de Rome qui le baptisa. iàCB tmeiens compagnons , pcDdant 

une nuit d'orage» viennent incendier et piller sa maison. 

fiomt Icf fnuti Qmi]9, . , . btilpijauli 
Wnn rniain mal 0ouL . . fortune 
IBtufiIrreni in maifitni,.. ftiailraiti 
âyf saint Snfterttt* . « , . . tanr. 

Les inscrîptioDS suivantes nous apprennent^ ce 
qu'il advint ensuite. 

8* Sa Résignation, ^, 

Hfir» st» bttni bniltf it tovtr «a finettre 
tainrt dustatr rfnbit, n lirui Us plus sirntj, 
€n «uiaant U Iron Scb l'iptmnrur br tx^ti'ti» 
Orarrf a nrt Dieu sanf fouf iri tt rttrttf, 

9* Fuite de saint Eustache, 

itaDain il m partit nu plus ^ault U% montai^nrt 
9r il erroit atii lroi|s Iding tî% $rns it bu bntiirl, 
Orfs Hebans Its prcs parmi Its rampdgnri 
pî sa ftmme et infant sutlcmrut rstant simrl, 

Saint Ëustache a la figure de Charlea IX, et sa femme 
celle de Catherine de Mcdicis. 

10* (Donateurâ à genoux.) Mahioi Brocard a donné cetie 
vitre lequel trespassa le ^* jour d'avril 1553* Prie^ Dieu pour 
lux (i 57^)^ 



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SAINT-ÉTlENNE. iSj 



Dans les compartiments supérieurs sont traités: 
le baptême de saint Eustache ; — le martyre de 
saint Eustache et de ses enfants dans le taureau 
d'airain; — saint Eustache devenu messier ; — sa 
sépulture; — le culte rendu à ses reliques. 



Chapelle Saint-Pierre. 



Le tableau de Tautel, Jésus portant sa croix, est 
de l'école de Philippe de Champagne, d'une com- 
position savante. Il a été restauré par Chapuis. 

Trois panneaux : Une sainte Madeleine trop 
connue, la Naissance de Notre Seigneur (xvi» 
siècle) et les Mages adorant V Enfant Jésus, — Un 
saint Andréa sur toile. — La verrière, de 1 548, se 
divise en quatre tableaux. 

I* Vocation de saint Pierre et de saint André. — On lit : 

Jésus voîant les deux frères germains. . . 
Car tel grand bien je vous metray es mais, 

3» Vision de saint Pierre, — Placé sur le haut de la maison 
de Simon, il entre dans un ravissement d'esprit et voit 
comme une grande nappe qui descend du ciel en terre, 
portant toutes sortes de quadrupèdes, de reptiles et 



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ils MAtrtAis. 



d'oUeaux {Actes des Apotrts, ch* X^ i-zt.)* Simon accourt 
ciane le lointain. 

, ,, tutd ftem tftàl lûftif 
Sm pertrttts beitt. .. 

^* Cruciflement de saint Pierre, — Un ange tient un livrt 
d'hcares ouvert. Les détails du martyre sont très curieux. 
De nnacriptiotij il ne reste que ces mots : 

* 
Clemtiti fiatnct ^iertt estant en . . . soit mniBtte ptiiH 

$m%t au peupU t'tnfftt «tra 

fe liuce pour — re — 1 54S. 

4* Conversion de saint PauL — On tit : 

Sttnrt yaut tfltnlié â ïtttt k ta renutrit 
•tfAfit ta Q0il vt^mitlte rriir : 
ItAttUe iauiti pût trtb me foitttûi^ettt. 
in tfeiE ^n IjauU se pdnt a s'e^rtirr : 
H^ks mirii pieu bt moi q oeitlt ta faite 
0otmt ie suis l^e moa mut «atififaiicr (1348). 

Un cheval spéciatemcai accuse une scieïicÊ parfaite du 
modelé. 

Dans les petites divisions : Inhumation de saint 
Pierre et de saint PauL — Saint Paul conduit au 
lieu de son supplice. — Exécution de saint PauL -^ 
Apparition de saint Pierre et de saint PaulàNérom. 
— Saint Pierre en prière. 



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I 









SAiNt-ÉTi&NNE. iS$ 



Chapelle Saint-Jean-Baptiste. 



Là voûte est ortiée d'un pfeûdeûtif délicat. — 
Un tableau du Sacré-Cœur, très mâtivais. — 
Le Baptême de Nôtre Seign^ut, d*un effet puis- 
sant; range à gauche remarquable est TUIiiqUè 
fragment qui subsiste de râneieii titrâil. 

Sainte Catherine, comme coloris, rappelle Léo- 
nard de Vinci. La noblesse de draperie et dé 
dessin vaut Raphaël. Maximin qui n*a pu réussir 
à satisfaire sa passion, en 307^ eôt étendu aux 
pieds de la vierge martyre. 

Une bordure de fleura de lys SUftnotitées de 
couronnes encadra ces débris* 



Chapelle Saint-Nigolas et SAir^TE-CÀtliÈftitiÈ. 



Aujourd'hui ce large contour qui forme Tàn^lê 
des coUatérauit est fermé par une barrière de feoia j 
il sert de magasin ou de sacristie. La fenêtre de 
droite présente, en haut, un Baptême par immer- 
sion, le Martyre de saint StiêhHè, Inalheureu-^ 



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l6o BEAUVAIS< 



sèment incomplet, et les deux disciples dCEtmnaûs, 
superbes de coloris, ou un Repas, 

A droite et à gauche, sont deux fragments rap- 
portés. Il reste une Transfiguration et, de la lé- 
gende de sainte Catherine^ seulement quelques 
mots d'une inscription rappelant son argumen- 
tatioii avec les philosophes. 

Au milieu une fontaine allégorique fait jaillir en 
abondance le sang divin que les chrétiens recueil- 
lent. Un De la Fontaine en serait le donateur. 
Plusieurs philactères qui se déroulent autour des 
colonnettes, contiennent ces mots : 

|t>itfi ^nctnironi rti U fentninr 

Ite ta ^ixli souveraine 

f û stiine uienl pour periti 

le SIS (eiti mniita pitbf h raiïe. 

Le Démon enlevant un enfant non baptisé. — Le 
Diable chassé^ près d'un berceau- Sur un vase on 
lit : £n., premières lettres du nom d'Engrand Le 
Prince. — Baptême donné à un vieillard > dans une 
des divisions de Togive. Sur l'entablement de la 
façade du temple on lit : O mater Dei mémento met. 
(O mère de Dieu, souvenez- vous de moi.) 

L'autre fenêtre est consacrée à, deux traits mer- 
veilleux de la vie de saint Nicolas, évêque de Myre 



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"77^ 



SAINT-ETIENNE. 



en Lycîe (Asie Mineure). La composition de ce 
vitrail est savante, l'effet harmonieux et la juxta- 
position des couleurs très habile. A gauche, le 
miracle de la Multiplication des grains. Une di- 
sette affligeait la Lycie. Nicolas apprend que des 
vaisseaux chargés de froment, en destination 
d'Alexandrie, mouillent dans Tun des ports; il y 
va et demande aux matelots cent mesures de 
froment, pour calmer la souflFrance de son peuple. 
Ceux-ci refusent, mais le Saint leur promet qu'ils 
n'auront aucune diminution dans leurs grains. 
En effet, ils trouvèrent à Alexandrie la quantité 
convenue, et saint Nicolas distribua à ses ouailles 
tant et si bien les cent mesures, qu'elles suffirent 
à les nourrir pendant deux ans et à ensemencer 
lés terres. 

LÉGENDE. 

ilng ttmp^ \ahï% le pm\% iie Suit 
feut oppxHii be famine mortelle 
^e noble sainct pour les siens se soulcie 
Considérant feut elle 

IKour son patis mariniers inteqfelle 
Cent muqs be grain partis faict augmenter 
it pof htva ans te èur pkil ttptiit 
Ce faict bitiin faict, nul peut lamenter. 

11 



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i62 BEAUVAiS. 



A droite, le miracle des Trois étudiants sauvés 
du martyre. 

îrflqi rlerrs cAnfian» t ni ers piru nrt fifrr 
JCc fûuU tifrant tfAnsUnttit ronbamna 
fu, .. Ifaflirr d bmn pat fan irt 
han saiiirl santé Imr rtNna 

«Sipoii eit liru Uf 

^ei iniuirtns it sauliia ht martijrt 
<£urfui &0n1 t«t D . . qui tri bona 
ttttirc. 

Ces trois feuncfâ g^^ns, se rendant à Athènes pour étudier 
la philosophie, pusscrcnl par la ville de Myre. Ils deman- 
dèrent rhospitaïile pour la nuit. L'hôte et sa femme, s'ctant 
aperçus qu'ils portaient une grosse somme d'argent, îes 
égorgèrent et [es mirent en morceaux dans un saloir. C'est 
la scène représentée sur la droite du vitrail. Saint Nicolas 
'vétu d^une riche chape se rend à rhôtellerie, réprimande 
les coupables et ressuscite les trois victimes (i). 

Au faite du vitrage : Mort de saint Nicolas* — Cutte rendu 
à ses Tëliquei. Millésime 155a. 

Près du pilier, VEcce homo, terre cuite du 
xvni^ siècle. 



(1) V. la description de ce vitrail par M. le chanoine Bar- 
raud, Mém. de la Société Académique de l'Oise^ année 1854. 



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F 



SAlNT-ÉTIENNE. 1 63 



Chevet du bas-côté méridional , fenêtre du 
Jugement dernier. 

Le juge des vivants et des morts apparaît dans l'éclat de 
sa majesté. Tandis quUl est debout sur un nuage d'or, 
pressant la terre de son pied, deux anges sonnent de la 
trompette. Marie et Jean-Baptiste sont à genoux, le lys 
de rinnocence au-dessus de la Vierge immaculée et le glaive 
du repentir surmontant le prédicateur de la pénitence* 
Saint Pierre tient les clefs du paradis et ôaint Michel lève 
les balances sacrées pour le redoutable pèsement des âmes. 
L'un des plateaux monte avec une femme d'une sollicitude 
vraiment belle, l'autre s'abaisse avec l'époux condamné, et 
le démon l'arrache du plateau, tandis que la femme s'é- 
lance pour le retenir, souâ les regards attrayants de l'ange. 
Vains efforts! le sort est fixé à jamais!... Au-dessous, se 
présente l'enfer avec ses horreurs. L'entrée est la gueule 
énorme d'un dragon. Le prince des ténèbres, horrible et 
fantastique portier de l'éternel abîme, la tient ouverte avec 
deux griffes puissantes du haut d'une muraille, et les 
damnés entrent par cette porte affreuse, glissant lente- 
ment dans les enfers, dont le reflet rougeâtre éclaire toute 
cette scène d'une lueur sinistre. 

M. Roussel, peintre- verrier à Beauvais, a res- 
tauré artistement une partie de cette belle page 
de verre (1878). A gauche, l'ange conduit les âmes 
au ciel. Au haut de la fenêtre, Tabîme des misé- 
ricordes : la sainte Trinité y reçoit les adorations 
de la cour céleste. — Les portraits de M. le curé 



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1 64 BEAUVAIS, 



Potier et de M*« G- Têtard » (placés sous la pro- 
tection de leurs patrons, saint Constantien, abbé, 
et sainte Anne), indiquent qu'ils ont payé la mise 
à neuf de cette magnifique verrière^ 



CujwrLLLJ^ DE Notrk-Daml du MonT'Cahmel (i)< 



Un lambris cache rarchitecture; quatre statues 
modernes polychromées, de M Froc, reposent 
sur la corniclie : saint Bernard (réduction de La 
statue de Marseille-le-Petit), saint Dominique^ 
sainte Anne et saint Simon Stock. La statue de 
Notre-Dame du Mont-Carmeî (ou du Scapulaire) 
entourée d anges se balançant dans l'espace , 
remplit la niche au food du rétable et masque 
en partie le vitrail de Notre-Dame de Pitié dont 
00 admire les figures et la coloration. 

Les divers sujets traités dans les autres fenêtres 
furent assez mal restaurés en 1862. Ce sont : le 
Repos en Egypte à Tombre d'un palmier qui 



(r) Une Cootréric du Mont-Carmcl OU du Scapulaire, 
fiit drivée le 16 juiUet 17^7 par M, TalloUi curé, et conôrméc 
par bulle de Clément Xll. Le dimanche après le 16 juillet, 
Id fête du Mont^Carmel se célèbre très solenneLlccnent. 



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SAINT-ETIENNE, 



m 



abaisse ses dattes; — la Mort de la sainte Vierge 
visiblement portée par les anges au ciel ; — sainte 
M^ideleine, estimée des amateurs ; --^ \e Martyre 
de saint Etienne : les donateurs sont dispropor- 
tionnés mais naïfs et pieux ; ■— la sainte Vierge 
allaitant l'Enfant Jésus; — le Crucifiement ; — la 
Résurrection; — sainte Anne et sainte Elisabeth se 
rencontrant; — une Immaculée. Toutes ces scL-nes, 
excepté le martyre de saint Etienne, se lient aux 
profonds sentiments de douleur et de joie qui 
ont comblé l'existence de Marie, depuis la crèche 
jusqu'à la croix. 

Dans les rosaces, on remarque une Nativité de 
Notre Seigneur; — ï Apparition à Madeleine : 
(fioli me tàngere), et un saint Sébastien, 



Chapelle Saint-Claude. 



Fenêtre en face du bas- côté (Nord) : Arbre de 
Jesséy Tunique en France comme coloris et exé- 
cution. 

La souche enracinée dans la poitrine dé Jessé étend ses 
rameaux sur un fond d*à2ur. Quatorze personn^gefï sem- 
blent sortir chacun d'une branehe auk fbuillaf es évasés et 
chargés de fleurs et de fruits. Quatre appartiennent à la 



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\ 



l66 * BEAUVAIS. 



tige choisie de Dieu : Jessé^ David, Salomon, Marie placée 
dans le lis. Neuf autres, par une flatterie trop commune 
en ce temps de décadence des arts, sont des rois de France, 
parmi lesquels on reconnaît saint Louis, Louis XII et 
François I"*. Enfin un autre, à la tête blonde et nue, c'est 
Engrand Le Prince lui-même, signant son œuvre par son 
propre portrait, avec ces mots : Engr» Roi (pour signifier 
Le Prince». 

Adossée au pilier du chœur, la Mater dolorosa, 
statue de grandeur naturelle, fait le pendant de 
VEcce homo. 

Deuxième fenêtre. — Saint Jean tenant la coupe 
empoisonnée qu'il but pour convertir un prêtre 
des idoles, et saint André chargé de sa croix. — 
Une nombreuse suite de donateurs invoquent ces 
apôtres. 

Troisième fenêtre. — Légende de saint Claude. 
L'explication est donnée parles inscriptions elles- 
mêmes: 

(Some sainct dlaube en saincteté fuirent 
(i!I9|l(!l ans après qu'l|etmite se oonlt rendre 
Ihtt postule abbe 5e sainct (ingent 
(SÔme relltti on n'aooit que repreubre 
Cît Panèrent en ri|emtitage prendre 
jlour leur prélat les ntotines dub. lieu, 
ilelidieux neullent cect] comprendre 
dur eus sont ceuU qui ont bn père en IHeu. 



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! 



SAINT-ÉTIENNE. 1 6j 



Saint Claude, en habits pontificaux, se démet de ses 
fonctions d'archevêque de Besançon {69 3I pour rester 
religieux; il refuse la charge d'abbé au monastère de 
Saint-Oyand (aujourd'hui Saint-Claude). Malgré lui il est 
élu, âgé d'environ 86 ans, et meurt dans sa ici* année. Il 
est exposé sur un lit de parade en costume de chœur, 
entouré de religieux qui prient, encensent, etc. — On Ht 
encore : 

(Some sainct dlauèe fttt hub. monastère 
St pin abbi par soixante cinq ans 
lequel après que nie très austère 
(Sut bémenée tout le cours 5e son temps 

St benoist sainct aagé b'ung et cent ans 
Pamt renbtt et ans sainctf cienx raoie. 
ilotef cliacun tant petits come grans 
Sa bonne fin ensuit la bonne nie. 

Les parties flamboyantes de la fenêtre sont 
remplies par le saint archevêque de Besançon bé- 
nissant ; des pèlerins sont prosternés devant son 
trône; dans le lointain, les fidèles accourent au 
pèlerinage du Jura, où le corps de saint* Claude, 
conservé intact, opérait des prodiges. 

Deux de ces grands miracles sont retracés dans 
les panneaux du bas : 

Une malheureuse mère, nommée Poncia, cède à la ten- 
tation du démon qui lui promet tous les trésors de la 



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••7C^V.^»! 



i68 BEAUYAIS. 



terre, à la condition qu^elle lui immole son enfant. Un 
hideux diable vert, à tête de vache, embrasse Tinfanticide 
dans une horrible étreinte. A ses cris, Jean, son mari, 
accourt et Poncia reste perdue. Mais il la mène au tom- 
beau de saint Claude et obtient pour elle le pardon et la 
(fuérison. 

dommr nnt femme pat fureur (e rouraQe 
Iton pxoptt enfant ortist et mist a mort 
flont U braille en nenseoitt ctst «utrait 
fors étrangla Ca femme et mil... 

QHuanb le mari entteotit rest effort 
{tour son re^ios s'en nint al... 
j^erounra nie ^n\ fut %tanh reronfort 
Il pi llieu ai(e le biable ne. . . 

Sur le panneau suivant, deux enfants qui se 
noyent dans le fleuve du Doubs. 

La ffîÈre se lamente, le père veut les sauver et £ait un 
vqtu à Aaipt Claude qui les rend à la vie. 

Gomme iabis... beux enfans innorens 
(<6n s'esbattant) ensemble se notèrent 
Pont lent parens perbitent presque sens 

(fie nonobstant a sainct Glanbe noukent 
(f eurs beux enfans re bont ils) se louèrent 
(Cfst exaulce celui) qui sert sainct dlaube. 



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SAINT-ÉTIENNE. 169 



Dans le lointain du tableau, on découvre 
N. L C. O. L. — I. H., signatures de Nicolas et 
Jean, fils du célèbre peintre sur verre de Bcauvais, 
Engrand Le Prince. 

Chapelle Sainte-WTarthe. 

Rétable admirable représentant ïEcce homo 
entre sainte Marthe qui tient un bénitier, et sainte 
Marguerite qui foule un dragon rugissant, sous 
trois dais en encorbellement. — L^autel en boi- 
series à papiers roulés et à médaillons, du 
xvi« siècle, est l'ancienne forme du tombeau. 

Dans Tangle, à gauche, la légende suivante est 
restée peinte sur la muraille.: 

Saint Druon, du pays de Caux, quitta sa maison paternelle 
dgé de quator:çe ans pour s'adonner à Dieu ; méprisant la no- 
blesse et abandonnant ses biens au pays de Hainaui ,- aprè» y 
avoir été berger quelque temps il fit le voyage de Rome plu^ 
sieurs fois. . . Dans une petite loge qu'il se bâtit près de l'église 
de Sebourg en Hainault. . . Après y avoir vécu sainctement^ 
trespassa à quarante ans ; et qui a opéré plusieurs miracles, 
comme guérissant ceux qui étoient travaillé de pierre et gra- 
velle. 

Une plaque de marbre indique que cette cha- 
pelle a servi de sépulture à la famille Auxcous- 



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1^ BEAUTAIS. 



teaux de Cooty. — Un fort curieux petit reli- 
quaire bizantin (xi" ou xir siècle), avec émaux 
de diverses couleurs et de figures de saints ea 
creux et eu demi-relief de cuivre doré, renferme 
des ossements que Ton croit être de saint Sym- 
phorien et de saint Cunifort. — 11 provient de Tau- 
cienne abbaye de saint Symphorien^ à Beauvais. 

Les divisions supérieures du vitrai J ont pour 
sujets : la Nativité et VEnfana^ de Jésus. A la place 
des panneaux du xvi* siècle, on a mis, en 1854, un 
saint Joseph debout, presque de grandeur natu- 
relle, tenant un lys à la main. La figure du saint 
fait peur, est répugnante et devrait être rem- 
placée. 

Sur le mur de la sacristie, excellent tableau 
de récole du Dominiquin : Mort de sainte Cécile^ 
dont les anges étanchent le sang. 

La porte de la sacristie est chargée d'arabes- 
ques du temps de François I*^". 

Chapelle de Notre-Dame de Lorette 
ou de Saint-Sébastien, 

Au-dessus de Tautel, un grand tableau de 
V Assomption [des roses remplissent le sépulcre), 
copie de Philippe de Champagne. 



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SAINT-ETIENNE. 17! 



Première fenêtre. — Fragment de vitrail : saint 
Martin partageant son manteau. La tête n'est 
qu'une copie, mais refaite avec une grande fidé- 
lité. 

L'Entrée des archives forme une charmante 
petite sacristie d'enfants de chœur, supportée 
par une colonne centrale, dont le chapiteau reçoit 
la retombée des voûtes à filets prismatiques. On y 
remarque une statue antique Aq sainte Angadréme. 

Deuxième fenêtre. — Les quatre translations de 
la maison de Lorette, Vitrail d'un dessin très pur 
qu'on croirait de l'école de Raphaël. Dans la pre- 
mière division se distinguent trois lettres, sur un 
contrefort, P. L. P. Le Prince ou Le Pot serait 
donc l'auteur de cette remarquable verrière. 

Première translation, de Na:{areth à Rauni\a, en 
Dalmatie. 

C'était en 1291, la sainte Maison dans laquelle le Verbe 
s'est fait chair, afin d'échapper aux farouches Mahométans, 
par un miracle inouï est enlevée par des anges et apportée 
en Dalmatie, à la grande stupéfaction des témoins. L'é- 
vêque Alexandre était malade : la mère de Dieu lui apparaît 
pour lui annoncer le prodige, et, comme preuve à Tappui, 
lui rend la santé. Lfe gouverneur de la contrée envoie en 
Terre-SaJntè ; on constate à Nazareth que la santa casa â 
été détachée de ses bases qui existent encore. -^ Devant 
Marie se tient une femme à genoux, portant un cierge aî- 



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a 



17^ BEAUVAJS. 



lumé; une banderole présente le mot Esclavone. Cest TEs- 
clavonie tout entière personnifiée. 

Deuxième translation, dans le bois des lauriers, 
près de Recanati : 

Dieu avait ses desseins. Trois ans après, le lo dé- 
cembre 1394, '^ sainte Maison est de nouveau traiiBportét 
par des ai^ges, dans la marche d'Ancône. Dçs bergers 
Taperçurent. Un pèlerinage» très fréquenté d^abord, devieût 
impossible parce que des brigands envahissent « le bois 
de Laurette » pour voler et même mettre à mort les pieux 
serviteurs de iVIarie. La sainte Maison disparait et m 
trouve emportée comme nous allons rapprendre. 

Troisième translation , dans la propriété 4t9 
seigneurs Siméon et Etienne Rim^ldi, à trois milU§ 
de Recanati. 

Ces deux malheureux frères, au lieu de rester unis dans le 
Seigneur qui les honorait d'une telle faveur, mus par l'es- 
prit de convoitisç, se disputent les riches offrandes ap- 
portées par les fidèles au sanctuaire de Marie. Un des deux 
est étendu par terre, au bas de Tautel^ le sein percé d'uh 
glaive. Le fratricide arrache un ex-voto. Âû-dessus d^eux. 
Us anges se hâtent d'enlever de nouveau là sainte Maison 
à cette terre souillée par le meurtre, et rapportent à Teia*- 
droit qu'elle occupe maintenant. 

Quatrième translation, sur la cime d'un monticule 



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SAINT-ÉTIEnSîNE. lyS 



qui domine FAdriatique, à deux lieues environ 
de la ville qui s'appelle aujourd'hui LfOrette. 

La multitude y accourt : les miracles s'y opèreni en 
nombre par la puisssmte bonté de Marie. 

Les inscriptions du bas de la fenêtre ont dis- 
paru. 



Chapelle du Sacré-Cœur. 



Dans le transept septentrional, un grand ré^ 
Uble encadre^ le tableau de Jésus recevant les 
adorations de Funivers^ par un élève de Le 
Moine. Il est en partie caché derrière une statue 
du Sacré-Cœur de Jésus. 

Plusieurs tableaux garnissent la muraille du 
transept : Jésus enseignant les docteurs; — VAs- 
somption; — saint Vaast enchaînant le dragon. En 
dessous, une curieuse peinture allégorique (sur 
bois) de ï Agonie du Sauveur, et surtout de l'/m^a- 
culée-Conception. 

Marie est placée dans le sein maternel et rendue visibtc 
à Cavid qui la chante sur sa harpe iâspiréç : En elle on 
cherchera ea vain le péché {Quœretur peçcatum illius et iioit 
inpenietur. Ps. lo, v. 1 5), et à saint Joachim qui est à genoux 



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â 



1^4- BËAUVAÎS. 



devant elle : Elle s'avance comme Taurorc à son lever (Pro- 
greditur quasi aurora consurgens. Gant. 6,9). — - Sainte Anne 
semble dire : J'ai des fruits d'honneur et de sainteté (Fructus 
met honoris et honestatis, Eccli, 34,33). — A Marie on applique 
CGS paroles : Ceux qui vous étudient auront la vie éter- 
nelle (Qui élucidant te vitam œternam hahebunt, EccM, 34,31). 
— Dieu, couronnant cette scène mystique, porte sur son 
phylactère : Tota pulchra es arnica mea et macula non est in te 
(Cant. 4,7.). Vous êtes toute belle et il n'y a pas de tache 
en vous. 

Sur le pilier de la nef qui termine les travées 
du flanc septentrional : Y Annonciation^ la Pentecôte 
et le Couronnement de la sainte Vierge (panneaux), 
et du côté de Tautel latéral, un autre panneau 
détérioré, représente la Circoncision^ mais en le 
faisant tourner sur pivot on découvre la légende 
du seigneur qui vend sa femme au diable y au 
moyen-âge. 

Le sire, las de sa compagne, veut la livrer à Satan. Il 
évoque les esprits infernaux et puis il chevauche croyant 
mener sa femme en croupe. Mais cette malheureuse appelle 
à son secours la consolatrice des affligés. Au moment de 
îionsommer son iniquité, l'impie chevalier trouve Marie à 
la place de l'infortunée dame. Il pleure sa faute et fait un 
gros meâ culpd. 

Dans le bas-côté, Tépitaphe en losange d'Oudry, 
peintre de Louis XIV. Il a fourni à Beauvaîs la 



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•y*-/' 



SAINT-ÉriENNE. IjS 



plupart des modèles qui ont servi aux Gobelins. 
On a encore des originaux de cet artiste à la Ma- 
nufacture. Il était marguillier de Saint-Etienne et 
mourut le i«»'mai 1755. 

La chaire est de Tépoque de Louis XV. Les 
quatre évangélistes sont sculptés sur les panneaux 
de la cuve. Dans le rétable adossé au pilier : un 
saint Sébastien pieds et mains liées. 

Saint François d'Assise. — Sainte Maure ei sainte 
Brigide; — enfin une composition de Técole du 
XVI* siècle, dans laquelle Tartiste-poëte donne 
Texplication de son sujet, en deux quatrains tracés 
au coin du tableau. Nous copions textuelle- 
ment : 

Dans ce séiour de saincteté 
L'ange condûict l'ame dénote 
Par les sentier d'humilité 
Qui selle en peut ouurir la porte. 

D'un cœur plain de dévotion 
Cette belle ame se regrée 
Et faict sa méditation 
Sur chacune plainte sacrée. 

C'est la pieuse méditation d'une âme dévote, 
figurée par une religieuse bénédictine, sur les 
douleurs de la Passion; ou bien c'est Tâme passant 
par la voie douloureuse à la suite du divin Sau- 



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^7^ BBAUVAIS. 



Yeur^ un ange la conduisant dan:^ les sentiers de 
l'humilité. A chaque station un dialogue s*engage 
entre elle et Jésus. En voici la reproduction telle 
qu'il est écrit ; 

j' Le calice d'amertume est offert au Réd^mj^- 
èeur : 

Pourquoi Seigneur vous ùffrt^-vous 
Aux rigueurs du divin courroux? 

— Ton pèché^ m* en donne V envie 
Car je te veux sauver la vie. 

5* Trahison de Judas: 

Mon Sauveur qui vous a soumis 
Au pouvoir de vos ettrtemts ? 

— Ce traistre Judas tant il ose. .. 
Mais tes péché^ en &ont la cause^ 

S° Flagellation : 

Qui vous oblige à tant de coups ? 
Qui pourrait agir contre vous 9 

— Aux fouets je m'expose moy-mesme 
Ainsi tu vois combien je t'ayme. 



4° Ecce homo : 



Grand Roi qui vous a couroné 
En vostre chef si mal orné? 
— Pour abaisser îonjier courage 
Je me mis à cet esclavage. 



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SAINt-ÉTIENNE. 1 77 



5» La croix chargée sur les épaules du Sau- 
veur: 

Qui vous a chargé de et faix 9 
Seroit'Ce point pour mes forfaix ? 

— Sou:f un tel poix mon cœur SùUspire 
La croix de tes péchés^ est pire. 

6^ Calvaire : 

Mon Jésus je vous vois pendu 
Et vostre sang tout respendu 

— Je veux mourir de ceste sorte 
Pour l'amour grand que je vous porte. 

70 Jésus mort sur la croix: 

Enfin mon Dieu vous este mort 
Pour mqy qui vous offensera tort. 

— Pour tout loyer de mes services 
Quitte pour mon amour tes vices. 

Nous avons tenu à reproduire ici rexpressioû 
touphante de ces scènes placées trop haut pour 
qu'on les lise parfaitement. 

Après la chapelle des Fonts, il ne reste exposé 
à nos yeux qu'une statue de bois (xvi" siècle) de 
sainte Angadrême, patronne de la ville , entre 
deux petits tableaux : saint Jean-Baptiste et saint 
Joseph. 

IS 



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'78 



BEAUVAIS, 



En laissant derrière nous tous ces précieux 
débris des âges passés, nous ne voudrons pas 
sortir sans saluer de nouveau ce sanctuaire, 
véritable musée artistique, élevé pour le Dieu 
qui inspire les grands génies et récompense 
les grands coeurs. 





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[ 



^r 'T'V'^rt* '^P "^ 'T '"6' ir* 'T' ^r ^ '^ *T *** 'T* '^ '"^P 



MANUFACTURE NATIONALE 

DE TAPISSERIES, 

(DANfc LA RUE DE CE NOM.} 



JMLb Manufacture de Beauvais est plus ancienne 
de trois ans que celle des Gobelins, Fondée 1664, à 
l'époque où Colbert revivifiait le commerce et les 
arts» elle fut toujours protégée du gouvernement 
et administrée par la liste civile. Depuis Napo- 
léon l^^j elle ne produit plus que les fleurs et les 
paysages, des vases, des portraits^ de folies ten- 
tures de pastorales et fêtes champêtres; les Go- 
bclins exécutent des tableaux d'histoire. Beauvais 
travaille en basse-lisse/ c'est-à-dire sur un canevas 
horizontal et par conséquent va plus vite, le pied 
remplaçant la main pour soulever la trame* Ce- 
pendant Beauvais fait plus fin que les Gobelins- 
On est étonné que les artistes soient parvenus à 
donner tant de fraîcheur, de coloris, de délicatesse 



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iHo 



BEA U VAIS. 



â ces petits paysages qu on prendrait pour de la 
peinture. Les meubles destinés aux châteaux des 
souverains offrent beaucoup d'intérêt. Voltaire, 
dans son chap. XXIX du Siècle de Louis X/V^ fait 
un éloge mérité de cet établissement justement 
célèbre. 

Les Etats-Unis possèdent de très belles tentures de 
Beauvftis. Voici comment : Le Comité de Salut public fît 
venir en 1793 des bJès d'Amérique^ et quand il s^agit de 
payer il offrit des assignats. Les Yankees se récrièrent, 
comme bien on pense. On n'avait pas d'argent, comment 
faire? On offrit alors et les Etats-Unis durent accepter en 
paiement des tentures de Beauvais et... des livraiiofis 
du Mcniieat. 

Cet établissemeût est ouvert tous les jours au 
public, de huit heures à midi et de une heure 
à quatre heures, excepté les dimanches et fêtes. 





"*^^ 



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CHAPELLE DES FRÈRES. 

(Rue de NuLLY-D*HécouRT.) 



JEïe frère Menée avait établi^ en iB33, une école 
libre pour les enfants du peuple, puis un 
pensionnat primaire. Dès lors Fécole normale 
lui fut confiée et enfin Tlnstitut agricole vint 
s'ajouter^ en i855^ aux diverses branches d'ins- 
truction toujours si florissantes entre les mains 
de son successeur (le P. Eugène-Marie). Le digne 
aumônier de cet important établissement, M«' Çla- 
verie, chapelain de la Maison Pontificale, gémissait 
de n'avoir pas une chapelle en rapport avec les 
besoins de la communauté. Il se fit Tapôtre du 
culte de saint Joseph j des dons arrivèrent de 
toutes parts, et, en 1861, un gracieux monument 
s'élevait d'après les plans de M. Delefortrie, d'A- 
miens. M. Puissant en fut l'entrepreneur. 

Cet édifice a la forme d'une croix latine et présente tous 
les caractères du style pur du xiii* siècle. Le portail prin- 
cipal s'ouvre dans le transept méridional. Le tympan «st 



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à 



l82 BEAU VAIS. 



décoré d^une peinture représentant le Travail dans Vatelier 
de Nazareth. — A Tintérieur, on est frappa de prime-abord 
du luxe éblouissant des peintures murales imitées de la 
Sain te- Chapelle. Pour en trouver Texplication , il faut 
savoir que ce sanctuaire est le siège d'une Archiconfrérie 
de Saint^oseph, fondée le 23 janvier 1859, érigée par 
bref du Pape Pie IX, le 21 septembre 1861, et qui a pour 
organe, depuis le 6 janvier 1869, le Messager de Saint- 
Joseph. Un grand nombre de paroisses, de communautés 
de France et de l'étranger ont voulu s'aflfilier à T Archicon- 
frérie, pour jouir des grâces spirituelles accordées en sa 
faveur par Pie IX. Cest pourquoi les frères Athanase, 
François et Alexandre, en véritables artistes, sous la di- 
rection du frère Samuel, ont eu l'idée de faire entrer dans 
la décoration de cette chapelle les blasons, devises et 
inscriptions des provinces, des diocèses, des villes, des 
prélats, etc., et qui ont contribué à développer la dévotion 
â saint Joseph. Les armes ou chiffres des fondateurs sont 
placés sur les colonnes ; dans les arcatures du chœur, on 
voit ceux des centres affiliés (aujourd'hui au nombre de 900). 
L'autel principal, exécuté en pierre, est un don du 
clergé de France, comme l'indique cette inscription lapi- 
daire g^ravée sur l'une des faces : 

Hoc altare Deo vivo et vero Jesu Christo 

Sub tua invocatione 

Pervigil ipsius nutritor, Beatissime Joseph, 

Tribulantis Pontificis Ecclesiœque defensor, morientiwn salus, 

Clerus francigena. Data manu et impensis (i) 

Dévote et suppliciter cedificat et vovet. 



(t) Traduction : O bienheureux Joseph, père nourricier 
et gardien vigilant de l'Enfant-Dieu, défenseur de l'Eglise 



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CHAPELLE DES FRÈRES. ï83 



Une autre face renferme, sous glace de cristal, un auto- 
graphe de Pie IX (6 mai 1865). Sur le devant se trouvent 
les statuettes des quatre évangélistes avec leiirs em- 
blèmes. Au milieu^ Notre Seigneur Jésus-Christ. Le ré- 
table porte les statuettes des douze apôtres tenant chacun 
leur article du symbole. Derrière l'autel s*éiève la belle 
statue de saint Joseph, sculptée aux ateliers de Munich, 
don de Pie IX et couronnée en son nom d'un précieux; 
diadème, enrichi de diamants, le 14 juillet 187^ (i)- Aux 
angles de Tau tel, deux anges tiennent des banderoles 
sur lesquelles on lit : 

Ecce fidelis servus et prudens (Voici le serviteur fidèle 
et prudent), et Ite ad Joseph (Allez à Joseph), 

Les deux autels latéraux^ dédiés à la sainte Vrcrgc et à 
saint Jean-Baptiste, recouvrent chacun un corps saiot. 

Dans le transept gauche, peinture murale du frère Atha- 
nasé (M. Grelet, élève d'Horace Vernet), représentant 
V Assomption de la sainte Vierge; en face, Pie IX instituant 
l'Archiconfrérie de Sainte Joseph. A ses pieds, M"" Gignbux, 
M*' Obré et M.Millière, vicaires généraux; M. Claveric» au- 
mônier et ses deux collaborateurs, MM. Ozouf et Paillart; 
le frère Menée avec des enfants. A droite, un cardinal et 



et de notre Auguste Pontife dans ses tribulations^ saïutdes 
mourants, le Clergé français, réunissant ses votux et ses 
dons, élève pieusement à votre gloire, et sous votre vocable, 
cet autel à Jésus le Dieu vivant. 

(i) Cette couronne, fournie par M. Trézel, chasublier à 
Beauvais, a été dessinée et exécutée par M. Félix Mûller, 
de Paris. 



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184 BBAUVAI8, 



dç$ orclrcs religieux se mettant sous le patronage du s^nt 
patriarche. 

Dans la ntf^ une proceaaion de saints qui rappelle 
celle de FUndrin h, Saint^Vincent^de-Paul et à Saint^ 
Germain des Prés, à Paris» se déploie entre les colonnes, 
les ogives et les arcades polychromées. Du côté de l'épitre, 
figurent saint Picnr, saint Paul, saint Jacques et saint 
Jtan^ apptres , suivis de saint Etimwe et saint Laurent, 
martyrs, saint Rieulf saint Ijêcien» saint Mé4ard, saint 
Tv«f« saint Eîçi, apôtres et évoques, du diocèse de Beau- 
vais, enfin, saint Germer, saint Evrou, abbés de ^aint- 
Germer et de Saint-Lucien. 

Du côté de Tévangile > la procession est formée de saint 
Jean-Baptiste, sainte ElisaMk tt sainte Anne^ parents de saint 
Joseph ; après ce premier groupe vient celui des saintes 
Maxence et Marguerite, Cécile, Angadreme, Romaine^ Maure, 
Brigide^ Godeherthe, Radegonde, dont FEglise de Beauvais 
honore les vertus héroïques. 

Le Chemin de Croix encastré dans la muraille est un don 
de la reine d*Espagn&. — Des ex-voto innombrables sont une 
preuve de la confiance en saint Joseph et de sa puissante 
intervention. Parmi les plaques de marbre, on en remarque 
une grande à la mémoire de Pie IX et de M'' Gignoujc : 
hommage légitime de reconnaissance. 

Les vitraux , bien qu'ils jurent avec la décoration de la 
chapelle, comprennent 17 tableaux sortis des ateliers de 
M. Lévéque, à Beauvais, Ils offrent toutes les scènes évan^ 
géliques et légendaires de la vie de saint Joseph. Dans les 
roses des transepts, un arbre de Jessé développe i^généa^ 
logie de saint Joseph d'un côté, et de Tautre celle de la 
sainte Vierge. Dans la nef sont représentées les FianfaUles 
de Marie et de Joseph, le Rebut des hôtelleries^ à Bethléem, 



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CHAPELLS DES FRERES. l85 



V Adoration des Bergers et des Mages dans FétabLe» ï Imposi- 
tion du saint Nom de Jésus et la Fuite en Egypte, où, d'après 
la légende espagnole, on voit une perdrix volant et cfEi- 
çant lei traces des saints Voyageurs pour les dérober aux 
investigations des émissaires d'Hcrode. 

Dans le chœur : le Repos de la sainte Famille sous le pal- 
mier qui s'incline et offre ses fruits à saint Joseph ; — l' Ar- 
rivée en Egypte^ où les idoles tombent devant le Soleil de 
Justice ; — V Intérieur de Naifareik, on la sainte Famille au 
travail et l'Enfant-Oieu expliquant les Saintes-Ecritures, 
Les vitraux suivants représentent : Jésus perdu et cherché 
par ses parents ; son recouvrement au milieu de& Docteurs ; 
la Mort de saint Joseph ; la Visite de Jésus et Marie à son tom- 
beau; et dans le vitrail du fond, saint Joseph dans le Ciel, 
accompagné des saints Patriarches de sa famille* 

Dans les vitraux des transepts» nous voyons d'un côté 
le Patronage de la sainte Vierge : à ses pieds un groupe de 
Congrégations affiliées, prc&idé par S- E. le cardinal 
Donnet, archevêque de Bordeaux. La partie basse repré- 
sente Taumônier à Tautel, imposant le scapulaire de Tlm- 
maculée-Conception. On remarque le Supérieur général 
des Frères et ses Assistants, M^ Gignoux et ses deux 
Vicaires généraux, le frère Eugène-Marie, M. Bouctard, 
maître de chapelle, etc. 

Dans Tau tre transept, loFatronage de saint Joseph. Le 
bienheureux Patriarche tient V Enfant-Jésus et bénit. Au- 
dessous, le cardinal Gousset, de Reims, entouré d'Ordres 
religieux, offre la Chapelle de rArchiconfrérie. Plus bas. 
Pie IX délivre le Bref de l'Archi confrérie, et M'' Gignoux 
écrit sous sa dictée le précieux Reserit des Indulgences 
qui y sont attachées. 

Le i«'*mars 1874, la direction de rArchicQûlrérie 



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BEAU VAIS, 



fut confiée aux RR. PP. du Saint-Esprit. Ils y ont 
annexé, en 1876, une Ecole apostolique, sous le 
nom â* Œuvre des Clercs de Sainte JosepK rue Vil- 
lierS'dc-J ' Isl e- Adam , 

Dans la même rue est V Ecole Fellerin^ du nom 
de rinstituteur qui inaugura à Beauvais l'en- 
seignement mutuel (r 833-1849), ^Çlle fut ainsi 
appelée sur la demande de ses élèves reconnais- 
sants. 




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EGLISE SAINT-JACQUES, 

(A VOISINLIEU.) 



^fe gracieux édifice doit son existence à M»*" Gi- 
gnoux, qui eut à cœur de le faire élever sous sa 
responsabilité, dans un quartier deshérité de 
toute ressource religieuse depuis la Révolution, 
Il en a posé la première pierre le 14 juillet 1875, 
L'architecte, M. Delefortrie, d'Amiens, en a donné 
les plans (style du xiii® siècle), et les divers entrepre- 
neurs furent : pour la maçonnerie, MM. Rigauit 
et Legrand, de Beauvais ; pour la charpente et la 
couverture, M. Lenoir, de Beauvais; pour les 
voûtes, MM. Colas frères, et pour les sculptures, 
M, Hesse, d'Amiens. 

Le clocher s'élève sur la façade et lui donne un aspect 
monumental. Il se compose d'une tour carrée, d'une lan* 
terne à huit pans et d'une flèche en charpente. Au bas de 



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tSS BEAUYAIS. 



la tour, une baie rectangulaire donne accès dans Tinté- 
rieur. Lçs côtés de la porte sont ornes chacun de quatre 
colonnetres avec chapiteaux sculptés. L'archivolte est dé- 
corée de festons à têtes trilobées et le tympan orné d'une 
rose à six feuilles en relief, au centre de laquelle on a 
sculpté les symboles eucharistiques. Le fronton est sur- 
monté de la statue du titulaire de l'église. 

Au premier étage, s^ouvrent deux fenêtres ogivales gé- 
minées ^ avec colon nettes et quatre feuilles , surmontées 
chacune d'un petit front on chargé de crochets. — Au 
deuxième, rèfçnej sur chacune des quatre faces, une série 
de trois lenétres simulées, aussi géminées, avec colon- 
nettes à chapiteaux, a têtes tréflces et quatreféuilles au 
sommet. Les contre-forts de la tour, à ressauts en pierre, 
se terminent, sur la façade, par des clochetons appliquât 
contre les parois de la lanterne. 

Cette partie supérieure de la tour est éclairée par un 
troisième étage de fenêtres percées sur les quatre fiiees 
principaloa, divisées comme les précédentes et surmontées 
d'un fronton h crochets, avec rosaces destinées à recevoir 
des cadrans. La corniche est ornée d'une arcaturc o^valc 
à corbeaux simples. Une balustrade à jour couronne la 
tour, avec huit gargouilles très proéminentes aux aiigles 
de la lanterne. — La flèche, également à huit pans, s'élance 
avec grâce à une hauteur de 50 mètres. 

Les tourelles des escaliers, accolées aux flancs du clocher, 
garnies de pierres aux ^angles et de colonnettes dans k 
haut, se terminent par une corniche à têtes d'ogives trilo- 
bées surmontées de petits frontons et par une courte py— 
rsimide à épis. 

Le pied du clocher se trouve contre-buté par les murs 
des latéraux et par leurs corniches inchnées en forme 



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EGLISE SAINT>JACQUES, 



189 



d'arcs-boutants et ornées d'une arcature cblique. Dans Yt 
plein des murs s'ouvrent de larges fenêtres divisées et mu- 
nies de colonnettes et de quatrefeuilles, comme celles de 
la tour. Les contre-forts sont garnis^ aux angles du troi- 
sième retrait, de colonnettes terminées par des Trontons 
trilobés, à épis, et surmontées d'un clocheton, 

A l'intérieur^ l'église présente une nef centrale^ à ciaq 
travées, avec ses deux bas-côtés, sans transept, se termi- 
nant en chapelles latérales, près du sanctuaire. Au-dessus 
des arcades latérales, un entablement de feuillages bien 
fouillés serpente avec légèreté autour de r édifice. Des 
rosaces à six feuilles servent de couronnement aux fenêtres 
géminées de la galerie formant triforium. Les voûtes repo- 
sent sur des chapiteaux variés. Les fenêtres des latéraux 
sont géminées avec une rose à six feuilles. 

Le sanctuaire présente sept fenêtres ogivales à têtes tré- 
flées surmontées de rosaces à six feuilles. Les murs sont 
décorés d'une arcature riche à compcurtiments égaux. L'autel 
est en pierre et vient des ateliers de M. Froc. Les fenêtres 
renferment des verrières de M. Lévêque, des médaiUons 
à sujets légendaires, et des grisailles : la Naissance de Notre- 
Seigneur, la Présentation au Temple, V Adoration des Hagts, la 
Fuite en Egypte, Jésus au milieu des Docteurs, Jésits et la Sa- 
maritaine, la Cène, le Crucifiement, V Apparition de Jésus à la 
bienheureuse Marguerite-Marie et la Consécration a» Sacré- 
Cœur, la Présentation de Marie, son Mariage, VAnnonciaUan, 
la Visitation, la Descente de Croix, la Mort de la sainte Vierge 
et son Assomption, l'Apparition de Lourdes. — V Intérieur de 
Naiçareih, le Trépas de saint Joseph, saint Joseph^ patron de 
la bonne mort et protecteur de l'Eglise. — Les rosaces des 
chapelles, en mosaïques, représentent le Couronnement de 
Marie et de saint Joseph, et celles des fenêtres latérales, les 



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BEAUVAIS» 



dùu^e Apôtres. — Au dessus du confessionnal : le départ et 

te retour de l' Enfant prodigue ; — la chapeDc des Fonts : le 
b^i^téme de Notre-Seigneur et celui de Ctovis. 

Pour visiter l église, s'adresser en face^ (ancien 
n*^ la), chez le dépositaire de la clef. 





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Maisons en bois du xvi* siècle 
Hue de la Manufacture 



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